Le caricatural « Capital » change. Hier, on avait l’impression que le libéralisme était le seul système économique viable. Aujourd’hui ce serait presque le marxisme.
Capital demande, sans sous-entendu malsain, au nouveau DG de Renault, Patrick Pélata : « votre passé de militant communiste semble rassurer certains salariés… ». Le DG aurait pu répondre au journaliste : votre passé de libéral semble rassurer votre patron. Mais Capital a changé et nous sommes entre gens de bonne famille.
Capital continue sur sa lancée. « Le rapatriement en France d’une partie de votre production délocalisée est-elle envisageable ? ». Encore un effort, camarade, et vous écrirez un dossier complet sur les bienfaits de la révolution, voire sur ceux du protectionnisme.
François Taquet, avocat en droit social à Cambrai se demande : « A quand une loi sociale chez les patrons ? ». C’est vrai, la question se pose. Encore un effort et Capital renverra sur la pétition pour un salaire maximum.
Mais c’est sur les avantages patronaux que notre confrère fait fort. Il n’y va pas par quatre chemins. Le titre est sans appel : « Les vrais-faux sacrifices des patrons » avec le « chapeau » suivant : « … Ce qu’ils lâchent d’une main, ils le récupèrent souvent de l’autre ».
C’est vrai que nos patrons passent beaucoup de temps à défendre leurs intérêts. Ils rackettent avec succès leurs actionnaires et leurs salariés. Et aujourd’hui, comme le dit notre confrère, c’est facile de faire des pépêtes ; « Plus le cours de l’action est bas, plus il est intéressant d’obtenir des stocks options ». Quand l’action montera ce sera bingo, et tout cela sans risque.
Capital épingle aussi les faux sacrifices de nos patrons. C’est poignant. Gilles Pélisson, Henri de Castries et consort sont rhabillés pour l’été. Mais la palme revient au DG d’Alcatel-Lucent, qui dit « avoir renoncé à 525 000 euros, alors qu’il ne pouvait prétendre qu’à 120 000 euros ».
Dans un petit encadré, Capital liste les patrons « qui se serrent vraiment la ceinture ». La liste est courte. Trois patrons. Michel Rollier de Michelin, Jean-Pierre Clamadieu de Rhodia et Guy Nafilyan de Kaufman & Broad. Mais ne les plaignez pas. Michel Rollier ne doit pas connaître des fins de mois trop difficiles avec les 2,4 millions d’euros par an qu’il lui reste pour vivre.
Encore un effort et Capital appellera à voter pour le NPA.