L’économie française fout le camp et le déficit public avec. Prions pour que la croissance puisse reprendre sa course.
Chronique économie du jeudi
L’économie française s’enfonce inéxorablement dans la récession et le chômage. 90 000 chômeurs en plus en janvier 2009, un déficit budgétaire pour ce mois de 8 milliards d’euros, soit une anticipation de déficit sur l’année de 100 milliards, des comptes de la Sécurité sociale que personne n’ose plus regarder, des prévisions qui se dégradent de jour en jour : rien ne va plus dans l’économie française et les plus hautes autorités de l’État ne savent plus trop que faire….
À l’Élysée, la messe est dite : il y aura 2 500 000 chômeurs en fin d’année et, même si la situation est moins grave qu’en Espagne ou en Grande-Bretagne, l’obsession présidentielle est de savoir comment va réagir la population. Le maintien d’une côte de popularité très basse et les commentaires guère flatteurs sur les dernières prestations présidentielles sur le petit écran ont achevé de semer le désarroi au plus haut niveau.
Sarkozy a désormais deux têtes de Turc : les économistes dont pas un ne fait son mea culpa, bien au contraire, et les Tchèques, qui n’arrêtent pas de lui demander de faire le sien. Car le déficit public annoncé à 5% du PIB il y a un mois, puis 5,5% il y a quinze jours sera probablement supérieur à 6%, soit le double de la norme prévue par le Pacte de Stabilité et de Croissance. Et la présidence tchèque ne se prive pas de montrer du doigt cette dérive et semble ne pas voir, du moins le pense-t-on à Paris, que les autres pays ne sont guère flambants.
Dans ce champ de ruines, la seule bonne nouvelle est l’annonce faite par Trichet d’une reprise dès le début de l’année prochaine. Evidemment, le jour où il a fait part de son enthousiasme sur la dynamique économique de l’Europe, le Financial Times produisait un éditorial annonçant à l’Europe cinq ans de stagnation. Quant à l’OCDE, les experts s’y interrogent savamment sur le fait de savoir si nous allons vers un V, un U, un W ou un L. Le schéma VUWL est le centre de toutes les réunions des conjoncturistes. Derrière ce jargon se trouvent des profils de reprise de l’activité. Chacune de ces lettres est supposée décrire la forme que prendra la courbe donnant l’évolution de la croissance sur les deux ans qui viennent.
Sarkozy en reste pour sa part aux prévisions de Trichet et ne tarie plus d’éloges sur lui après l’avoir voué aux gémonies. La baisse récente du taux directeur de la BCE a valu à ses interlocuteurs une série de commentaires laudateurs sur la réactivité de la BCE, qui sait faire preuve à la fois de souplesse et de prudence dans la conduite de sa politique monétaire.
Ce nouvel amour pour Trichet, dont Xavier Musca, le nouveau secrétaire adjoint de l’Elysée, est un défenseur systématique a en outre un avantage imprévu pour Sarkozy. Cela lui permet en effet de changer son fusil d’épaule sur la présidence de la Commission. Puisqu’il n’est plus négatif sur la BCE, il peut se permettre de l’être sur la Commission, et donc de réclamer que l’on trouve un successeur à Barroso. Celui-ci, qui avait reçu des assurances sur le soutien indéfectible de son ami Nicolas n’en revient pas : la France lui cherche ostensiblement un remplaçant et semble même vouloir que l’affaire se fasse vite. Pauvre Barroso : encore une victime de la crise ; encore un cadre incompris projeté dans le chômage !
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