Le rondouillard n°2 des Farc colombiennes, Raul Reyes, s’est fait plomber dans la nuit de vendredi à samedi, en Equateur, à proximité de la frontière avec la Colombie. Portrait de celui qui était étroitement mêlé aux négociations de libération des otages, notamment celle d’Ingrid Betancourt.
« Raul Reyes est tombé ! ». Lancé d’une voix de speaker de stade, ce jingle est passé en boucle samedi, sur les ondes de radio Caracol, la principale radio d’informations colombienne. L’annonce tonitruante de la mort du numéro 2 des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) dans la nuit de vendredi à samedi a été officialisée dans la matinée par le ministre colombien de la Défense qui peinait à contenir sa jubilation. C’est que le trophée est de taille… Luis Edgar Devia Silva, alias Raul Reyes, figure dans le top 50 des personnes les plus recherchées de la planète. Pour sa capture, le ministère de la Défense offrait une prime de 6 800 millions de pesos et le Département d’Etat américain alignait cinq millions de dollars. Parmi la litanie de griefs qu’on lui reproche : terrorisme, homicides, séquestrations, narcotrafic…Un sordide tableau de chasse pour feu le porte-parole des Farc qui a passé la moitié de ses soixante années de vie dans la jungle. Sans doute l’amour de la nature.
Droit dans ses bottes en caoutchouc, le treillis tiré à quatre épingles, une Rolex clinquante au poignet - son pêché mignon -, jamais sans son calibre, ce petit homme au visage rond orné d’une barbe grisonnante et de binocles de matheux affiche un beau parcours de guérillero. Fils d’un paysan et d’une institutrice du département du Huila, cet ancien distributeur de lait, passé par l’usine Nestlé du coin, s’est vite converti aux « ismes » de gauche. Syndicalisme, jeunesse communiste, socialisme révolutionnaire avant de se glisser dans l’uniforme des Farc à compter des années 70. Il œuvre alors avec zèle à l’ouverture d’un front international de la guérilla et ouvre des succursales des Farc à l’étranger, notamment en Europe, au Costa Rica et au Mexique. À la mort de son mentor Jacob Arevas – considéré comme responsable idéologique - en 1990, Reyes « l’héritier direct » le remplace et se charge du prosélytisme en dehors de Colombie. Il délaisse un temps son fusil M16 pour son bâton de pèlerin et arpente les routes et les cieux du monde afin de glaner des soutiens.
De retour dans l’épaisse jungle colombienne, aux côtés de beau-papa « Tirofijo » (Raul Reyes a épousé Gloria Marin, fifille aujourd’hui incarcérée au Mexique de l’indéboulonnable chef suprême des Farc, Manuel Marulanda) et des cinq autres membres du secrétariat national du mouvement, il décide et coordonne les actions d’un contingent aujourd’hui estimé à près de 15 000 soldat(e)s répartis sur une cinquantaine de fronts. L’ami colombien supervise également les finances de la guérilla et, à ce titre, a été en charge de la gestion des deniers générés par le fort rentable business des otages. Au sujet des conditions inhumaines de détention de leurs proies, il concédait sans sourciller qu’ils « ne marchent pas en faisant du tourisme écolo dans la jungle ». Résultat : des caciques de l’Eglise aux représentants des gouvernements étrangers, en passant par les journalistes du monde entier, nombreux sont ceux qui ont eu affaire à Raul Reyes. C’est son rôle central dans le processus de négociation avorté (1999-2002) avec le précédent Président Andrés Pastrana qui l’a propulsé sur le devant de la scène politique et sous les spotlights médiatiques. Il incarnait depuis la face visible des Farc.
Si l’information de la mort de Raul Reyes passe en boucle sur les médias colombiens, la presse vénézuelienne et les organes réputés proche de la guérilla font profil bas. Il a fallu attendre le dimanche 2 mars pour recevoir un communiqué de l’agence de presse pro-Farc Anncol dont le site web hébergé en Suède est curieusement hors-service depuis ce week-end. Intitulé « Uribe assassine un autre syndicaliste : Raul Reyes », l’article dénonce les « méthodes sanglantes de l’oligarchie colombienne ».
Même tonalité au Palais de Miraflores où le bouillonnant Hugo Chavez sonne le tocsin et vocifère contre la violation de la souveraineté équatorienne (Raul Reyes a été abattu en Equateur, à proximité de la frontière avec la Colombie). Le président équatorien Rafael Correa a aussi moufté, en expulsant l’ambassadeur colombien à Quito. En sus d’accuser Alvaro Uribe de « criminel, mafieux, paramilitaire », Chavez, tout chafouin, a rappelé tout son personnel en poste en Colombie, fermé son ambassade et posté des hommes à la frontière. Lors de sa folklorique émission dominicale « Alo Presidente » entre les diatribes anti-Uribe habituelles, il a tenu une minute de silence pour son « camarade » Reyes. Cela aurait pu être pire. Il aurait pu chanter « ce n’est qu’un au revoir » en espagnol…
Dans les faits, il en était l’éminence grise et le diplomate en chef. C’est d’ailleurs avec lui que les sémillants négociateurs du Quai d’Orsay palabraient d’Ingrid Betancourt et d’accord humanitaire en catimini…
Opiniâtre, obstiné et inflexible, Raul Reyes ne faisait pas dans la dentelle. Chantre de l’aile dure politique de la guérilla, proche de la branche militariste de son « camarade » Mono Jojoy, Reyes n’a jamais démordu. « Les Farc vont prolonger la lutte pour le pouvoir et l’obtiendront soit par voie militaire soit par des accords politiques. Nous sommes contraints par l’Etat colombien de faire la guerre pour nous défendre et obtenir la paix », martelait-il encore au cours de sa dernière interview accordée au magazine brésilien Terra cinq jours avant sa mort.
Avec la mort de Reyes, les Farc de « Monsieur Maralunda », selon les termes de notre vénérable Président Sarkozy, encaissent là le plus gros coup de leur existence. Au lendemain de la libération unilatérale des quatre ex-congressistes en février, l’armée colombienne plante sa flèche en plein dans la bête. C’est la première fois qu’un membre du secrétariat national des Farc est abattu. Youpi ! Un succès militaire et politique sans précédent qui couronne la politique intransigeante du gouvernement à l’égard de la guérilla, blessée mais toujours debout. Selon les spécialistes, des débats houleux pourraient avoir lieu en interne entre les militaristes et les modérés pour remplacer Reyes. Et les pronostics penchent plus du coté du second camp, misant sur Luciano Marin Arango, alias Ivan Marquez. Membre du secrétariat des Farc, au parcours similaire à celui de Reyes, il représente le courant « modéré ». Sa nomination pourrait rimer avec négociation…
Les paramilitaires dissolus…Ouais, ouais. Lipietz rappelle dans son blog en date du 6/02/2008 au chapitre "Uribe" : "que les paramilitaires, quels que soient leurs noms, sont et restent dans la liste européenne des groupes terroristes !". Et s’il apparait que Chavez finance des groupes terroristes, alors qui finance ces paramilitaires. Les Etats-unis via Uribe ? C’est pourtant pas leur genre !
Pour ce qui est de Uribe narcotraficant, même source : "Il est connu depuis longtemps que la famille du président Uribe est liée au narcotrafic, et dans les années 90 Alvaro Uribe était désigné par la direction de la lutte contre les drogues des États-Unis comme l’homme politique qui défendait les narcotrafiquants contre leur extradition vers ce pays)."
Je suis pas économiste mais, au vu des cours du pétrole ( production nationalisée ), de l’indépendance récente vis-à-vis du FMI. je doute que l’avenir financier du Vénezuela soit compromis - consulter wikipedia : économie du Venezuela - Je cherche des infos sur, entre autres, la repression des mouvements étudiants, si quelqu’un à des liens indépendants et intéressants…
"je vous propose de vous renseigner sur la place réelle qu’occupe l’oppostion (sièges au parlement, mairies …)" : Mission accomplite. Tout (où presque) est Là :
www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/venezuela_503/presentation-du-venezuela_1361/politique-interieure_4523.html
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