Dans la presse de la semaine… Face au plan de relance de Sarko, « les Echos » perdent la tête. Découvrez des patrons très fatigués, mais aussi l’évolution du discours de l’OCDE et le rhume de Coppé et Jouyet.
Plus ça va, plus Les Echos ressemblent à Charlie Hebdo, le journal qui a perdu toute ligne éditoriale. Au début de la semaine, Paul Fabra mettait en garde ses lecteurs en une : Si l’Etat relance, « C’est autant qui n’ira pas à l’investissement privé et qui tuera dans l’œuf la reprise nécessaire de l’investissement ». Aujourd’hui, le plan de relance est présenté comme « un remède de choc contre la crise économique ». Allez comprendre…
Il y a à peine deux mois, ces deux hommes hurlaient contre Henri Guaino. Le conseiller de Sarko avait déclaré que « temporairement », les critères de Maastricht n’étaient « pas la priorité des priorités ». Cette semaine, Solow, le prix Nobel d’Economie va encore plus loin dans les Echos. « Les critères de Maastricht en termes de déficit peuvent être abandonnés ». Où sont les deux défenseurs de l’orthodoxie budgétaire ? Ont-ils perdu leurs voix ? Je refuse de penser que leur agressivité à l’égard de Guaino soit une posture.
Dans les Echos du 1/12/08, Sir Martin Sorrell, le patron d’une grande agence de pub, affirme sans retenue : La Chine est « Un pays neuf n’ayant pas à supporter le poids d’un lourd héritage ». Un pays neuf la Chine ? Wikipédia parle de quatre mille ans d’histoire. Et le communiste n’est pas un lourd héritage ? Sir Martin Sorrell devrait y passer ses vacances.
Warren Buffet a raison. « Investissez dans une affaire que même un imbécile pourrait diriger, car un jour, un imbécile le fera ». Pour WPP, c’est fait. Les actionnaires remercient les Echos de les en avoir informés.
Le week-end dernier, Pierre-Antoine Delhommais titrait « Besancenot-Sarkozy rentiers des subprimes ». Peut-être par jalousie, il oubliait de citer le journal les Echos qui, d’après Stratégies, aurait connu une croissance de 37,5 % de ses ventes au numéro au mois d’octobre. Il faut bien que la crise profite à quelqu’un. Cette fois-ci, ce sera Bernard Arnault.
Après avoir promu la dérégulation de tous les marchés, la disparition du smic, la baisse des indemnités chômages, la fin du CDI et de nombreuses choses plus libérales les unes que les autres, l’OCDE fait son autocritique. Le voilà qui se met à penser que face à la montée de la pauvreté et des inégalités, les politiques publiques, les interventions sociales distributives et et la fiscalité sont des outils efficaces. Il était temps. Nos confrères d’Alternatives Economiques s’en réjouissent, on les comprend.
Selon Stratégies du 27/11/08, Volvo annonce qu’il va offrir 10 000 modèles réduits d’une de ses voitures aux petits Thaïlandais pauvres. Ils demandent la liberté, ils auront des modèles réduits de voiture qu’ils ne pourront jamais se payer. Le plus surprenant reste le commentaire du patron de Volvo Thaïlande : « Il est possible de transformer une décision purement commerciale en un petit quelque chose pour les enfants qui ont vraiment besoin d’aide ». Sans commentaires.
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Autres perles, relevées par Le plan B, à la radio cette fois, sur le zinc de RTL.
Alain-Gérard Slama, éditorialiste au Figaro : « je voudrais bien savoir comment une économie pourrait fonctionner sans le marché » (1.10.08). À lire Lordon, Jusqu’à quand ?, l’économie fonctionnerait beaucoup mieux sans la finance, qui est passée « des couvertures de risque de l’économie réelle à la création des conditions d’un jeu spéculatif presque entièrement autonome. » À la mi-2008, les 43 trillions (milliers de milliards) de $ du PIB mondial font pâle figure à côté des 676 trillions d’encours de produits dérivés. La finance innove pour palper toujours plus de cash et « aux États-Unis la contribution nette des marchés boursiers au financement des entreprises est devenue… négative : les actionnaires pompent – sous forme de dividendes ou de rachat d’actions – plus de cash des entreprises qu’ils ne leur en apportent. » D’où un rendement ridicule des marchés, la grosse machine inutile qui gave des importuns. « La croissance parasitaire de la finance est devenue à elle-même sa propre justification. »
Et Ivan Rioufol, du Figaro : « …la crise économique, en tout cas en France, n’est pas due naturellement aux subprimes. Elle est due naturellement à la gestion déplorable de trente ans d’étatisme » (2.10.08). Si le libéralisme, ou ce qui en tient lieu et qui dézingue toute la structure économique depuis trente ans, finit son œuvre dans les prochaines décennies, on trouvera toujours un Rioufol pour mettre en accusation le "soviétisme keynésien" de l’après-guerre.