Un géant de l’agroalimentaire, ça avale n’importe quoi. Normal. Ainsi Nestlé lorgne avec gourmandise sur L’Oréal. Tant pis pour la synergie industrielle, pas évidente, et tant mieux pour les actionnaires du cosmétique qui pourront profiter de la douceur fiscale suisse.
C’est l’histoire d’un groupe suisse qui ne sait pas quoi faire de son argent. Nestlé, le géant de l’agroalimentaire, en vendant début avril sa filiale Alcon, spécialiste des produits ophtalmologiques, se retrouve avec un trésor de guerre gigantesque. En l’occurrence, 39 milliards de dollars (25 milliards d’euros). Problème de riche, certes, mais problème quand même : que faire de tout cet argent ? Il y a bien une dette à éponger – 13 milliards d’euros quand même – mais cela n’absorbera pas tout. Quoi alors ? Eh bien investir pardi. Racheter des groupes. « OPA-iser » à tour de bras.
La première proie potentielle, c’est L’Oréal. La rumeur d’un rapprochement court en effet depuis plusieurs années. Depuis 2004, les deux groupes sont engagés à 50/50 dans une co-entreprise, Inneov, spécialisée dans les compléments alimentaires. « C’est un business florissant qui, avec un discours axé sur la nutricosmétique, c’est-à-dire la beauté de la peau apportée en ingérant des gélules, permet de faire le lien entre les deux univers de l’alimentaire et des cosmétiques », explique la présidente d’une société de conseil dans le domaine de la beauté. Et quitte à sortir de son pré-carré alimentaire, autant y aller franchement. Nestlé a fait un premier pas avec Inneov, il ne serait pas stupide qu’il aille jusqu’au bout de la logique en misant sur L’Oréal.
Le numéro un mondial des cosmétiques, en tout cas, ferait une bien jolie mariée. Ses états de services sont excellents : 23 années de croissance à deux chiffres consécutives, 17,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires, et une capitalisation boursière tournant aux alentours de 50 milliards d’euros. Plutôt impressionnant donc, mais rien comparé à ce que représente Nestlé, avec ses 68 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour une valeur boursière de plus de 125 milliards d’euros.
Pas de risque, dans ces conditions, de rejouer la fable de la grenouille et du bœuf. En l’état, L’Oréal peut assez facilement être absorbé par Nestlé. D’autant, d’ailleurs, que Nestlé y fait déjà de l’entrisme. Le groupe suisse possède en effet 28% du groupe de cosmétiques.
Le seul problème, finalement, c’est la famille Bettencourt, qui détient toujours 30% du capital de L’Oréal. C’est surtout Liliane, la matriarche, 86 ans en octobre prochain, dont dépend l’avenir de l’entreprise fondée par son père. « Tant qu’elle sera là, rien de grave ne se passera, car elle est très attachée aux racines françaises de l’entreprise », tente de se rassurer un syndicaliste de L’Oréal.
Reste que si la bonne Liliane n’a sans doute pas envie de faire ses valises, il en va tout autrement de certains autres requins de la finance. Ceux-là n’attendent qu’un geste pour prendre la direction de Vevey, en Suisse, où se situe le siège social de Nestlé. Le départ, quoi qu’il arrive, ne pourra intervenir avant avril 2009. A cette date, le pacte d’actionnaires, conclu en 2004 pour figer la répartition du capital entre Nestlé et la famille Bettencourt, arrive à son terme.
Après, tout peut arriver. « Il y a clairement un risque de délocalisation fiscale », s’inquiètent ainsi les responsables CFDT du groupe détergents et cosmétiques. En clair, si le rachat se faisait, le siège social de L’Oréal serait transféré en Suisse, avec pour conséquence de voir les bénéfices de l’entreprise désormais soumis à la fiscalité suisse, et non plus française. De quoi encore plus grever des finances publiques françaises, qui l’Oréal parti, auront bien du mal à être maquillées…
Bonjour,
Comme nous le savons tous,lassé des handicaps nationaux beaucoup de français réussissent remarquablement à l’étranger.
Bien. Très bien.
Ils n’empêche que la France est un des pays récherché où l’on investit le plus …
Oui ou non ? Si oui ; pourquoi ?
J’émets une explication : Nous sommes un pays faiblement syndiqué.