Il y a toujours à apprendre chez les confrères. Grâce à la Une du Monde daté du jeudi 29 mai, Nicolas Sarkozy montre la nature de sa politique, jusque-là vaguement brouillée par un maquillage kouchnéro-bessono-socialiste. Qu’on en juge ! Rituellement divisée en cinq colonnes verticales, cette Une se présente ainsi : sur une colonne, « Les 35 heures vont être vidées de leur substance » ; sur trois colonnes, « L’audiovisuel public craint d’être démantelé » ; sur une colonne, « Des députés s’attaquent au prix unique du livre ». Ce n’est plus de la titraille, comme on dit dans le métier, c’est un programme de gouvernement, clairement à droite, enfin. Ce n’est pas vraiment une découverte, mais c’est toujours plus simple quand les masques tombent.
Au chapitre de l’audiovisuel public, Jean-François Copé, autre Maître Jacques chez les gouvernants, y va franco et réclame une deuxième coupure publicitaire pour les films diffusés sur les chaînes privées. « Il n’est pas question, explique-t-il, que les télévisions privées soient appauvries si on n’augmente pas les espaces publicitaires pour accueillir la publicité supprimée » sur les chaînes publiques.
Trop mignonne, l’explication ! Et si délicieusement malhonnête ! Il faut surtout permettre aux télévisions privées de disposer d’un espace supplémentaire pour abriter cette manne dont vont être frustrées leurs homologues publiques. Il ne faut pas rater pareille aubaine. La Bourse ne s’y est pas trompée puisque, juste après l’annonce, le 8 janvier, par Nicolas Sarkozy que le secteur public ne comporterait plus de publicité, les titres TF1 et M6 se sont « appréciés » respectivement de 8,38 et 6,86 %.
Il faut aussi permettre aux publicitaires de continuer à placer leur camelote. Or, sans ce que suggère (fortement) Jean-François Copé et qu’approuve implicitement Christine Albanel dans une interview aux Échos du 3 juin, l’espace commercial de ces « fils de pub » va se trouver nécessairement rétréci. Qu’importe, par exemple, si les lecteurs du Figaro, a priori favorables à la majorité en place, ne veulent pas en entendre parler. Le samedi 31 mai à 14 heures 13, le site lefigaro.fr montrait que, sur 10 736 votants, 91,54 % d’entre eux étaient hostiles à la deuxième coupure. C’est plus qu’une indication.
Mais ce démantèlement de l’audiovisuel public que redoute le Monde - et quelques autres - n’est pas qu’une affaire de gros sous. Il s’agit aussi de mieux tenir en laisse des moyens d’information qui, paradoxalement, font parfois montre de plus d’irrévérence que le secteur privé. Désormais, l’État, c’est-à-dire le gouvernement, tiendrait presque seul les cordons de la bourse. Il faut un dessin ?
Les deux autres sujets de la Une du Monde ne sont pas moins significatifs. Depuis la parution de ce numéro, il est devenu flagrant au fil des déclarations (François Fillon, Xavier Bertrand, sans oublier Patrick Devedjian) que les 35 heures (quoi qu’on en pense) ne seront bientôt plus qu’une illusion.
Pas moins transparente dans la volonté de s’en remettre au seul « marché », la proposition de mettre fin au prix unique du livre. Cette mesure, prohibant les gros rabais des grandes surfaces, a, depuis près de trente ans, sauvé nombre de librairies (qu’on ne confondra pas avec les marchands de livres) ; d’éditeurs et d’auteurs par voie de conséquence. Faut-il rappeler que cette loi du 10 août 1981, dite « Loi Lang », a été en son temps votée à l’unanimité par le Parlement… ? Alors ? Du passé, faisons table rase ?
Le modèle social français a atteint ses limites… La part des pauvres dans les transferts sociaux est inférieure à leur part dans la population ! Car les dirigeants politiques, qui décident ces transferts, et les fonctionnaires, qui les appliquent, ont tout intérêt à ne pas les réserver aux pauvres. Ces privilégiés en sont, au premier chef, les bénéficiaires…
http://www.impots-utiles.com/le-modele-antisocial-francais.php
Si cette collusion économico-politique n’est pas vraiment nouvelle, on peut en tout cas voir qu’elle s’accentue.
On sait que le bayonnement des médias à toujours eu pour objectifs de formater les esprits afin de parer à toutes formes de sédition.
Il faut ajouter à cette manipulation médiatique, un glissement sémantique impliquant confusion et subjectivité outrancière.
Le déliquescence intellectuelle est en marche. RESISTONS.