Sans jouer les Pythie et autres voyantes, on peut d’ores et déjà tenir pour acquis ce que sera le Nouvel EDVIGE pour la création duquel la concertation, lancée lundi 15 septembre, permettra, avant la fin de la même semaine, la publication d’un décret « toiletté ». La référence à la santé et à l’ « orientation » sexuelle en auront disparu et seront maintenus ce qui a trait aux risques de trouble à l’ordre public et le fichage de toute personne âgée de plus de treize ans. Après cette concertation pour rire (le sens du dialogue de Michèle Alliot-Marie est légendaire), on garde les mêmes et on recommence. En bon Français quoique un peu vieillot, cela s’appelle un camouflet ; dans un style plus contemporain, une paire de baffes ; à mi-chemin des deux, un affront.
Réserve faite des contestataires du Premier EDVIGE, qui n’ont plus qu’à reformuler leurs demandes devant le Conseil d’État contre le Second, les dindons de la farce sont des parlementaires. Le moins humilié est Patrick Devedjian qui s’est borné à souhaiter, sans que cela ne fasse grand bruit, que ce fichier procédât d’une loi.
Plus désolant est le cas de Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée nationale, à ce titre quatrième personnage de l’État, qui a par deux fois publiquement insisté pour que le décret soit remplacé par une loi et, donc, que le Parlement soit appelé à débattre du sujet. En vain. S’il craignait de compter pour du beurre dans l’État, l’en voici certain. Son vœu n’avait pourtant rien que de légitime s’agissant des « libertés publiques » dont l’article 34 de la Constitution dit que la loi en fixe « les garanties fondamentales ».
Car, ficher quelqu’un au motif qu’il est « susceptible de troubler l’ordre public », autrement dit et avant tout pour ce qu’il pense, est porteur d’autant de certitude que de prétendre mesurer la distance exacte de la Terre à la Lune avec un mètre de couturière. Selon les pays, selon les époques, on connaît cent et mille conceptions de l’ordre public.
En Chine, on l’a vu lors des Jeux Olympiques, solliciter une autorisation de manifester vous expédie tout droit vers la geôle la plus proche. Pour les islamistes, proposer un sujet de mémoire universitaire sur la femme et l’islam se traduit par une condamnation à mort de l’étudiant ; épisodes authentiques, s’il était besoin de le préciser.
C’est entendu, la France n’est pas la Chine et l’islam n’y dicte pas encore sa loi aux autorités laïques. Mais la question demeure : qu’est-ce que l’ordre public dans la France de 2008, sa nature, son étendue, quand on y voit Nicolas Sarkozy ressusciter les poursuites pour offense au Chef de l’Etat, abandonnées par tous les successeurs de Charles De Gaulle qui, lui, en abusa ? Bien malin qui le dirait tant la notion d’ordre public peut varier au gré des humeurs d’un policier, d’un magistrat, d’un ministre… ou du Chef de l’État ?
Demeurera aussi dans le Nouvel EDVIGE, on peut le gager, le droit de ficher toute personne âgée de plus de treize ans, au nom, rappelons-le, de ce que pourraient dire ou faire ces délinquants virtuels. La très banale grosse sottise d’un adolescent lui vaudra-t-elle d’être rangé parmi les brigands ? Néanmoins, ne cédons pas à l’angélisme. On ne peut ignorer qu’il existe des adolescents qui, sur le terrain des méfaits, peuvent en remontrer à plus d’un adulte. Mais on ne peut davantage méconnaître que ceux-là sont une petite minorité. Une fois de plus, arguant de quelques uns, on va enchaîner tout le monde.
Ce Nouvel EDVIGE est, de plus, aussi pernicieux que l’Ancien puisque le « droit d’accès » - le droit de savoir ce que les autorités écrivent sur nous – est, en France, toujours aussi difficile, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) étant devenue la velléitaire qu’on connaît. Or, il est notoire que de tels fichiers sont truffés d’erreurs de fait. Mais, puisque c’est écrit, par la plume incontestable et insoupçonnable de policiers, on devient un danger public sans même le savoir.
"En Chine, on l’a vu lors des Jeux Olympiques, solliciter une autorisation de manifester vous expédie tout droit vers la geôle la plus proche".
Ce point est en effet très interessant. Vous pouvez donner des précisions sur l’identité de la personne qui a sollicité l’autorisation, le motif de la manifestation, la date de l’interpellation, l’adresse de la geole, la durée de l’emprisonnement ? Eventuellement vous pourriez demander à "on" de témoigner en personne sur ce qu’il a vu ?
Affirmer n’importe quoi sans preuve relève de la propagande et du militantisme ; ce n’est pas du journalisme.
Je vous pari ce que vous voulez que la france va etre touche par un attentat teroriste avant la fin de mandat du nain grassouillet. Suite à ca il va nous pondre un "Patriot Act" à la francaise.
N’oublions pas qu’il s’est fait élire en ayant la Peur comme allié, la peur des banlieux, la peur des fins de mois….