Retour sur écrits. Il y a un an, le très sérieux OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques, considéré comme plutôt à gauche, tiraient les cartes sur l’avenir de l’économie mondiale.
Le livre est court, facile à lire et publié par la prestigieuse maison d’édition La Découverte. « L’économie française 2009 » a trouvé sa place dans la collection Repère il y a moins d’un an, en août 2008.
Les économistes de Sciences Po avaient le nez creux, ils avaient prévu une « menace sur la croissance ». Bien vu. Sauf que les causes de cette évolution n’avaient pas du tout été anticipées par nos cranes d’œuf. Le « prix du pétrole qui s’installe au-dessus des 100 dollars le baril » s’est effondré. Il est aujourd’hui à 66 dollars, son record historique depuis 6 mois. Ensuite la demande mondiale se ralentirait un tout petit peut passant de 6,4 % à 5,6 %. Ces chiffres nous feraient rêver aujourd’hui.
Malgré ces "menaces sur la croissance" nos experts prévoyaient une augmentation « de 2,3 % en 2009 » de notre PNB. Aujourd’hui on croise les doigts pour que la récession ne dépasse pas les 2,3 % en 2009. Un mot change et tout déraille.
Tout est à l’avenant. D’après nos chercheurs en 2009 « les entreprises (…) gardent le moral… ». Peut être qu’ils ont confondu entreprises et chefs d’entreprise du CAC 40. Dans ce cas, l’OFCE ne se serait pas trompé. Les chefs d’entreprise continuent à se récompenser grassement aux frais des actionnaires et des salariés, et le tout avec la bénédiction de l’Élysée.
Comme quasi tous les économistes de l’époque, la foi de l’OFCE dans la mondialisation était sans faille. Il n’y avait rien à craindre grâce à l’« environnement international qui résiste ». Fraternellement nos experts criaient, vive la mondialisation. L’histoire leur a donné tort. La mondialisation a apporté la crise. Il est vrai que certains marchés continuent de se développer. Mais ils sont peu nombreux. Le marché de la drogue, par exemple, ne s’est jamais aussi bien porté.
Le plus amusant c’est quand nos experts s’amusaient à prévoir l’évolution des conditions de crédit. On frôle alors le ridicule : elles devaient rester « encore avantageuses ». Ils n’ont rien vu venir. « Si la crise financière se traduit bien par un durcissement des conditions de crédit… elle ne semble pas dégénérer en « crédit crunch ». Bien au contraire. ». C’est le contraire que nous vivons messieurs.
Pour nos économistes, enfin, grâce au développement des emplois marchands, le chômage devait continuer sa baiss. La « croissance devrait permettre à elle seule la poursuite de la décrue du chômage engagée mi-2005 ». L’Observatoire attendait une baisse de 112 000 chômeurs pour l’année 2009. Il reste encore 6 mois pour atteindre l’objectif. Mais pas besoin d’être grand clerc pour dire que c’est mal parti. Il y a quelques jours l’Unedic s’attendait à 639.000 chômeurs supplémentaires en 2009. Malheureusement chaque mois l’objectif est un peu plus dur à atteindre.
Les plus vindicatifs diront que nos experts se sont trompés sur tout le tableau. C’est faux, l’OFCE avait prévu que l’année 2009 succéderait à 2008, et cela s’est réalisé.
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