Notre ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’apitoie dans « le Monde » de lundi sur le sort du pauvre peuple birman. Mais pas un mot sur le rôle du groupe Total, premier partenaire financier de la junte.
Les ronds dans l’eau du Mistral, avec sa cargaison de secours pour 100.000 personnes au large du delta de l’Irrawady, sont la pathétique illustration de l’impuissance française à venir en aide aux survivants du cyclone Nargis.
Bernard Kouchner en appelle, lundi 19 mai, dans les colonnes du Monde daté de ce mardi, 17 jours après la catastrophe, à la morale de l’extrême urgence, après avoir essuyé un cinglant échec au Conseil de Sécurité de l’ONU, où la Chine et la Russie, parmi d’autres, se sont opposées à toute ingérence humanitaire en Birmanie. Mais, jamais M. Kouchner n’a brandi la seule arme crédible aux yeux de la junte, les robinets du gazoduc construits et opérés par le pétrolier français Total, étant la principale source de devises du régime illégitime birman.
La France et son actuel ministre des Affaires étrangères jouissaient encore récemment d’une position privilégiée en Birmanie. Le président Chirac fut le seul chef d’état occidental, en contradiction avec les directives européennes, à encourager l’ASEAN à accueillir en son sein la junte birmane. Il y a dix ans, l’ambassadeur français à Rangoon, Bernard Pottier, donnait de multiples interviews, au Figaro et à RFI notamment, pour inciter les industriels français à investir dans ce paradis en devenir qu’était, selon lui, la Birmanie, déjà dirigée par le général Than Shwe. En Octobre 2007, M. Kouchner a accepté, comme ses collègues européens, de parler d’un renforcement des sanctions pour protester contre la répression des moines birmans, mais en prenant grand soin d’en exclure les hydrocarbures, pourtant la seule sanction efficace.
Force est de constater que, dans le différend opposant la junte à la France, la cohérence n’est pas du côté de Paris. Than Shwe, lui, n’ a jamais varié. Il ne s’est jamais soucié de la survie de ses compatriotes, a maintenu sans détour le cap : perpétuer son pouvoir absolu. Total et la France ont fait mine de croire que mélanger bonnes affaires et droits de l’homme n’avait que des avantages. Les centaines de milliers de morts du delta de l’Irrawady prouvent tragiquement le contraire.
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Kouchner, hypocrite de la pire espèce, a commis un rapport sur Total l’exonorant des accusations portées par la population locale sur l’esclavagisme auquel cette multinationale la soumettait avec la complicité des autorités Birmanes.
Kouchner perçut à cette occasion 25000§ : le salaire de la honte.
Quand comprendra-t-on que cet homme n’est pas un humanitaire mais un triste individu qui instrumentalise la misère du Monde à des fins personnelles et peu honorables.
Alors que, nous-mêmes, plus ou moins directement et consciemment, nous sommes les auteurs et les acteurs principaux d’une fratricide, dévastatrice et génocidaire guerre économique mondiale comment ne pas s’interroger quand l’un de nos semblables affirme solennellement que « le régime birman est un crime permanent contre l’humanité ». Autrement dit, tel l’enfant vaniteux refusant catégoriquement de voir ses propres travers nous décrivons avec force et détails les travers de tel ou tel autre.
En d’autres termes, de l’étude approfondie des dommages causés par la guerre économique mondiale et de l’étude approfondie des dommages causés par les quelques dictatures dispersées sur la surface du globe il ressort nettement que la première est infiniment plus meurtrière et dévastatrice que les secondes et, partant, que nous avons infiniment plus à redouter de la première que des secondes. Dès lors, il ne s’agit ni de justifier l’immonde ni de travestir l’horreur mais au contraire de cesser de se voiler la face quant à notre propre monstrueuse monstruosité et de courageusement s’y attaquer.
Bref ! Et cette mille et unième funeste situation et ce mille unième pointage du doigt puéril et a-productif en témoignent, ce n’est plus une poignée d’indices mais un flot ininterrompu de faits bien concrets et rouge sang qui, jour après jour, trahit le démentiel infantilisme de l’humain.