Le nouveau livre de Franz-Olivier Giesbert, Un très grand amour (Gallimard) est unanimement encensé par la presse. À commencer par Elle, dont la patronne n’est autre que la compagne de FOG !
Ainsi va la vie du petit monde médiatico-littéraire parisien, prompt à laisser croire au directeur du Point, 61 ans, qu’il est un grand écrivain. Or la prose prétentieuse de son sixième roman prouve largement le contraire.
Ce récit à la première personne met en scène un certain Antoine Bradscok qui ressemble singulièrement à l’auteur : la soixantaine, il raconte son coup de foudre pour la belle Isabella et son combat, peu après, contre un cancer de la prostate. Entre-temps, il nous livre dans le détail tous ses déboires conjugaux, sentimentaux, familiaux et les outrages que le cancer inflige à ce qu’il a de plus précieux : son sexe, devenu son « escargot » (sic). Le problème n’est pas tant que FOG se flagelle à tout va et détaille son priapisme, ses séances à quatre pattes chez le proctologue, ses éjaculations sanguinolentes, sa libido en berne – tout fait ventre en littérature.
Le problème, c’est qu’il écrit à la truelle, et sur un tel sujet, ça ne pardonne pas. Son style est vulgaire (monsieur va aux « ouas-ouas », évoque ses « pissous nocturnes », son « engin » et ses « olives » etc.), pédant (« Je ne peux m’empêcher de m’en ramentevoir », « Ayant la fruition facile, je connaissais déjà tous les affres de la volupté », « peu me chaut que je le sentisse réellement ou non », « mes déifiques éjaculats »). Son livre est plein de métaphores niaises (« Nos bouches avaient tant communié qu’il me semblait avoir plein d’hosties dans la mienne », « s’ébroue à l’horizon un soleil au teint de bébé »), de clichés (« souvent la haine n’est que de l’amour qui n’ose pas dire son nom ») et autres formules à deux balles (« Que reste-t-il de l’amour quand on a fait l’amour ? »).
Un très grand amour oscille entre un digest du dictionnaire des citations et un cours sur la prostate pour carabins, à la sauce Harlequin. Quand Philip Roth aborde ses problèmes de fuites, c’est vraiment de la littérature. Quand Franz-Olivier Giesbert s’y colle, c’est du pipi de chat.
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