5 800 véhicules circuleront chaque jour sur l’A88 : un désert ! Mais un désert qui montre l’exemple à ceux "qui ont cru que le Grenelle rimait avec la fin des autoroutes".
Grande avancée du Grenelle de l’environnement : les autoroutes – 11000 kilomètres en France – sont devenues… écolos ! Grâce à Borloo, on a même des « autoroutes qui améliorent l’environnement ». Lors de l’inauguration, à la fin août, de la nouvelle A88 – 45 petits kilomètres au sud de Caen –, son concessionnaire, la société Alicorne (des groupes de BTP alternatifs au trio Bouygues-Vinci-Eiffage alliés à la Caisse des dépôts) a mis en avant ce concept hardi. « En construisant l’A88, on a fait disparaître une décharge sauvage qui se trouvait sur le passage », ont argué ses dirigeants. Plus de décharge, mais, à la place, un ruban de bitume qui éventre le bocage normand. C’est ça, l’progrès !
Au vrai, les vaches ne risquent pas de voir passer grand monde : l’A88 promet d’être un désert. Selon les prévisions, pas plus de 5 800 voitures et camions l’emprunteront chaque jour en 2011 (moins de trois fois la moyenne nationale), et à peine 10 000 en 2020. Raisons de ce bide annoncé : le département de l’Orne est des plus dépeuplés, et les tarifs pratiqués ont de quoi repousser des Normands réputés radins. Treize euros l’aller-retour entre Falaise et Sées ! « Ce n’est pas nous qui avons fixé ces prix », s’est courageusement défendu Dominique Bussereau, le sous-ministre des Transports. « Nos tarifs, certes élevés, ont reçu l’aval du gouvernement », a répliqué l’exploitant de l’A88, qui compte sur le seul péage pour rembourser, sur cinquante-cinq ans, un investissement de 270 millions d’euros.
Car une autoroute écolo, ça coûte cher. Bassins de rétention, pilotis pour enjamber des marais, passages pour la faune… les aménagements dits « verts » (et variés), consentis pour donner bonne conscience à tout le monde, ont alourdi la facture de 32 millions d’euros et ont pesé sur le prix du péage. Mais pourquoi avoir construit une autoroute coûteuse, peu fréquentée, en gros si peu justifiée ? Parce que les élus du coin la voulaient depuis vingt ans et que l’État n’a pas les moyens de payer un contournement de la route qui traverse Falaise et Sées. « C’est ce genre d’autoroute d’aménagement du territoire qu’on construira à l’avenir, clame Bussereau. Certains ont cru que le Grenelle rimait avec la fin des autoroutes, mais il faut combler les vides du réseau. Faisons en sorte qu’elles soient un plus pour l’environnement. » Dont acte. Aux 287 kilomètres programmés dans l’immédiat, le gouvernement a ajouté, au début de l’été, 879 autres à long terme. Faut bien donner à manger aux pelleteuses et aux bulldozers du BTP !
Le Grenelle date de fin 2007. De quand date la décision de construire cet autoroute et de quand date le début des travaux ? Ce serait utile de connaître ces infos pour évaluer la pertinence de la critique.
Par ailleurs, le projet d’A51 entre Grenoble et Gap est abandonné conformément aux principes du Grenelle …