Derrière la victime d’un crime ou d’un délit s’en cache une autre : l’auteur de ce crime ou de ce délit. Paradoxe ? Provocation ? Non.
La procédure pénale n’est pas ce qu’en disent les codes. Ainsi, on nous rebat les oreilles avec la présomption d’innocence, aussi périodiquement rappelée dans les textes qu’elle est peu respectée dans les faits. On lit, on entend « le meurtrier présumé », « le voleur présumé », même dans les cas où les faits ont été commis en présence de cinquante témoins. Le bon sens n’est pourtant pas contraire aux principes.
La dernière en date de l’inscription dans les lois de cette belle valeur date du 15 juin 2000. En réalité, cette inscription date de plus de deux siècles et remonte au 26 août 1789 dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, toujours en vigueur puisque « La loi ne meurt pas en France ». L’article 9 du texte énonce : « Tout homme (est) présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été (juridiquement) déclaré coupable […] ».
La réalité est tout autre. La réalité, c’est la prime à l’accusation, y compris et surtout dans la pratique des professionnels du droit et de la police.
Un triste exemple vient encore d’en être donné avec ce jeune professeur qui s’est pendu après qu’un de ses élèves eut affirmé qu’il l’avait frappé et lui avait même cassé une dent. Gardé à vue, interrogé avec la fermeté que l’on devine, déshonoré, l’homme n’y a pas résisté, de plus affaibli par un divorce douloureux. L’accusation a été la goutte de trop.
L’accusation a constamment cent mètres d’avance. Combien de fois n’entend-on pas : T’es innocent ? Prouve-le ! Au reste, l’alibi (étymologiquement : ailleurs) si souvent réclamé est par définition contraire à la présomption d’innocence. L’alibi, c’est l’obligation de prouver qu’on était ailleurs, alors qu’il revient à la police d’établir qu’on était ici.
Le chérubin prétendument brutalisé par son professeur vient maintenant de reconnaître qu’il avait menti et qu’il n’en était rien. Parce que des policiers, puis des magistrats, ont une fois de plus pratiqué la prime à l’accusation, nous voici devant deux victimes ; oui, deux.
Le professeur, évidemment, qui laisse deux orphelins de père ; mais l’accusateur pas moins. La belle entrée dans la vie que celle qui est accompagnée d’un mort. Certes, il n’est que très indirectement responsable de ce drame. Mais, « dans sa tête », comme on dit ? Cependant, les poursuites pénales pour dénonciation calomnieuse contre le lycéen de quinze ans sont dérisoires et disproportionnées. Elles ne peuvent qu’ajouter à la catastrophe.
Ce cumul de victimes se retrouve, en fait, dans tous les actes de délinquance, qu’elle soit bénigne ou criminelle.
Lorsque l’acte est commis, son auteur est (ou plutôt se croit) tout-puissant. Puis, un jour ou l’autre, on l’attrape. Dès cet instant, il n’est plus rien ; un objet qu’on ballote de policiers à magistrats, de palais de justice en maison d’arrêt, trop fréquemment placé en détention dite provisoire parce qu’il a été « jugé indispensable de l’arrêter », dit encore l’article 9 de la Déclaration de 1789.
Un « objet » souvent pas très malin, car, contrairement à ce que donnent à penser la presse et l’audiovisuel (et le cinéma), le délinquant-type, celui qui nourrit les statistiques, n’est pas Jacques Mesrine ou Antonio Ferrara.
On voyait déjà dans une publication qui ne date pas d’hier le lien manifeste entre délinquance et instruction médiocre, si ce n’est analphabétisme. On pourrait ajouter la précarité et le chômage. Quelle publication ? Le très officiel Compte général de la justice, malheureusement supprimé en 1974, et dont la première édition remonte à 1825, sous Charles X !
Il ne s’agit pas ici de faire pleurer Margot sur le « pauvre-délinquant-victime-de-la-société », mais de rappeler qu’il faut beaucoup de vertu pour ne pas céder à la délinquance lorsqu’on ne dispose que de pas grand’chose et à peine de son cerveau.
"les poursuites pénales pour dénonciation calomnieuse contre le lycéen de quinze ans sont dérisoires et disproportionnées"
Je ne trouve pas non. Il doit bien y a voir un age où la responsabilité s’apprend. La dénonciation, ça fait presque 70 ans qu’on sait que c’est mal.
la poupée Vaudou de Sarkozy est-elle toujours présumée coupable, maintenant que le Président de la république a été débouté… ?
Ah mince, l’avocat fait appel, mais celui-ci est’il suspensif et devrons nous attendre encore longtemps avant de planter des aiguilles dans la poupée COUPABLE de "bling-bling"… ?!