Les grandes puissances viennent enfin au secours de la Birmanie. sarko Ier veut même demander à total de quitter le pays… enfin… non, finalement, non
La juste cause des démocrates birmans sauvagement réprimés par une junte barbare vient de trouver un nouveau champion : l’hyperprésident Sarkozy. Recevant ce mercredi à l’Élysée le dr Sein Win, premier ministre du gouvernement birman en exil, escorté par Jane Birkin. Sarkozy a annoncé que la France veut obtenir des sanctions effectives contre la junte lors de la séance prévue jeudi du conseil de sécurité de l’ONU. Pour donner l’exemple, il s’est, dans un premier temps, prononcé pour un retrait pur et simple de Total de Birmanie. Seule une intervention de Jean-David Lévitte, le chef de la cellule diplomatique élyséenne a sauvé in extremis la mise du pétrolier. L’ancien ambassadeur à Washington a prétendu qu’un éventuel départ de Total nuirait à la population…
Peu habitué à se voir dicter sa conduite par le chef de l’État, qui vient de lui ordonner de geler ses investissements en Birmanie, après avoir envisagé d’exiger son retrait, le pétrolier tente de minimiser ses responsabilités dans le drame birman. Les communiquants de TOTAL tentent de nier l’évidence, en affirmant – ce qui est faux – qu’ils n’ont plus investi dans le pays depuis l’achèvement en 1998 du tronçon birman du gazoduc Yadana. Certes, les montants en jeu ne sont pas du même ordre de grandeur que la mise en exploitation du premier gisement off shore , il ne s’agit plus du milliard de $, mais de centaines de millions engagés dans l’acquisition en solo et en partenariat, de nouveaux permis de prospection dans les eaux birmanes. Quoiqu’en dise Christophe de Margerie, Total est toujours le premier investisseur dans le paradis des généraux. Quant aux normes éthiques ayant, selon le pétrolier, accompagné son chantier birman, il suffit de se souvenir qu’en 2006, pour mettre un terme à une instruction judiciaire ouverte au tribunal de Nanterre pour crime de séquestration (la qualification juridique du travail forcé), TOTAL a préféré indemniser les plaignants birmans (une fraction infime des bénéfices – non publiés- que le pétrolier partage avec les généraux)… Pour ce qui est des coûts d’exploitation en Birmanie, reconnus, mais non chiffrés par le pétrolier, incluent-ils le fameux rapport Kouchner ?
Alors que la répression s’accentue à Rangoon et en province, la réunion du conseil de sécurité de l’ONU à New York n’a pas abouti à ce qu’en attendaient le président Sarkozy et son ministre Kouchner. Avant même sa tenue, la Russie a fait savoir qu’il était hors de question d’imposer des sanctions à la Birmanie. Il n’y aura même pas de recours au veto et la Chine n’aura pas à soutenir publiquement ses protégés birmans. Au regard de la légalité internationale, rien n’interdit à Pékin de poursuivre, voire d’intensifier ses livraisons de matériel militaire. Ni les États Unis, ni l’Europe n’étant disposés, en brandissant le boycott des J.O de 2008, à mettre la Chine en demeure de ramener à la raison leurs vassaux birmans. Comme l’aurait dit mardi au cours d’un conclave dans sa nouvelle capitale le général en chef Tan Shwe, « il suffira de tuer 10.000 manifestants pour avoir 20 ans de tranquilité »
Un consensus s’est dégagé pour décider du gel immédiat des investissements français dans le pays, sanction ayant vocation à recevoir au plus vite une onction européenne. Le président a également décidé de l’envoi sans délai sur place d’une mission européenne avec Rama Yade représentant la France. Reste à savoir si les généraux sont disposés à les accueillir. Seule ombre à ce plan mirifique pour amener la junte à résipiscence, quid du parrain chinois ? Il est hors de question de faire, ne serait-ce qu’une timide allusion aux jeux olympiques de l’année prochaine. Toutefois Sarkozy s’est engagé à faire part aux dirigeants chinois, lors de son voyage prévu en novembre à Pékin, de la profonde inquiétude de la France . Ce même mercredi, Gordon Brown, premier ministre de sa gracieuse majesté, a, devant les militants de son parti travailliste, lui aussi réclamé la réunion immédiate du conseil de sécurité de l’ONU sur la crise birmane, en annonçant qu’il n’y aurait « pas d’impunité pour ceux qui violent les droits de l’homme ». La Birmanie est coutumière des surenchères franco-britanniques : à la fin du XIXeme siècle, cela avait abouti à une intervention militaire contre un régime discrédité, et l’annexion du pays à la british India. Au XXIeme siècle, il n’est question que de retrait… Pas sûr que ça impressionne les généraux birmans.