Élu, il l’est. Mais pour plus tard. Soumis à une règle dépassée, Barack Obama n’entre en fonction(s ?) que 77 jours après le scrutin. Dangereux ?
Le temps de l’engouement a pris fin. Barack Obama va maintenant être jugé, non pas sur un profil sans précédent (il n’est pas blanc, son épouse non plus) et ses talents supposés, mais sur ses actes.
Pourtant, agir, dans un premier temps, il ne le peut pas. Élu le 4 novembre 2008, il ne sera investi Président des États-Unis d’Amérique en prêtant serment sur la Bible que le 20 janvier 2009, soit soixante-dix-sept jours plus tard. Durant ce temps, quoi qu’il arrive, quelque grosse sottise que commettrait George Bush, quelque supplément de catastrophe qui surviendrait, Barack Obama n’a pas plus de pouvoirs réels que son épicier de Chicago.
Par les temps qui courent, ce délai a de quoi inquiéter. L’homme encore en place à la Maison-Blanche, qui a contribué, activement et passivement, à une catastrophe financière et économique, donc sociale, donc humaine, peut difficilement être celui qui aidera à en sortir les nations qui s’y sont engluées, à commencer par la sienne. L’Histoire dit le pourquoi d’un aussi long délai, sans le justifier pour aujourd’hui.
A l’époque des premiers présidents américains, le seul moyen de communication terrestre, c’est le cheval, dont la vitesse moyenne est de vingt kilomètres/heure. En 1783, année de l’indépendance et alors même que les États-Unis ne comptent que treize États fédérés, il faut beaucoup de temps pour apporter le résultat des scrutins locaux à Washington. Ensuite, le délai a d’autant moins été modifié que le futur empire s’élargissait plus vite que n’avançait le progrès. Venu le temps des communications immédiates, la sacro-sainte tradition a empêché l’aggiornamento des textes.
Plus qu’aucun de ses prédécesseurs, Barack Obama va bouillir durant ces deux mois et demi d’être à la fois tout et rien, élu et impotent.
Mais, à partir du 20 janvier 2009, les Européens jusqu’ici engoués risquent de devenir des groupies désappointées en devant consentir à cette évidence que leur idole est un Américain ; qu’il en a les réflexes ; que, s’il en a les qualités, il n’en a pas moins les défauts (pour un œil européen). On ne devrait pas tarder à le constater, pour le meilleur et pour le pire. Une fois encore, les Français et les autres vont « découvrir l’Amérique ».