Quelque discutables que puissent être les personnalités des époux Woerth, du procureur Courroye, des conseillers de l’Élysée et des porteparole de l’UMP, la vraie star de l’affaire Bettencourt, c’est François-Marie Banier.
La littérature française est riche de coureurs de dots et, de Julien Sorel à Rastignac, en passant par le Chéri de Colette et les héros du Sexe faible, où de beaux messieurs séduisent des dames fortunées, aucune créature de fiction n’approche le talent de ce photographe bien réel qui a re-hissé l’art du gigolo à des hauteurs oubliées depuis Boni de Castellane, qui disait de vilaine femme : « Elle est belle vue de dot. »
Or, en ces temps de crise, le problème n’est pas d’admirer béatement, mais de rattraper un peu de ce que ces ronds de jambes ont coûté au Trésor public, et il n’y a aucun espoir de voir la justice récupérer par des commandements l’argent donné au bel enjôleur. Si le fisc veut retrouver un peu de son manque à gagner, il doit compter non sur les armes, mais sur le charme, et traiter Banier comme Banier lui-même a traité Liliane Bettencourt, c’est-àdire séduire le séducteur. Certes, une personne proche du pouvoir paraît posséder tous les atouts pour mener à bien cette patriotique mission d’envoûtement, comme elle en a réussi bien d’autres, je veux évidemment parler de notre première dame, Carla Bruni- Sarkozy, à qui peu d’hommes peuvent se vanter d’avoir su dire non.
Mais le principe de responsabilité, essentiel en République, voudrait plutôt que ce soit Florence Woerth, par qui le scandale est arrivé, qui paie de sa personne auprès de M. Banier pour renflouer les caisses. Certes, sa séduction semble plus cérébrale que celle de Carlita. Mais je suis certain que, si elle s’implique vraiment, une femme de tête comme elle, versée dans l’art de faire fructifier les placements, peut trouver les mots (et les chiffres) qui réveilleront la conscience de l’enchanteur cupide, et l’entraîneront dans la voie du remboursement.
P.S. : Au moment où je termine cette chronique, on m’informe que François-Marie serait insensible au charme féminin, et que seul un homme… Désolé, Éric, ça met ta femme hors du coup. Il va falloir que tu t’y colles.
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