Où l’on croise un imbécile méprisant, et des libéraux apeurés. Que se passerait-il si l’autogestion reprenait du poil de la bête.
Petites perles dans Le Parisien du 23 Avril 2000. Notre confrère consacre trois colonnes à Marcus Kerriou et Coline Colboc, respectivement le cogérant et le DRH de Molex, et quelques lignes aux salariés.
Dans l’interview le cogérant a du mal à se départir de sa suffisance. « Il y a un décalage entre le professionnalisme avec lequel est gérée la communication [de la crise] et le niveau intellectuel de certains salariés ». Et il n’y a pas de décalage entre la faible durée de la séquestration [26 heures] et la morgue méprisante de ce patron ?
Monsieur Kerriou a une conception très particulière du droit. Retenu, il estime que « c’est tout simplement criminel », « ce n’est rien d’autres que de la prise d’otages, j’envisage de porter plainte ». En revanche quelques lignes plus bas, il devient beaucoup plus compréhensif. Il va licencier 300 personnes, mais notre patron pense qu’« un défaut d’information au CE,… ce n’est pas… criminel ». Et la bêtise c’est criminel mon gars ?
Le secrétaire CGT du CE de l’entreprise Molex présente ses patrons comme « des bandits, des voleurs, des voyous…. », à la lecture de l’interview du cogérant il aurait pu terminer par : un imbécile méprisant. Il ne le fait pas, cette retenue est tout en l’honneur de cet homme.
Dans le même journal, Gillet Petit, le directeur exécutif de Carrefour France présente un repas à 1,02 euros « composé d’un steak haché, d’une portion de haricots verts, d’une part de camembert… ». « ce repas représentant 85 % des apports nutritionnels recommandés ». Les 15 % manquant représentent l’effort de Carrefour pour lutter contre l’obésité, un fléau qui touche les plus pauvres, tout le monde le sait.
Pour décrire la situation économique et la fonction de l’Etat le 21 04 09, Jean François Pécresse y va de l’amalgame qui en dit long sur la frousse des libéraux. « …ce que redoute l’Elysée, c’est bien un scénario à la Lip, ce conflit emblématique de la fin des Trente-Glorieuses qui dégénéra au début des années 1970 de séquestration en occupation d’usine », et en une très belle expérience de cogestion. Regarde nous dans les yeux Jean-François et répond à cette question : c’est l’Elysée qui redoute la cogestion ou le patronnat ?
C’est surprenant comment les chroniqueurs redécouvrent cette tentative d’autogestion. Jean Marc Vittori des Echos et Alexis Brézet du Figaro Magazine y font d’un seul coup référence la même semaine dans leurs chroniques. C’est bizarre ! Méfiez-vous les enfants vous allez donner des idées aux ouvriers qui n’en auraient pas eu compte tenu du « niveau intellectuel de certains salariés ».
J’ai de temps en temps la dent dure contre le JDD. Cette semaine j’y ai trouvé un article quasi révolutionnaire. Les salariés français ne sont pas les seuls à se plaindre du hold-up des patrons français, et du lobby de l’afep, les actionnaires aussi en ont assez.