Du jamais vu chez un dirigeant français : entre les intérêts économiques d’une multinationale française et les droits de l’Homme, il a choisi (l’espace d’un instant) les droits de l’Homme !
Mea culpa ! On le croyait toujours, Nicolas Sarkozy, du côté des géants. Lui-même ne s’en cache pas : il aime et il admire les milliardaires. La réussite de Bolloré, Lagardère ou Arnault, il l’inscrit au sommet des vertus nationales. Jamais il n’a manqué l’éloge de l’investissement français à l’étranger. Gloire aux mines en Afrique et aux forages birmans. En lui, on pouvait voir un monstre de realpolitik ; capable de supporter, sans états d’âme, que la firme Total, qui exploite en Birmanie un gisement de gaz, verse des millions de dollars à une junte militaire qui s’en sert pour durer. C’était mal le connaître !
On peut vous révéler que le 26 septembre dernier, date historique, Sarkozy a renoncé aux contraintes du pouvoir pour laisser éclater son bon fond. D’un élan spontané, il s’est rangé entièrement du côté des droits de l’Homme. Au risque de sacrifier un puissant intérêt économique français.
La scène se déroule la semaine où en Birmanie, les soldats tirent sur les manifestants et emprisonnent les bonzes. À l’Elysée, Sarkozy accepte de recevoir en audience un opposant birman. Un signal fort pour les droits de l’Homme. Mais un coup de pelle pour le business français. Car l’opposant, premier ministre du gouvernement birman en exil, voudrait chasser Total de Birmanie où ses gazo-dollars maintiennent sous perfusion la dictature. Le PDG de Total, Christophe de Margerie, en a été paraît-il fou de rage. S’est-il calmé depuis ? On n’en sait rien. Mais il pourrait s’énerver encore plus en apprenant que Sarkozy, dans le secret de cette réunion, a massacré les intérêts de Total. C’est ce que nous révèlent trois témoins aujourd’hui : le bon fond démocratique de Sarko a été jusqu’à proposer l’impensable. Un retrait pur et simple de Total de Birmanie…
En face du président étaient assis l’opposant birman et ses accompagnateurs français : deux coordinateurs d’une ONG favorable au retour de la démocratie à Rangoon, et l’actrice Jane Birkin qui soutient leur combat. A un moment, l’actrice interpelle Sarkozy. Elle lui balance que la présence de Total en Birmanie est un scandale. A quoi Sarko répond, bon fond, un peu comme un enfant qui veut prouver sa gentillesse, un peu aussi comme un sale gosse qui qui en rajoute pour piquer le dernier mot : « très bien ! Alors je vais demander que Total se retire de Birmanie ! ».
Heureusement pour Total, un adulte était là. Le conseiller diplomatique de Sarko a immédiatement mouché son président, et expliqué qu’un retrait de Total serait la pire des choses pour la population birmane. Les Chinois, voyez-vous, feraient pire… Sarkozy a donc dû ravaler son bon fond. Devant la presse, il n’a pas demandé le retrait de Total de Birmanie. Il lui a seulement conseillé d’y freiner ses dépenses.
Cliquez, et vous découvrirez comment en cinq secondes, la realpolitik a repris le dessus sur la bonze attitude de Sarko.
Démocratie bien ordonnée : Birmanie, Sarkozy, et Total…
[…] On ignorait cette cachoterie : selon son directeur général Christophe de Margerie, Total serait en Birmanie "le dernier rempart de la démocratie" poussant "la junte à s’améliorer" Il ne pouvait dire moins que Kouchner, expliquant il y a 15 jours que le départ du pétrolier francais nuirait aux populations locales. Voyez : Total leur a consacré 14 millions d’€ en 10 ans, contre 500 millions d’€ par an à ladictature pour l’exploitation pétrolière. L’état francais palpe gros aussi : le faramineux bénéfices de Total devrait frôler son niveau de 2006 - 12,6 milliards d’€ record absolu en france…. (Echos de la semaine de politis aussi)
Drôle de recouper cette info avec celle-ci : les coulisses de cette prise de décision publique et scène théatrâle magistralement orchestrée, à laquelle il fallait assister fin septembre dans les bureaux de l’élysée à une audience entre Mr Sarkozy et …
[…] un opposant birman. Un signal fort pour les droits de l’Homme. Mais un coup de pelle pour le business français. Car l’opposant, premier ministre du gouvernement birman en exil, voudrait chasser Total de Birmanie … - La suite avec la vidéo qui nous montre la chose ici : http://www.bakchich.info/article1951.html