Après plus de six ans passés dans la jungle colombienne aux mains des Farc, Ingrid Betancourt, 47 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, a été libérée. Les réactions de satisfaction se suivent et se ressemblent. Sarko, de son côté, n’a pas caché son plaisir, et a pris la parole moins de deux heures après l’annonce de la libération… dans un message enregistré. Décryptage.
Entouré de la famille d’Ingrid et de Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy a savouré sa joie : « Aujourd’hui, s’achève donc un calvaire ! Ingrid est en bonne santé. Mes premiers mots vont pour lui dire combien nous sommes heureux… Toute la France est heureuse de récupérer Ingrid ».
Sarko a chaleureusement remercié le président colombien, Alvaro Uribe, ainsi que « tous ceux qui ont donné un coup de main ». Une fois n’est pas coutume, le chef de l’Etat français a salué « le travail d’équipe » qui a permis cette libération. Dans sa grande générosité, Sarko a aussi offert l’hospitalité aux membres des Farc qui déposeraient les armes et qui cesseraient ce « combat moyenâgeux et absurde ». Emporté par son élan, le bon Nicolas a insisté sur un point : « la France se mobilise » quand des individus sont « injustement retenus »… ce qui lui a permis de glisser un mot pour le soldat franco-israélien, Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza depuis 2006.
La libération d’Ingrid est une sacrée bonne nouvelle qui tombe à pic pour notre si décrié président. D’autant plus qu’il a endossé pour six mois, la casquette de chef d’orchestre de l’Union européenne et que les difficultés s’accumulaient sec ces derniers jours (non irlandais au Traité de Lisbonne, annonce de la Pologne de ne plus ratifier le texte…).
Une bonne nouvelle que super Sarko devrait habilement transformer en victoire politique. Depuis son arrivée au Palais, il avait multiplié les déclarations pour favoriser la libération d’Ingrid Betancourt, une des « priorités » de son quinquennat, avait-il dit. En décembre 2007, il y était allé cash, en enregistrant un message à l’attention de l’otage : « Ingrid, nous ne vous laisserons jamais tomber. Je vous supplie d’avoir confiance. Nous y arriverons. Il faut que vous teniez parce que votre famille vous attend ».
Avant d’ajouter : « J’aurai, avec la discrétion qui s’impose, tous les contacts nécessaires pour atteindre le seul objectif qui m’intéresse : votre liberté », en faisant référence à ses échanges avec ses supers potes : les présidents colombien Alvaro Uribe, vénézuélien Hugo Chavez, et américain George Bush. Sarko s’était même dit « prêt à se rendre à la frontière » Colombie-Venezuela pour aller chercher l’otage. Non ! non ! avaient répondu les Farc.
Seul bémol pour Sarko : la France n’est pas directement responsable de la libération d’Ingrid Betancourt. C’est l’infiltration de la guérilla par l’armée colombienne qui a fonctionné. En gros, Uribe : 1 Sarko : 0. Peut-être la raison pour laquelle c’est le chef du Quai d’Orsay, Kouchner, qui prendra l’avion pour aller chercher Ingrid. Mais super Sarko pourra dormir tranquille : les remerciements adressés au président, par la famille d’Ingrid Betancourt et par son comité de soutien, se multiplient. Ouf ! L’honneur est sauf.
Revoir notre bon président s’adresser à « monsieur Marulanda », chef des Farc
Lire ou relire dans Bakchich :
Voila Uribe encensé après avoir été traité de quasi imbécile, de va-t-en-guerre pour avoir voulu aller au bout de sa logique militaire. Ecoeurant.
Voila que Sarko renouvelle sa proposition de recueillir les FARC qui voudraient se retirer du combat hors la Colombie, avec, à la clef, la promesse de pouvoir s’y réfugier sans risque. Ben pardi ! La France est habituée à ce genre de promesse. Une italienne récemment expulsée vers l’Italie qui n’attendait que ça après qu’elle ait purgée une peine de prison en France, le France qui lui promit de rester sur notre territoire, pourra rappeler, si nécessaire, que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.