Il y a un an, le Honduras était secoué par un putsch. Du même coup, des milliers de paysans ont perdu les terres promises par le Président destitué. Depuis, ils luttent pour les récupérer, jusqu’à en mourir. Reportage.
Deuxième partie : Xavier Cachiro, le “mafieux humanitaire”
A trois heures de l’après-midi, Phelipe, un échalas qui ressemble à Jacques Brel, les dents toutes devant, saute dans son 4x4. Pedro suit le mouvement, et Roberto “le grec” monte dans la remorque. Direction, les terres occupées ! Comme chaque jour, il faut apporter le ravitaillement, du riz, des haricots rouges, et des vêtements, aux occupants. Sur la grand-route cabossée qui mène tout droit à la forêt vierge, il y a des palmiers de chaque côté, et devant, à perte de vue. La palme panafricaine…
Phelipe montre du doigt une clôture couverte de peinture blanche : « C’est les narcotrafiquants qui marquent leur territoire, ils montrent ainsi leur degré d’impunité. Quant à cette route creusée de trous, elle est un passage clef pour faire passer la cocaïne d’Amérique du Sud au Mexique, la drogue transitant ensuite du Mexique vers les Etats-Unis, par voie maritime », ajoute-t-il.
Dans la seconde moitié des années 1980, pour financer la contra nicaraguayenne (les opposants aux sandinistes), la CIA a installé des filières de transport de drogue à travers toute l’Amérique Centrale. Depuis, au Honduras, les narcotrafiquants ont infiltré le business et la politique, ils sont devenus une force majeure du pays, tout autant que populaire. Il leur arrive de proposer une aide financière ou alimentaire aux populations les plus pauvres. Ce qui fait dire à Carlos, un travailleur social, qu’ici, « les narcotrafiquants sont des humanitaires ».
Dans la Vallée de l’Aguan, 14 cartels de la drogue s’entre-tuent régulièrement. Mais à proximité de Tocoa, un cartel a évincé tous les autres. Il est dirigé par Xavier Rivera (surnommé “Xavier Cachiro”), un richissime trafiquant qui, à lui tout seul, fait travailler un petit millier de personnes. Il bénéficie d’une grande notoriété dans la région, entre le mythe et les histoires vraies, Xavier Cachiro alimente les discussions. « Xavier a 20 gardes du corps et 5 voitures blindées ! » « Il a aussi un yatch et un avion ».
Il existe même des corridos, ces chants traditionnels mexicains romancés, dont le texte s’inspire de faits d’actualité, consacrés à Xavier Cachiro. Démonstration en “live”, dans le 4x4 qui file vers les territoires occupés, Pedro et Phelipe se mettent à chanter en choeur :
« Quelqu’un demande de la poussière [poudre]
Je vais en trouver sans tarder
Je vis dans la montagne
(…)
Je connais bien le business depuis que je suis tout petit… »
Et ils explosent de rire. Mais depuis le coup d’Etat, les narco-trafiquants de la Vallée de l’Aguan cherchent, comme les paysans, à récupérer des hectares de terrains. C’est une autre guerre, celle des paysans contre les narcotrafiquants.
La sombre histoire continue, le Sénat (conservateur) chilien a demandé au Président Piñera de reconnaître la légitimité du gouvernement de Porfirio Lobo. http://agenciapulsar.org/nota.php ?id=17599
Pour le moment seuls 4 pays d’Amérique Latine ont reconnu la présidence de Lobo : Colombie et Costa Rica, Panama, et Pérou.