En 2008, le commandant de police Philippe Pichon communique à Bakchich les fiches Stic de Johnny Hallyday et de Jamel Debbouze. Viré sans ménagement, il raconte.
Cela m’inquiète, mais en ce moment, je rêve que je suis Hortefeux. Comme vous le savez, Hortefeux, c’est comme le verre : un ça va, mais deux… Dans mon lit, je suis donc ministre de l’Intérieur. Et passe l’encre noire de mes nuits à annoter le livret policier d’un certain commandant Philippe Pichon. Rien qu’avec des observations élogieuses. Comment, vous ne connaissez pas Pichon ? Un flic, ancien khâgneux, qui croyait que la police, c’était de la littérature. Qu’il y a toujours du Kafka dans le procès-verbal. Il s’est trompé. Le commandant ignorant que trop de policiers écrivent avec des bâtons. Aujourd’hui, Pichon, ce déçu des commissariats, c’est Fabrice à Waterloo décrivant la fin de son empire dans un livre : Une mémoire policière sale. Avec un sous-titre qui l’affiche bien : « 34 millions de citoyens fichés ».
Philippe Pichon, par ailleurs poète et romancier, a un vrai métier : flic. Un policier emmerdant qui croit à des mots usés qui sont « république », « démocratie », « justice », des articles démodés en cette saison où tous les charters mènent aux Roms. Donc, dès qu’il a mis les pieds dans la police, Pichon a débloqué en exigeant, à l’intérieur de l’Intérieur, le respect de la loi. Son bouquin, écrit de conserve avec le sociologue Frédéric Ocqueteau, raconte les parties de catch l’opposant à sa hiérarchie. Cet ouvrage tombe au poil en cette période où, pour gagner des électeurs, tous les politiques ressortent leur trique de derrière le dos. Une mémoire policière sale – titre mal foutu – en contient des recettes pour que règne dans nos rues une police équitable ! Il y a même des pages de travaux pratiques et des consignes : aimer le peuple avec le code pénal sous le bras. Peut-être des fois, aussi, un flingue, si cet abruti de Mesrine ressuscite.
Mais Pichon, la police l’a viré. Comme disait Brel, il est trop bien pour elle. Pourquoi virer un type qui porte un nom si peu agressif ? Parce que le ministre de l’Intérieur et la garde des Sceaux reprochent à Pichon d’avoir communiqué à Bakchich les fiches Stic de Johnny Hallyday et de Jamel Debbouze. Fiches de police publiées sur notre site le 5 octobre 2008. Je vous sens égaré. Bon, en livrant à ses lecteurs les informations secrètes qui dorment dans les dossiers de police, Bakchich n’avait qu’un but, démontrer que, Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) ou pas, c’est toujours Big Brother qui gagne.
Les « informations » engrangées dans le fichier du système de traitement des infractions constatées (Stic), celles sur Johnny et Jamel comme celles qui noircissent les autres sont souvent de déshonorants ragots. Qui peuvent, légalement, dormir pendant quarante ans dans les ordinateurs. Personne ne contrôle sérieusement ce qui entre ou sort de l’infernal « computeur ». Entre deux siestes, la Cnil a pourtant glissé le bout de son nez dans ces mégabits. Pour constater que 25 % des dossiers « contenaient des erreurs », ce qui, sur 34 millions de fiches, représente beaucoup de monde. Et cela donne quoi, par exemple, « l’erreur » ? Qu’un candidat à un poste de convoyeur de fonds se voit refuser l’emploi. Pourquoi ? Parce que, il y a dix ans, il a été poursuivi par son voisin qui l’accusait, à tort, de lui avoir pété sa boîte aux lettres. Voilà la richesse des fonds du Stic.
C’est ce scandale que Pichon a voulu dénoncer. C’est ce que Bakchich, qui aime plus la loi – quand elle est juste – que l’ordre, a dénoncé aussi. Et alors ? Des experts sont au travail puisque appliquer la loi mérite une longue réflexion.
L’autre héros du livre – il en a rédigé la préface –, c’est le si vivant et inexpugnable avocat William Bourdon. Il porte Pichon sur son dos comme Saint-Christophe l’Enfant Jésus. Par deux fois, il a fait mordre la poussière aux décrets, arrêtés et lettres de cachet de la garde des Sceaux, ne laissant pas MAM y faire. Ah mais ! En préambule, Bourdon nous livre son top-modèle d’une police exemplaire. Une utopie qui décoiffe. Et réconforte un peu.
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Je vous trouve bien dure, l’information aussi à un couts car je vous signale que nous ne vivons pas dans le pays des bisounours et que même des journaliste doivent manger. Si l’information était sortie sur un média entièrement gratuit elle ne serais jamais sortie.
Les politique ont toujours utilisé la police dans le sens ou ils le désirerais, se que je trouve navrant est qu’une personne qui dénonce se système soit éjecter de son emploie, au contraire ils aurais du l’écouté et changer les choses. Mais si nous étions dans un monde de justice les campagnes électorales ne serait pas financé par des font privé (obscur) avec pour toile de font des information privé sur les mêmes qui finance, de la à pensé que ces renseignements servent à faire du chantage il ni à qu’un pas.