Ce mercredi 28 juillet, Sarkozy reçoit « sur les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Rroms ». la gauche condamne mais est-elle exempte de tout reproche ? Pas vraiment
« D’un côté la France reconnaît enfin l’internement de 6000 bohémiens par les troupes de Vichy pendant la seconde guerre mondiale [1]] et d’un autre côté Sarkozy nous stigmatise. C’est aberrant » constate Alain Daumas, joint par Bakchich. Le président de l’UFAT (Union Française des Associations Tziganes), comme bon nombre d’associations, ont dénoncé la réunion élyséenne du 28 juillet « sur les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Rroms ». A l’origine de la réunion, les émeutes à Saint-Aignan après l’homicide d’un jeune gitan abattu par un gendarme après avoir forcé un barrage routier. La gauche a condamné cette réunion. Pour le Parti socialiste, « la stigmatisation d’une population en tant que telle est scandaleuse » et pour le PC, le gouvernement « fait une fois de plus un raccourci inacceptable entre délinquance et communauté de personnes ». La gauche partirait-elle donc en croisade pour la défense des Rroms et des gens du voyage ? Selon Daumas, « la gauche nous soutient peut-être mais dans les faits c’est plus que timide. » Si les maires de droite expulsent avec l’onction de l’Elysée, comme à Bordeaux en février dernier, les maires de gauche ne se privent pas non plus.
Dans la rouge ville de Saint-Denis, début juillet, 150 Rroms ont été expulsés pour nul part. Idem ces derniers jours à Roubaix, ville socialiste. Parfois, on se demande même si les mairies de gauche ne sont pas le bras armé de l’Etat. Comme à Saint-Ouen en 2008 où 24 familles sur 100 avaient été « élues » pour intégrer un « village d’insertion », très nombreux sur le territoire. Dispositif d’Etat, la voix des Roms dénonce ce type de « village » depuis 2007. Pour Saimir Mile, « il s’agit plutôt de camps de réclusion, où les reclus, qu’on prétend accompagner dans l’Insertion, n’ont pas le droit de recevoir librement des visites. » Un conseiller municipal UMP de la ville, William Dellanoy, contacté par Bakchich, s’interroge sur ces « villages » un peu spéciaux où une société de gardiennage contrôle les entrées avec chien et uniforme. « Ca me rappelle les ghettos… Et outre les mauvais souvenirs, ça coûte cher. Plus de 270 000 euros. Sur un budget total du « village » à 320 000 euros. Je trouve ça disproportionné… Et je ne comprends pas bien l’utilité. » Ces camps, normalement provisoires, durent. En attendant que des logements sociaux se libèrent… l’attente peut être longue.
Depuis 2007, pour un coût de plusieurs dizaines de millions d’euros, entre 6.000 et 9.000 Roumains et Bulgares sont chaque année renvoyés vers leur pays, dont ils reviennent quelques jours ou semaines plus tard, ayant leur projet de vie en France… De l’argent gaspillé comme pour les sociétés de gardiennage qui mieux utilisé pourrait améliorer la vie des Rroms au sein de la société française.
Mais la vie des Rroms ne se limitent pas aux expulsions, la vie au jour le jour est difficile et les efforts des collectivités laissent parfois à désirer, gauche et droite confondues. Mile précise, « le comportement des mairies varie à la fois dans l’espace et dans le temps, mais généralement, les efforts faits pour l’hygiène et la santé ne sont pas à la hauteur. Le ramassage des ordures par exemple laisse systématiquement à désirer, et parfois il est nul. Quant à la scolarisation, cela dépend. A Saint-Denis, il n’y a pas eu de problèmes, les enfants peuvent s’inscrire assez aisément à l’école. Ce n’est pas le cas à La Courneuve, ou encore à Montreuil, où nous avons du nous battre pour inscrire quelques enfants à l’école au début de l’année 2010. » Il faut se battre. Comme à Bobigny, où derrière l’hôtel du département de M. Bartolone, les abris Rroms sauvages se multiplient, cachés par des arbres. Grâce aux efforts multiples d’un riverain, Claude Weisz, que Bakchich avait rencontré en décembre dernier, « la situation sanitaire s’est un peu améliorée ». Mais quelle lutte ! Weisz craint tout de même que cet hiver, « la chute des feuilles fassent apparaître l’étendue des campements Rroms et qu’il y ait une expulsion sous la pression et les plaintes des riverains ».
BAKCHICH : Les communes respectent-elles la création d’aire d’accueil pour les gens du voyage ?
Saimir MILE : D’abord, je tiens à préciser que cette question concerne non pas les Rroms migrants, mais les « gens du voyage », c’est-à-dire une catégorie administrative constituée de toutes les personnes qui n’ont ni résidence ni domicile fixe pendant 6 mois au cours d’une année. La plupart de ces personnes, toutes de nationalité française, ne sont ni Rroms, ni Gitans, ni Manouches. Inversement, la plupart de l’ensemble Rroms, Gitans et Manouches ne sont pas des « gens du voyage ». Quant à votre question, bien que la loi Besson de 1990 qui prévoit entre autres la création d’aires d’accueil pour les gens du voyage dans toutes les communes de plus de 5000 habitants, seulement un tiers environ des aires d’accueil nécessaires sont créées (50% pour les autorités). La loi sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003 a facilité les procédures d’expulsion pouvant être mises en place par les préfectures dans les communes qui ont satisfait à la loi. Cette mesure était présentée alors comme une incitation pour les collectivités locales afin qu’elles créent des aires d’accueil. La récente déclaration de N. Sarkozy démontre clairement que le but est différent. Il s’agit surtout de réprimer des modes d’habitat qui servent de plus en plus d’exemple et auxquelles s’attachent de plus en plus de personnes en raison des ravages de la spéculation immobilière.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] -Beaucoup y sont morts de faim, de froid ou de maladie-[1->http://www.ldh-toulon.net/spip.php ?article488