L’impératrice de L’Oréal a-t-elle toutes ses facultés ? Elle a donné près d’un milliard d’euros à son ami Banier. Le 11 décembre, la justice aura à se prononcer. Bakchich révèle un rapport qui pèsera dans les débats.
Savoir si Liliane Bettencourt avait toute sa tête lorsqu’elle a donné à son ami, le photographe François-Marie Banier, près d’un milliard d’euros. Voilà la question.
Vendredi 11 décembre se jouera un nouvel épisode de "l’affaire Bettencourt". En décembre 2007, la fille de Liliane, Françoise, avait porté plainte contre Banier. Elle l’accuse d’avoir commis le délit « d’abus de faiblesse » envers sa mère. Depuis, les Bettencourt lavent leur linge en public, et la charmante douairière ne parle plus à sa fille. Vendredi, le tribunal correctionnel de Nanterre aura deux possibilités. Soit étudier la recevabilité de la plainte, soit fixer une audience début 2010, où sera jugé l’ensemble du dossier, y compris la recevabilité. Donc la réponse à la question à 1 milliard.
Quand des magistrats sont invités à trancher sur le lucide et le pas lucide, c’est qu’il y a du brouillard. Pour comprendre le comment du généreux milliard le parquet de Nanterre a missionné un professeur, Philippe Azouvi, ponte du service de rééducation neurologique de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Une mission qui relève un peu de la prédiction météo puisque le toubib n’a pas pu examiner la propriétaire de L’Oréal. A 86 ans, cette jeunesse refuse l’expertise indépendante.
Soucieux de la bonne santé des milliardaires, Bakchich s’est procuré le rapport Azouvi, daté du 7 avril 2008. Le spécialiste estime, à l’étude du dossier médical de la vieille dame, qu’« un certain nombre de données (…) font fortement suspecter la possibilité d’une détérioration intellectuelle organique (maladie d’Alzheimer ou démence mixte) qui se serait révélée (…) en août-septembre 2006 ». Et que depuis, elle souffre probablement d’une « vulnérabilité liée à une vraisemblable affection neurologique dégénérative affectant ses facultés intellectuelles. »
Or, comme de juste, c’est en août 2006, alors aux Baléares, que madame Bettencourt fait une chute et atterrit à l’hôpital. Ici commence une série d’épisodes de confusion mentale qui auraient duré plusieurs mois. À la mi-décembre 2007, le docteur Kalafate, neurologue de son état, examine Liliane Bettencourt à la demande de sa fille, qui lance une procédure de « protection judiciaire ».
D’après ses expertes conclusions, Liliane Bettencourt semble « avoir besoin d’être conseillée ou contrôlée dans les actes de la vie civile et pourrait, dans ces conditions, être placée sous un régime de curatelle. »
Opiniâtre, la baronne des cosmétiques traite cette expertise par le mépris : elle fait ce qu’elle veut de son argent – parce qu’elle le vaut bien. Et fonce à la Pitié-Salpêtrière consulter un autre expert, recommandé par un ami qu’elle partage avec le photographe Banier. La blouse blanche conclut à l’absence de « troubles perceptifs ». Ah, mais !
Le personnel de maison de Liliane Bettencourt , celui d’alors, est d’un autre avis et l’a signifié lors d’auditions à la Brigade financière. On trouve cela dans un procès-verbal du 1er décembre 2008. Ainsi, l’infirmière, la secrétaire particulière et la femme de chambre de la douairière affirment qu’en 2006 et 2007 leur patronne souffrait de troubles du comportement. Voire « ne se situait plus géographiquement ». D’autres employés comme son chauffeur mais aussi ses médecins généralistes n’ont, eux, rien vu.
Pour le professeur Azouvi, il est « fréquent qu’une personne présentant des troubles cognitifs légers ou modérés ’fasse illusion’ lors de relations sociales superficielles ou devant des médecins non spécialistes en neurologie ». Vrai, suffit de regarder la télé.
Dans cet épineux dossier, il n’y a pas eu de controverse sur les affolants cadeaux de Liliane au photographe – elle n’a jamais hésité à mettre la main au Banier. Selon le PV de synthèse des flics financiers, que Bakchich s’est également procuré, le cher ami photographe a reçu quelque 400 millions d’euros essentiellement ces toutes dernières années, dont une assurance- vie de plus de 200 millions d’euros ! De quoi voir venir… Bettencourt mère a assuré aux policiers ne pas se souvenir de ces montants, ce qui ne plaide pas en faveur de sa lucidité.
Les sommes versées au moment où les médecins constatent un basculement dans des moments d’absence sont diablement éloignées des modestes présents concédés au mondain entre 1997 et 2001 : un ridicule pactole de 34 millions d’euros. Même s’ils sont habitués à voir filer des chiffres avec plein de zéros, les flics de la Brigade financière sont restés cois devant de tels dons. Et parlent d’« un faisceau de présomption quant à la réalité d’un abus de faiblesse commis par M. Banier. »
L’amitié aurait-elle un prix ?
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Aliénée ou pas ? Je n’ai ni les moyens, ni l’envie de savoir. Mais tous les cas que je connais, sans même des sommes colossales,sont des sacs de noeuds.
Comment peut-on atteindre de telles fortunes,comme dit plus haut ?
Pour le cas particulier : tentative d’abus de faiblesse de la part de la fille, qui trouvera toujours des témoins en sa faveur ? Vu sa fortune, la mère peut bien dépenser des milliards pour son plaisir - au moins celui d’enquiquiner sa fille.
Notre législation sur l’héritage est plutôt saine je trouve. Eolas en donne une explication plutôt pas mal là : http://www.maitre-eolas.fr/post/2009/08/31/Oui,-on-peut-tuer-ses-parents-et-toucher-l-héritage
Quand à votre affirmation sur la "loi" américaine, je la trouve plutôt péremptoire. Pour commencer, je ne serai pas surpris si cela était l’affaire des états, et donc différent d’un état à un autre. Ensuite, au minimum j’ai envie de voir des liens et une argumentation digne de ce nom…