Le coût du tri des emballages reste très subjectif, selon qu’on est l’industriel qui le finance ou la collectivité qui le réalise. État et industriels ne s’entendent pas sur les coûts. Et le citoyen trinque.
Ces derniers soirs, des reportages sur le tri des déchets squattent les journaux télévisés de 20 heures. On y voit intervenir le directeur d’Éco- Emballages, qui explique les progrès à venir du tri et l’accent est mis sur la nécessité pour les particuliers d’être plus disciplinés… Rien de bien passionnant, sauf pour les acteurs du secteur (entreprises et collectivités) qui financent Éco-Emballages.
En effet, les industries de l’agroalimentaire sont actuellement sollicitées pour verser davantage au pot de la collecte et du tri de leurs emballages. L’Éco-Organisme, qui redistribue cette contribution aux collectivités, doit voir son agrément renouvelé d’ici à la fin de l’année par les pouvoirs publics. C’est à cette occasion que le montant à verser par les entreprises doit être revu.
Or les négociations sont très tendues. D’un bord, les élus des communautés d’agglomération, qui mettent en place le tri et le recyclage. De l’autre, les industriels, qui sont censés les financer. Le problème est que les deux parties n’ont pas du tout la même évaluation de l’enveloppe nécessaire. Les industriels proposent 480 millions d’euros, alors que les élus estiment à 780 millions le montant nécessaire pour atteindre l’objectif ambitieux du Grenelle de l’environnement de 75% d’emballages recyclés en 2012, contre 63 % actuellement.
Du coup, quand les pouvoirs publics ont proposé une contribution des industriels à hauteur de 640 millions d’euros en 2012, les élus ont claqué la porte de la commission, le 14 septembre, empêchant le vote du réagrément d’Éco-Emballages pour les six ans à venir.
« Éco- Emballages est un bon système, il ne faut pas le casser. Nous demandons simplement l’application du Grenelle ! » vitupère Gilles Vincent, président d’Amorce (Association des collectivités locales et des professionnels pour une bonne gestion locale des déchets – ouf !) et élu (UMP) du conseil général du Var.
En effet, la loi du Grenelle I prévoit que « 80 % des coûts nets d’un service de collecte et de tri optimisé » soient couverts par les industriels au plus tard à la fin 2012 (contre 50 % auparavant). Étrangement, malgré ces objectifs à la hausse, les emballeurs revoient leur soutien à la baisse, de 540 millions d’euros l’an dernier à 480 millions…
Et si l’argent venait à manquer pour financer le système de tri des déchets, on le trouvera chez le citoyen. Certains élus estiment en effet qu’avec cette nouvelle répartition les particuliers pourraient payer jusqu’à plus de deux fois le coût du recyclage de leurs emballages, par rapport à aujourd’hui : entre l’achat en magasin d’un produit, sur lequel les entreprises répercutent leurs versements à Éco-Emballages, et la taxe d’ordure ménagère imposée par les communes pour couvrir le traitement des poubelles…
Le 29 septembre, la commission consultative d’agrément devait à nouveau se tenir, mais les représentants des collectivités ont encore joué la politique de la chaise vide. Empêchant de fixer le nouveau cahier des charges d’Éco-Emballages, sur la base duquel le ministère de l’Écologie doit donner son agrément d’ici à décembre.
Vous connaissez, vous, des tris qui ne soient pas sélectifs ? Par définition, faire un tri, c’est faire une sélection. Donc cette expression "tri sélectif" issue de notre joyeux "politiquement correct" est un affreux pléonasme.
En revanche, la collecte, elle, pourrait bien être sélective.