Les sans-papiers aussi ont droit à une place de choix dans le fichier STIC ! Avec en prime des données à la limite du fichage biologique.
Qui a dit que la police faisait du délit de faciès ? Pas le genre de la maison. Et la place Beauvau soigne les apparences. Elle mélange même dans son plus grand fichier, personnalités, victimes, accusés et immigrés en situation irrégulière. Un vrai acte démocratique grâce au STIC, le très controversé Système de traitement des infractions constatées.
Et depuis 2005, et dans la plus grande discrétion, les pontes de la Police ont eu la bonne idée de l’enrichir avec les sans-papiers, et surtout leurs examens physiologiques. Une belle et bonne idée résumée dans l’objet de la note interne du 25 mars 2005 : « Utilisation des possibilités du système de traitement des infractions constatées dans les procédures diligentées à l’encontre des mineurs et majeurs étrangers non identifiés ». Derrière ces barbarismes administratifs, signée de la main du Directeur général de la Police Nationale, passé depuis préfet de Police de Paris, Michel Gaudin, une réalité toute simple selon le chef poulaga. Le fréquent « recours à des états civils fictifs », de la part des délinquants étrangers, visant à « bénéficier des avantages procurés par la minorité ».
Dès lors, pour empêcher la racaille de fourber sur son âge, de plus en plus « d’examens osseux » sont pratiqués. Il n’y a qu’à les inscrire sur le STIC à la « rubrique enrichissement ». Avec l’indication « examen physiologique pratiqué le (date) à (service et lieu) déterminant un âge entre XXX et XXX ». Bref du propret. Qui ressemble à s’y méprendre à un début de fichage biologique.
Encore un peu et le STIC ressemblera à un bulletin de santé… Manque plus que les tests ADN en stock.
Cerise sur le gâteau, le fichier, si brillamment mis à jour, s’est internationalisé, se félicite la même note de Michel Gaudin. « Dans le cadre d’accords internationaux en vigueur des échanges permettent d’obtenir des renseignements relatifs à l’identité des délinquants interpellés en France ». Si les pays d’origine gèrent avec autant de soin leurs fichiers que leurs collègues français ça promet de jolies erreurs. « Les failles dans le contrôle de ce système », « sa mise à jour insuffisante », « les conséquences de l’usage d’un tel fichier », les conclusions du rapport 2008 de la CNIL sont encore disponibles. Sans doute faudra-t-il les traduire en plusieurs langues.
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Comme les honnêtes citoyens français régulièrement interviewés aux 13 heures sur TF1, je n’ai rien à cacher, donc je ne suis pas contre le fichier STIC, point final. Circulez, vous êtes dans la mire des caméras de surveillance. La police est là pour vous protéger, oui la France vous aime, je le sais. Et demain, comme chaque jour, je ferai mon devoir de citoyen volontaire. Parce que moi aussi je vous aime. Ne le niez pas…
Un instant, je dois aller vomir.
???
Quel rapport entre le fichage biologique et le fait de déterminer l’âge de quelqu’un ???
Attention, l’examen osseux n’a rien à voir avec un quelconque prélèvement ADN. Dans le premier cas, on détermine l’âge de quelqu’un à un instant T, dans l’autre on garde un trace qui va suivre la personne toute sa vie durant, faisant peser un risque sur ses libertés fondamentales. En quoi l’âge de quelqu’un serait-il une donnée sensible puisque c’est la première chose inscrite sur tout les papiers officiels (contrairement aux orientations politiques, sexuelles…) ?
J’ai l’impression que la chasse au Stic (et accessoirement le sauvetage du soldat Pichon), causes pourtant nobles et légitimes, atténuent votre discernement.
Merci d’éclairer ma pauvre lanterne Xavier.