Les secousses du séisme en Haïti ont été ressenties jusque dans les salles de rédaction américaines, où à grands coups d’images choc et de fins mots, chacun cherche à valoriser l’action de la bannière étoilée.
A chacun son angle de vue pour observer la tragédie Haïtienne. Ici, des caméras jouent des lentilles pour capter une image de cadavre, là un reporter tient dans ses bras un bébé déshydraté, comme autant de méthodes journalistiques. Aux Etats-Unis, le traitement médiatique de l’intervention américaine en Haïti connait des succès et des ratés parmi lesquels l’observation de tendances symptomatiques propres à la presse américaine.
Tout d’abord, on constate que les Etats-Unis sont très friands des reportages embarqués auprès des sauveteurs et qu’il est plus fréquent de lire un article consacré à une équipe de secouristes qu’à un camp de victimes. Ainsi, les journalistes suivent volontiers des interventions en direct, comme Jonathan Serrie de « Fox News » qui observe les dégâts de l’île à bord de l’hélicoptère du 22ème commando des Marines.
Le pendant de ces reportages du côté des sauveteurs est que le journaliste peut brusquement devenir un « acteur » voire un « héros » de l’action qu’il rapporte. Le meilleur exemple de cette tendance nous vient de CNN. La chaîne d’informations possède en effet son lot de reporters-vedettes parmi lesquels figure Anderson Cooper. Connu des téléspectateurs américains pour son brushing gris et son regard ténébreux, il a réussi (excusez du peu) à sauver un gosse d’un lynchage devant les caméras. Idem pour le Dr Sanjay Gupta, neurochirurgien d’Atlanta et « reporter médical » pour cette même chaîne, qui a pu opérer du crâne une petite haïtienne en présence de son photographe.
Comble de cette starisation des journalistes, il arrive que le reporter oublie de filmer la catastrophe et se consacre uniquement à lui. Ainsi, Adam Housley, journaliste à Fox News, organise ses interventions comme un journal intime si bien qu’à son arrivée à Port-au-Prince, il filme sa conversation avec un soldat, puis le tarmac de l’aéroport, mais rien sur le séisme.
D’autre fois, les images sont brutes et sans commentaires. Comme sur CNN où Tom Cohen diffuse des scènes d’émeutes avec comme titre de légende « Pillages ? » tout en affirmant qu’il ne sait pas ce qui se passe sur ce reportage.
On remarque également que la presse américaine politise énormément l’intervention de son pays. L’hebdomadaire Newsweek et le quotidien The New-York Times parlent d’un déploiement de force destiné à « redorer l’image de Barack Obama ». Ce dernier souhaiterait « marquer sa différence avec la façon dont George W. Bush avait géré l’ouragan Katrina" et qu’il faut ainsi « s’attendre à des missions de sauvetages spectaculaires ».
Pour d’autres, notamment des commentateurs conservateurs, la surenchère de l’aide américaine est une manière cynique pour le Président Obama de « récupérer le tremblement de terre Haïtien ». L’animateur de radio Rush Limbaugh parle d’ailleurs d’une « collecte honteuse d’adresses emails des donateurs » afin de renflouer les « mailing-listes » du Parti Démocrate.
Privilégiés, des éditorialistes se permettent quelques critiques de l’action américaine en Haïti. On notera le billet de George Packer du Newyorker Magazine qui compare le sauvetage américain à un « ramassage de morceaux » d’un pays abandonné depuis longtemps par les Etats-Unis. Tandis que Steve Coll du même hebdomadaire préfère analyser la manière dont sont rapportées les actions des Etats-Unis à travers les médias. Il évoque un trop plein d’images dépourvues d’analyses et d’explications. Et rappelle qu’« on est tous des témoins, mais pas tous journalistes ». A méditer des deux côtés de l’Atlantique…
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Même si la presse française ne relaie pas les déclarations de Chavez - et encore moins celles de Castro dont on peut imaginer la teneur quand on sait que depuis des années, des centaines de médecins cubains travaillent effectivement en Haïti au titre de la coopération - il faut rappeler haut et fort qu’apporter une aide et des vivres à la suite d’une catastrophe naturelle n’autorise pas l’invasion en règle d’un état souverain.
Ce que certains appellent un droit d’ingérance humanitaire est impérialiste et colonialiste et si ils faut des hommes en arme pour protéger ceux qui distribuent les dons, ces hommes en arme doivent impérativement porter les insignes de l’ONU et se trouver intégralement sous son commandement.
A l’exception de l’intervention de la Grenade, pour la première fois depuis plus de 50 ans, les troupes du commandant en chef Obama, prix Nobel de la Paix, sont en train de réussir à investir militairement un territoire souverain.
L’intervention de militaires pour aider une population sinistrée est admirable quand il s’agit d’un hopital israélien montré à la télévision, parce qu’on a n’a pas vu d’armes à la ceinture des médecins. Lorsque des unités militaires comme les Pompiers de Paris ou les Marins pompiers de Marseille interviennent, ils le font sans armes. Lors de la catastrophe du Sichuan, personne n’a pas vu les armes de l’Armée populaire de libération …
Les troupes américaines ont d’autres manières et s’affranchissent de tout scrupule lorsqu’elles ouvrent la voie aux entreprises qui emporteront les marchés de la reconstruction et engloutiront finalement le pactole amoncelé par le charity business. Il est scandaleux que la presse européenne, à l’exemple de l’envoyée spéciale de BFM TV qui nous commente ça avec les haletements et l’indécence d’un ton qu’on pourrait à peine réserver à un match de foot, en fasse également ses choux gras.
A t-on assez critiqué le sensationnalisme de l’interventionnisme français, où on a pu voir,, à une époque pas si lointaine, tel ministre descendre du bateau pour secourir la veuve et l’orphelin (déshydraté)de l’est africain, au moment du 20h sur Tf1 … les ricains font pareil, ce qui compte c’est l’impact médiatique et les bénéfices, journalistiques, médiatiques dirons nous, en terme d’audience sans compter les bénéfices politiques…. nous y en a gentil avec ces pauvres haïtiens… alors votez pour nous à la prochaine… et peu importe les ressorts du spectateur télévore ou du lecteur acheteur de presse, et tant pis si c’est du voyeurisme, c’est si bon de se faire peur dans son fauteuil …home sweet home… l’horreur rapporte, business is business !
Pendant ce temps là tous les autres pays font pareil et c’est à quelle équipe nationale de secouristes ou de sécurité civile sauvera le dernier petit haïtien devant les caméras. C’est d’autant plus triste que les individus eux se donnent à fond, , engrangent des cauchemars pour le reste de leur vie, et sont un peu beaucoup, passionnément oubliés. Epoque cynique disiez vous ?
Bon article, il en faudrait plus souvent des comme ça !