Laurence Parisot a assuré que le rapport remis, lundi, à Sarkozy encadrant les rémunérations des patrons était « libre de toute pression ». Voici la note qui prouve le contraire.
Si, si les patrons sont gentils. Et le prouvent en pleine crise (krach) financier. Le 30 septembre dernier, le boss de la banque d’assurances franco-belge, le bien nommé Pierre Richard, plie bagage. Superbe, l’ancien chouchou de la presse économique n’a pas même droit à des indemnités de départ, quand Axel Miller son alter ego belge, Directeur de Dexia, renonce de lui-même à un parachute doré de 3,7 millions d’euros.
Et s’il fallait encore une preuve que les grands dirigeants font œuvre de responsabilité, Laurence Parisot, la big boss du MEDEF l’a apporté lundi dernier 6 octobre. En dévoilant tout simplement un ensemble de propositions pour encadrer les indemnités records ou parachutes dorés pour les patrons à mauvais bilan.
Un brin matamore, Laurence Parisot ne s’est pas privée de lancer à la cantonade que ce projet « est libre de toute pression », médiatique ou politique. Libre ? En fait, pas vraiment, comme on va le découvrir. Mieux, le Medef et l’Association française des entreprises privées (AFEP, une sorte de cercle chic des patrons voire un super Medef) ont « commencé à travailler depuis six mois, le gouvernement vole au secours de la victoire ».
Sauf que. La blanche robe de Parisot se trouve un peu tâchée par un mail du 29 septembre dégotté par Bakchich.
Dans sa missive électronique au ton un peu affolé, Jean Martin Folz, le président de l’Afep, le club le plus sélect du patronat français, sonne le tocsin. En pièce jointe, le projet « de recommandations des dirigeants mandataires sociaux de sociétés ». En gros, un projet de "régulation", comme on dit, du montant de la rémunération des grands patrons…
« L’ultimatum des pouvoirs publics et la pression médiatique imposent d’aller très vite, écrit le président de l’Afep, et je vous demande de me faire connaître votre position d’ici lundi soir [ndr, soit le soir même] ». Tant pis pour l’algarade de Parisot, le patronat a bien cédé à la pression. Et de l’opinion, et des "pouvoirs publics", autrement dit de l’Elysée. La demande ne s’adresse pas au tout venant. Dans la liste des destinataires du mails Daniel Bouton (Président de la Société Générale), Michel Pebereau (Président de BNP Paribas), Thierry Desmarest (ex Patron de Total), Henri de Castries (Président d’Axa), Gérard Mestrallet (boss de Suez) ou encore l’ami yachtman du Président, Vincent Bolloré.
Lesquels ont trouvé semble-t-il peu de chose à redire à ce projet, né à « l’issue de longues discussions avec le MEDEF ».
Le projet s’avère en tout point semblable au code de gouvernement des entreprises, présenté le 6 octobre lors d’une conférence de presse du Medef. À savoir « mettre un terme aux indemnités de départ après un échec et d’autre part limiter les éventuelles indemnités à des conditions de départ à deux ans ».
Mesquine l’AFP remarque qu’aucun plafond n’est prévu dans l’annonce de la présidente du Medef. Impression confirmée par le projet dévoilé par Bakchich. Carrément insolente, l’agence de presse note que ces « deux ans d’indemnité », correspondent « exactement à ce qu’aurait du toucher Axel Miller. »
De là à déduire que pressés de toute part, les grands patrons ont paré au plus urgent pour qu’aucune législation ne vienne interférer, il n’y a qu’un pas. Qu’il serait de bien mauvaise foi de franchir, puisque les dirigeants des grandes entreprises savent fort bien laver leur linge sale en famille. « L’AFEP et le Medef saisiront les dirigeants des sociétés qui n’appliqueraient pas l’un de ces recommandations sans explication suffisante », précise le document. Pour leur taper sur les doigts ?
L’écho venue de l’Elysée a plus que validé la démarche. Présenté le 7 octobre en conseil de ministre, ce « code de gouvernement » édicté par la patronat a ravi Sarkozy. C’est « le système le plus avancé dans les pays développés en matière d’encadrement des rémunérations de dirigeants », s’est même enthousiasmé Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’industrie. Seul petit bémol, si les entreprises cotées en Bourse n’adhèrent pas formellement et publiquement à ce code, le gouvernement se réserve la possibilité de légiférer.
Merci patron !
Pour télécharger le code de gouvernement du Medef, cliquez sur l’image
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