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"GOUVERNER, C’EST PREVOIR"

jeudi 9 octobre 2008
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L’homme est oublié et sa pertinente maxime aussi, mais s’il est un moment où la citer s’impose, c’est maintenant. « Gouverner, c’est prévoir » écrivait Emile de Girardin (1806-1881)

Gouverner se distingue d’administrer. C’est peut-être là que se différencie, en France, la fonction de Président de la République de celle de Premier ministre. Administrer, c’est organiser le présent ; gouverner, c’est scruter le futur. Gouverner, c’est imaginer l’avenir, pour l’orienter ou s’en prémunir ; c’est réfléchir au-delà de la durée du mandat dont l’Élu est investi par ses concitoyens, pour le bien du plus grand nombre.

De Nicolas Sarkozy à Angela Merkel, de Silvio Berlusconi à Gordon Brown, aucun qui puisse prétendre qu’il avait flairé une détestable surprise, subodoré les prémices d’un infarctus financier. Nulle excuse ne peut atténuer ce que, dans d’autres fonctions, on appellerait une faute professionnelle, si lourde qu’elle justifierait un licenciement sans préavis, sans indemnités, sans parachute doré.

Car les gouvernants du XXIème siècle, depuis longtemps, ont à leur disposition nombre de ces « machines à prévoir » dont étaient dépourvus leurs homologues de 1929, référence instinctive. Quitte, il est vrai, à se contredire les uns les autres, il y a pléthore de ces instituts, publics ou privés, chargés de déceler l’hypothétique, de ces sociétés qui se piquent de noter les entreprises en fonction de leurs résultats présents mais aussi attendus. Le gouvernement français comprend même un secrétaire d’État chargé de la Prospective en la personne de M. Eric Besson. Prospective : « Ensemble de recherches concernant l’évolution future […] sur le plan social, économique… », affirme un dictionnaire réputé. Il doit se tromper.

Il n’est pas de mælstrom financier qui n’entraîne, à plus ou moins long terme, des conséquences politiques. Sans devoir craindre, du moins en Occident, l’apparition d’un avatar de Hitler nommé chancelier du Reich le 30 janvier 1933, la crise de 1929 ayant débuté le jeudi 24 octobre, on notera combien l’Europe (celle de l’Union des 27), loin de présenter un front uni, affiche sa dislocation.

Pour le motif un peu court qu’ils sont les seuls européens membres du G8 rassemblant les huit pays les plus riches, Nicolas Sarkozy n’a convié, samedi 4 octobre à l’Élysée, que l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie. Le motif n’a pas amoindri l’affront subi par ceux qui n’étaient pas conviés à ce raout. La déclaration prétendument commune qui en est sortie ne pouvait masquer le désaccord d’Angela Merkel avec les propositions de Nicolas Sarkozy. La Grande-Bretagne n’a d’européenne que l’étiquette et l’Italie est entre les mains d’un amnistié.

De plus, cette déclaration ne prenait guère en compte, diplomatie oblige, le mot insolent et plus que jamais d’actualité que lança John Connally, secrétaire d’État au Trésor sous la présidence de Richard Nixon (1969-1974) : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème. » C’était à l’époque de la première dévaluation du dollar, de 7, 9% en décembre 1971.

La valeur de l’euro a beau caracoler devant celle du dollar américain, c’est encore ce dernier qui fait la loi pour l’économie mondiale. On sait que l’Europe est un nain politique. Elle ne vaut pas mieux sur le terrain économique.


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6 MESSAGES

Forum

  • "GOUVERNER, C’EST PREVOIR"
    le jeudi 9 octobre 2008 à 12:07

    Désolé, mais cette maxime, il aurait fallu la sortir il y a un an…

    HORS-SUJET : Par ailleurs, j’ai l’adresse email (du précédent commentateur j’imagine) qui a apparu dans le formulaire ; déjà que la semaine dernière, le prénom du commentateur précédant le mien était apparu dans mon commentaire, peut-être faudrait-il que vous vérifiiez le code de votre site, amis de bakchich.

    • "GOUVERNER, C’EST PREVOIR"
      le vendredi 10 octobre 2008 à 13:12, xéno a dit :

      Désolé, mais cette maxime est toujours valable. Si les discours de Bush de Sarkozy et de tous les dirigeants d’inspiration néo-libérale ne font qu’entrainer méfiances et panique c’est parce qu’ils ont érigé le mensonge en principe de gouvernance (Leo Strauss).

      Ainsi revenir en arrière permet d’apprécier en connaissance de cause les propos du candidat Sarkozy en particulier dans son explication concernant l’avenir radieux que nous ouvraient les prêts hypothécaires, et de déguster l’ironie dans ses propos :

      « On ne rétablira pas la confiance en mentant, on rétablira la confiance en disant la vérité. La vérité, les Français la veulent, et je suis persuadé qu’ils sont prêts à l’entendre. S’ils ont le sentiment à l’inverse qu’on leur cache des choses, alors le doute grandira. (…)

      Plus qu’un guide, un visionnaire !

  • "GOUVERNER, C’EST PREVOIR"
    le jeudi 9 octobre 2008 à 10:31, Phil2922 a dit :
    N’importe comment les "décideurs" ne pouvaient pas prévoir car ils pratiquent une politique du court terme en laissant les spéculateurs créer des bulles qui éclatent aujourd’hui. Maintenant, affolés, ils balancent des milliards pour tenter de sauver les banquiers, leurs amis… !
  • "GOUVERNER, C’EST PREVOIR"
    le jeudi 9 octobre 2008 à 09:20, Gotch a dit :

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php ?art=331

    J’ai trouvé cet intéressant billet pour répondre à votre coup de gueule salutaire ! Un extrait…

    "Cela prouve aussi que les winners du capitalisme sont des incompétents.

    Cette crise dite des "subprimes" est survenue parce que les banquiers ont cru que le prix de l’immobilier allait augmenter sans cesse. Mais comme dans le même temps, les salaires n’augmentaient pas, il y a eu un moment où l’immobilier ne trouvait plus preneur. Et la loi du marché, de l’offre et de la demande, a joué. Ne trouvant plus preneur, l’immobilier a chuté, les hypothèques des banquiers se sont mises à valoir moins que les sommes prêtées. Et ils se sont mis à perdre du fric.

    Donc les grands capitaines d’industrie, les winners du capitalisme de renommée mondiale, qui prônaient la non augmentation des salaires, n’ont pas été capables de voir qu’ils condamnaient ainsi le système qu’ils étaient en train de bâtir. Ils n’ont pas vu que le système ne peut fonctionner que si la richesse est équitablement répartie. La rapacité des nantis aura eu raison de leur système : ils ont tué la poule aux oeufs d’or. Ce sont donc des rigolos, des gens qui scient la branche sur laquelle ils sont assis. On ne peut pas permettre à ces gens de diriger l’économie mondiale et la vie de 6 milliards d’êtres humains. Ils sont sans scrupule, ça on le savait, mais en plus ils sont incompétents et imbéciles."

  • "GOUVERNER, C’EST PREVOIR"
    le jeudi 9 octobre 2008 à 08:27, xéno a dit :

    Si seulement le travail d’administration était fait… mais à force de bramer des poncifs du genre "trop d’état tue l’état", ou "l’état de fait pas partie du problème, mais l’état est le problème", on n’a plus qu’à se contenter d’appliquer des formules de pseudo-doctrines éculer et faire de la "comm. coco".

    Les OUI au projet de constitution européenne aux affaires ou en espérance de gouvernement, ont découvert qu’il y avait une démocratie réelle, aujourd’hui il découvrent qu’il y a aussi une économie réelle.

    Pourvu que ça les incite à dire OUI, à la constitution d’une Europe réelle.

  • PREVOIR
    le jeudi 9 octobre 2008 à 01:37

    Comment Sarkozy aurait-il pu mieux préparer sa réunion de Samedi pour utiliser intelligemment le temps mort de cotation du WE et mieux prévenir le black monday qui s’annonçait vendredi (on sentait déjà que le plan Paulson n’avait pas porté)… alors qu’il était en train d’écrire une jolie lettre (dictée par son ami okayyy, propriétaire soucieux en Corse ?!) pour Barrosso, digne d’un roitelet à talonettes perdu en démocratie ! Tout ça pour défendre des intérêts très limités (ayants droits pro HADOPI) en comparaison d’une industrie qui ne veut pas évoluer ? Incroyable !

    Pour un président qui prévoit juste et devance efficacement les problèmes, il va falloir hélas attendre un peu… si on n’a pas hélas encore le choix entre 2 incompétants à la prochaine présidentielle.

    Histoire de rigoler un peu… qui lui rappelle ses promesses de transplanter les crédits hypothécaires en france ?

    Pour rigoler un peu moins… on voit déjà l’effet de sa politique des heures sup qui multiplie les effets de la baisse d’activité économique sur le chomage. Et encore la sape des 35h00 pour les forfaits jours n’a-t’elle pas encore produit ses effets.

    Hier on lisait que les fous on pris le controle de l’asile à la bourse… et à l’élysée ?

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