Favori des prochaines municipales à Paris, le maire de Paris, secret et volontiers colérique, ne devrait pas apprécier ce portrait que lui consacre le journaliste Yvan Stefanovitch, « Bertrand le magnifique » (Flammarion, parution le 25 janvier), dont « Bakchich » publie en exclusivité des extraits.
Bertrand Delanoë le séducteur a réussi en partie son pari : liquider l’héritage chiraquien et ses cohortes de privilèges, booster certains services publics tel celui des crèches, redynamiser l’image de la capitale à l’étranger, avec force Nuits blanches et Vélib… Mais le maire de Paris « aspirant homme d’Etat » - qui se verrait bien à la tête du PS, voire à l’Elysée - y aurait peut-être perdu son étiquette d’homme de gauche et sa générosité. « Le super manager secret et bosseur (…) veut avant tout être jugé sur son efficacité et son sens de l’économie », écrit Stefanovitch. Fin politique, expert en communication, il ne peut empêcher que le bilan de fin de mandat soit dressé… par d’autres que par lui-même. Extraits du livre : comment les associations religieuses ou assimilées sont bichonnées ; le dossier des HLM pour bobos ; l’affaire Vélib.
« Au hit-parade des subventions, aussi bien en volume qu’en nombre d’associations bénéficiaires, les organisations se revendiquant officiellement comme juives ou proches de l’Etat d’Israël sont maillot jaune (1 671 015 euros), loin devant leurs sœurs catholiques (771 500 euros), et les associations protestantes ou musulmanes réduites à a portion congrue. Une comparaison parmi d’autres illustre cette hiérarchie : en 2006, les Eclaireuses et Eclaireurs israélites de France ont reçu 7 000 euros, les Eclaireuses et Eclaireurs de France (laïque) 5 000 euros et les Eclaireuses et Eclaireurs unionistes de France (protestante) 2 700 euros. Peut-être est-ce ainsi que la Ville de Paris tente de se racheter une conduite, elle dont l’ancêtre, le Conseil municipal de la Seine, avait récupéré quantité de biens juifs confisqués pendant la guerre… »
« Une autre affaire montre également l’obsession incessante de Bertrand Delanoë de jouer au chevalier blanc. En septembre 2005, dans le contexte de polémique sur les sinistrés des incendies de l’été, Le Journal du Dimanche publie un article sur les « privilégiés du parc social ». Dès le lundi, Bébert roi du Monde hurle… Il tient, comme à la prunelle de ses yeux à son image. Plus propre que Bertrand Delanoë tu meurs… Or, parmi les « privilégiés du parc social » apparaissent plusieurs noms d’élus de gauche. Des attributions faites sous son mandat, même si ce sont les maires d’arrondissement qui ont octroyé ces logements. Le cabinet publie immédiatement un communiqué sans nuance dénonçant ces présumés abus et annonçant que l’Inspection générale de la Ville a été mandatée pour enquêter. Une réaction à chaud pour se démarquer au maximum d’une affaire qui le prend à contre-pied. Même si les cas dénoncés ne sont pas de son fait, même si les intéressés ne figurent pas parmi ses proches, il lui paraît urgent de contre-attaquer. Parce que toute anomalie sur le sujet du logement lui nuit. Il s’en est persuadé. C’est une véritable obsession. Un seul mot d’ordre sort de sa bouche : « Nous devons être inattaquables… ».
L’Inspection générale a donc recensé toutes les « situations de privilégiés », notamment parmi les élus et collaborateurs d’élus. Le hic, c’est que même pour les cas « indécents », rien d’illégal n’a été mis au jour. Il faut dire que l’Inspection n’a pas le droit de fouiller dans la vie privée et de constater, par exemple, que tel élu bénéficie de deux logements de la Ville, vivant une partie de la semaine avec une personne, le reste avec une autre… Résultat : l’Inspection s’est contentée d’envoyer à tous les élus et à leurs collaborateurs un questionnaire qu’il leur était chaudement recommandé de renseigner. A partir des fiches remplies, l’Inspection a établi des statistiques : 224 élus (dont des conseillers d’arrondissement non rétribués) ou des collaborateurs sont logés dans le parc intermédiaire (dans le PLI ou PLS) ou social (en PLA). Ce qui alimente le populisme et perturbe quelque peu la « pureté » de l’image du maire. En revanche, depuis 2001, seuls 66 élus se sont vus attribuer un logement, dont cinq par le contingent du maire, autrement dit sa fameuse Commission d’attribution présidée par Jean-Yves Mano, laquelle, en l’occurrence, n’a fait que respecter les promesses du maire à destination des fonctionnaires. L’as de la com aurait donc mieux fait de se taire ! »
« En vérité, l’actuel maire s’est fait rouler dans la farine par son ami Jean-Claude. Tout à fait légalement. Financièrement notamment. En effet, le groupe J.-C. Decaux ne tire pas un mince profit de ce mariage vélo-pub. Pour les dix ans (de 2007 à 2017) de cette union, l’entreprise annonce une recette publicitaire minimum de 569 millions d’euros. Ce qui représente un manque à gagner pour la Ville de 56,9 millions d’euros annuels. De son chiffre d’affaires publicitaire de 569 millions, J.-C. Decaux retire une redevance totale de 35millions d’euros (versée à la Ville) pour l’utilisation des panneaux de pub, le coût d’investissement et de fonctionnement de Vélib’, soit 504 millions d’euros.
Ces deux soustractions faites, il reste à Jean-Claude Decaux un bénéfice net minimum de 30 millions d’euros sur dix ans, soit 3 millions d’euros par an. Bertrand Delanoë s’est bien gardé de publier un comparatif sur ce qu’auraient rapporté à la Ville les deux activités, Vélib’ et publicité, si elles avaient été confiées à deux groupes privés différents. L’examen comparatif n’a pas été jugé utile… Le seul chiffre disponible est le bénéfice que va engranger la mairie du fait des Vélib’ : les vélibeurs payeront à la Ville 200 millions d’euros sur dix ans… ce qui est ridicule comparé aux 569 millions d’euros de J.-C. Decaux.
Génial inventeur des abribus publicitaires, l’industriel a réussi à faire décoller son affaire grâce au système Chirac qui l’a choisi dans l’opacité la plus totale. Chevalier blanc de la transparence, notamment en matière de marchés publics, le futur maire socialiste de Paris a bâti son image d’honnête homme en dénonçant des pratiques chiraquiennes qu’il contribue pourtant aujourd’hui d’une certaine manière à faire perdurer. Arroseur arrosé par Vélib’, le maire de Paris ? »
« Tous les sondages et études montrent que les habitants des grandes villes attendent d’abord d’avoir des pelouses pour s’y allonger ou jouer au ballon. 69 % des personnes interrogées sont contre l’interdiction des jeux de balle dans les parcs et 50 % contre celle de marcher sur les pelouses. Sous Chirac et Tiberi, tout était interdit ou presque. Yves Contassot et Bertrand Delanoë ont ouvert les pelouses, fait rentrer les ballons dans les squares et lancé une gestion plus écologique.
La réussite est incontestable. Les Parisiens adorent… Les surfeurs pianotent sur Internet (le système WIFI gratuit fonctionne dans presque tous les squares et jardins), adossés à un banc aux côtés de grands-mères attelées à leur tricot, les jeunes et moins jeunes s’allongent sur les pelouses fleuries près des banlieusards qui y cantinent le midi, les bambins jouent au bac à sable, les grands frères au foot, les plus âgés aux boules et les étrangers se promènent…
Jardiniers, cantonniers et gardiens de square ne sont pas contre ces jardins écologiques à vivre. Mais, tous ces personnels se rendent bien compte que cette nouvelle politique va dans le mur, si elle se résume à une réorganisation des services sans augmentation des effectifs. Derrière des mots, la fête des Jardins parisiens, les ouvertures très médiatiques des jardins d’éole ou des Batignolles, sans oublier les « jardins partagés », se cache une réalité préoccupante qu’Yves Contassot ne peut ignorer. »
Yvan Stéfanovitch, Bertrand le Magnifique, Flammarion, janvier 2008.
Tiens tiens, ça fait tout drôle de relire cet article après avoir entendu le fameux "auteur" de ce livre déblatérer son antisémitisme (débilement présenté qui plus est) et son populisme devant ses camarades de l’ump…
Avant d’écrire sur un auteur, on s’informe un peu mieux sur ce qu’il est et ce qu’il pense. Surtout si c’est pour le défendre.
Vous entendra-t-on sur le silence coupable de Cavada devant cet "illustre auteur" d’essais de discrédit public ?
Je confirme que ce maire est navrant. A la moindre contradiction il peut sortir des enormités.
Moi sur un marché il m’a invité à ne pas voter pour lui !!!! Je l’avais interpellé sur le soutien tres tiède des socialistes au peuple palestinien. Il a nié en disant qu’il avait organisé un debat entre Leila Chahid et un ponte israëlien. Comme je lui faisais remarquer que ce debat était trop confidentiel il s’est enervé et m’a demandé ce que je faisais moi pour la Palestine ??? je lui ai repondu que moi j’avais voté pour lui ! et c’est là où il m’a lancé" Eh bien vous n’avez qu’à pas voter pour moi". En tournant les talons et cela devant les badauds du Marché Aligre.
C’est sans doute unique qu’un elu vous lance de ne pas voter pour lui. L’arrogance n’est jamais bonne conseillère.
mon grand père (un humaniste)à nourri des militaires français en 40, abandonnés à leur triste sort dans un pays africain.
Degaule l’a remercié en lui envoyant des bons au porteur (évanoui dans la poche d’un fonctionnaire véreux de l’époque)
bakchich, pensez vous que delanoê pourra faire quelque chose pour ma famille si je le sollicite :)
ha la rédemption !!