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L’Oréal, parce que je collaborais bien

Tout nazimut / vendredi 16 juillet 2010 par Amédée Sonpipet
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En 1995, l’avocat Charles Poncet publie Nestlé, Bettencourt & les nazis, dans lequel il révèle les collaborations d’Eugène Schueller, le fondateur de L’Oréal, et d’André Bettencourt pendant la Seconde Guerre mondiale.

La saga L’Oréal démarre avec Eugène Schueller, le père de Liliane Bettencourt. Autodidacte de génie, il invente un produit capillaire et fait rapidement fortune. Son argent, il le met au service de l’extrême droite et devient un membre actif d’un mouvement clandestin, le Comité secret d’action révolutionnaire (CSAR), plus connu sous le nom de la Cagoule. Un groupe de sinistre mémoire qui va notamment assassiner en juin 1937 deux socialistes italiens réfugiés en France. « Pour Eugène Schueller, l’occupation de la France est d’abord l’occasion de faire de l’argent : le chiffre d’affaires de L’Oréal quadruple de 1940 à 1944 », écrit l’avocat suisse Charles Poncet.

Dans le même temps, un jeune homme ambitieux, André Bettencourt, âgé de 21 ans en 1940, exerce ses talents de journaliste dans l’hebdomadaire La Terre française. Une publication créée par la Propagandastaffel, un organisme chargé de la propagande nazie et qui sera déclaré « organisation criminelle » par le tribunal de Nuremberg. Parlant des juifs, qualifiés de «  pharisiens hypocrites », le futur administrateur de L’Oréal écrit : « Pour l’éternité, leur race est souillée par le sang du juste. Ils seront maudits de tous ». André Bettencourt vante la collaboration. « La dénonciation serait-elle un devoir ? Oui, dans la mesure où elle sert véritablement la collectivité (…) Les jeunes doivent être, dans chaque village, les agents du Maréchal ».

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Eugène Schueller et André Bettencourt ont deux points communs : ils sont pro-allemands, mais ils ne manquent pas de perspicacité. Dès la fin 1942 (le débarquement en Afrique du Nord), ils se rendent compte que Berlin va, tôt ou tard, perdre la guerre. Ils prennent contact avec la résistance. Ça tombe bien, le meilleur copain d’André Bettencourt est un certain… François Mitterrand. Résultat, Eugène Schueller et son futur gendre échappent à l’épuration à la Libération. Et François Mitterrand devient rédacteur en chef de Votre Beauté, un magazine féminin qui vante les produits de beauté de L’Oréal…

André Bettencourt ministre

Eugène Schueller n’oubliera pas pour autant ses anciens compagnons, cagoulards et collabos. Même Jean Filliol, membre de la Milice, et Henri Deloncle, agent de la Gestapo, condamnés à mort à la Libération, se recyclent dans une filiale de L’Oréal… en Espagne. Des aventures vite oubliées puisque André Bettencourt, qui a épousé Liliane, la fille d’Eugène Schueller, en 1950, sera député, sénateur, et plusieurs fois ministre, notamment en charge de l’Industrie en 1968-69, et des Affaires étrangères en 1973.

L’Oréal n’est rattrapée par son passé qu’en 1989, lorsque l’entreprise démissionne Jean Frydman, un citoyen israélien, de Paravision, filiale audiovisuelle de L’Oréal, afin de satisfaire aux exigences de la Ligue arabe qui frappait de boycott toute entreprise en relation directe avec l’Etat d’Israël. « Jean Frydman m’a mis au courant du passé douteux de Schueller et de Bettencourt. Je me suis toujours intéressé à la Seconde Guerre mondiale. J’ai donc profité d’une année sabbatique en 1994 pour mener des recherches à Paris et à Berne », explique l’avocat Charles Poncet, auteur de Nestlé, Bettencourt & les Nazis (*).

L’ouvrage révèle qu’à partir de 1942, Eugène Schueller et André Bettencourt, afin de se faire quelque peu oublier en France, préfèrent goûter le bon air de la Suisse. Ils en profitent pour créer une filiale de L’Oréal dans la Confédération en septembre 1942.

Lire ou relire sur Bakchich.info :

C’est le 12 juillet, dixit le Monde, que l’Inspection générale des finances rendra son enquête sur une éventuelle intervention d’Eric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt. Et de son ami, François Marie (…)
Des politiques continuent de copuler avec des collectionneurs de coffres-forts offshore. Mais la honte n’est pas chez ceux qui prennent le thé et les enveloppes chez Liliane Bettencourt.
Les sympathisants de droite ne sont pas choqués par la double casquette d’Eric Woerth. D’ailleurs, il y a encore quelques mois, le trésorier de l’UMP appelait les militants sarkozystes à financer un grand projet du (…)
Invité à fêter le 1er août, la fête nationale helvétique, à l’ambassade de Suisse à Paris, située à 100 mètres de son ministère, Eric Woerth a préféré décliner l’invitation.
* Editions de l’Aire, 35 pages.

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12 MESSAGES
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Forum

  • L’Oréal, parce que je collaborais bien
    le vendredi 30 juillet 2010 à 14:09, cyd a dit :

    L’Oréal collabo, pourquoi pas. Le genre était fréquent : Peugeot, Renault, BMW, Varta, … Sans vouloir tirer sur les cadavres, il serait opportun (hélas utopiste) de remettre en cause les fortunes criminellement acquises.

    Dans un registre similaire, l’incoutournable L’étrange défaite de Bloch.

  • L’Oréal, parce que je collaborais bien
    le lundi 19 juillet 2010 à 16:49, Colas BREUGNON a dit :
    Bravo Amédée … C’est du vrai journalisme. Très pertinent tout ça ! Merci.
  • L’Oréal, l’erreur de jeunesse ??
    le lundi 19 juillet 2010 à 12:07, Knorrly a dit :

    Certificats de non-judéité à Nestlé

    « J’ai écrit à André Bettencourt pour savoir s’il reconnaissait les faits. Il a plaidé l’erreur de jeunesse et exprimé des regrets », souligne l’avocat genevois. Dans son ouvrage, Charles Poncet précise que c’est pendant la guerre, en 1942, qu’Eugène Schueller crée une filiale en Suisse de L’Oréal. Evoquant les liens entre L’Oréal et Nestlé (L’Oréal appartient à la société Gesparal, détenue à 51% par la famille Bettencourt et à 49% par Nestlé), l’auteur de Nestlé, Bettencourt & les nazis rappelle que la multinationale de Vevey s’est empressée d’écrire aux autorités allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale pour souligner « le caractère purement aryen de ses dirigeants », leur fournissant des « certificats de non-judéité ». Tout cela pour que l’on ne touche pas aux intérêts de Nestlé en France. I Note : 1 Charles Poncet, Nestlé, Bettencourt & les nazis, Editions de l’Aire, Vevey, 1995, 35 pages.

  • oubli ?
    le vendredi 16 juillet 2010 à 20:02, alphonse a dit :
    pourquoi ne mentionnez vous pas aussi "le choix de la défaite" pour continuer sur nos fameuses élites… ?
  • L’Oréal, parce que je collaborais bien
    le vendredi 16 juillet 2010 à 17:01, Gypy a dit :
    Merci de nous donner toutes les informations sur l’affaire Bettencourt mais s’il vous plait : "pas d’autopsie de cadavre" les Mmes Bettencourt ne sont ne sont pas responsables des actes de leur père ou grand-père aussi condamnables soient-ils. Gypy
    • L’Oréal, parce que je collaborais bien
      le lundi 30 août 2010 à 18:53
      D’accord, mais en acceptant d’hériter d’une fortune (très) mal acquise, de n’avoir jamais rien fait de ses dix doigts ou avec sa tête, et d’épouser un pro-nazi, la non-responsabilité n’est plus évidente. Quant à reconnaître qu’on a volé dans les grandes largeurs le fisc mais qu’on va rembourser, ça m’évoque Chirac et le remboursement des emplois fictifs à la mairie de Paris. C’est formidable : demain, je braque une banque (parce que je la vaux bien) et si je suis pris, je proposerais de rembourser et n’irais pas en prison !!! Et si j’ai pris ma carte de l’UMP avant, je gagne quoi ?
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