C’est entendu. Même si nombre d’entre eux manifestent ce jeudi, les Français devront cotiser plus longtemps pour avoir une pension de retraite de plus en plus faible. Un triste sort qui n’épargne pas les Daniel Bouton (Société générale), Serge Tchuruk (Alcatel) et consort. Pauvres patrons.
Regardez Daniel Bouton. Un homme qui s’est fait presque tout seul, et qui a réussi à développer une petite entreprise portant le nom de Société Générale, avant de devoir prendre une retraite anticipée à la suite de quelques acrobaties financières d’un trader qui ont coûté à la banque 4,9 milliards d’euros.
En 2007, Daniel Bouton a touché une rémunération globale de 3,4 millions d’euros, dont 1,25 million de salaire fixe et 2,18 de variable. La partie variable montre que ses actionnaires étaient contents de lui. Malheureusement, notre ami, qui vient d’avoir 58 ans, a donc dû laisser son poste de PDG récemment. Il n’est plus que président du conseil d’administration. Les mauvaises langues disent qu’il pourra ainsi améliorer ses performances au golf, un sport qu’il pratique avec assiduité entre deux soirées à l’Opéra et deux voyages à l’étranger. Mais personne n’imagine les difficultés qui attendent Daniel Bouton.
La Société Générale a prévu qu’il conserverait, après son mandat, « le bénéfice du régime surcomplémentaire » de retraite. Ainsi, selon les calculs très complexes de la banque (qui figurent dans le rapport annuel), il a accumulé des droits de pension représentant 57,9% de la rémunération fixe versée en 2007 et 21,1% des revenus globaux. Compte tenu de son salaire, Daniel Bouton peut ainsi prétendre à 723 750 euros par an. Une aumône. On espère qu’il aura le temps d’améliorer la pelote en tant que président du conseil afin de pouvoir partir avec une retraite un peu plus convenable.
Autre patron dans le besoin : Serge Tchuruk, l’homme qui a conduit, avec le succès que l’on sait, Alcatel. Il a marié le fabricant français de réseaux de télécoms à son concurrent américain Lucent en 2006, et la valeur boursière a été divisée par deux alors que les pertes se creusent trimestre après trimestre. Et les effectifs n’ont cessé de fondre. Après un tel succès, on aurait pu penser que Tchuruk, âgé de 70 ans, aurait pris une retraite méritée. Mais, le sens du devoir chevillé au corps, il a décidé de rester comme président du conseil d’administration, laissant la direction générale à l’Américaine Patricia Russo.
Et le pauvre Serge, qui compte parmi ses conseillers le brillant consultant Jean-Noël Tassez, a tout laissé. Il n’a plus de salaire, se contentant de jetons de présence (96 890 euros en 2007, soit le double des autres administrateurs). Le groupe ne fournit pas le montant de sa retraite mais on imagine que ce ne doit pas être énorme. Les engagements de retraite d’Alcatel Lucent pour ses dirigeants atteignaient à la fin de l’année dernière 40,2 millions d’euros, dont 28,1 millions pour les membres du conseil d’administration. Autant dire des cacahouètes pour payer la vingtaine de personnes concernées.
On ne serait pas étonné de voir Bouton et Tchuruk participer aux manifs organisées par les syndicats pour défendre les retraites.
Lire aussi dans Bakchich les autres articles consacrés à l’actualité des retraites :
C’est du genre, c’est vrai, à dégoûter du capitaliste de gauche (de base). Quoi, comment, certains gagnent des sommes astronomiques et nous commandent de [charabia incompréhensible].
Même pas nécessaire de demander, ils se modéreront d’eux-mêmes. Sur la lancée, y’aura plus qu’à susurrer à l’oreille des capitalistes de Pékin d’arrêter leurs conneries.
Le monde est d’un clinquant ma bonne dame.