En Europe, les "bleus" ont tendance à devenir de plus en plus "Marine" comme en France. Mais il n’en reste pas moins que le problème fondamental est celui des rouges.
La social-démocratie suédoise était plus qu’un parti : c’était un symbole ; mieux même : un modèle. Et voilà qu’à Stockholm, alors que le gouvernement de droite sortant est allé aux élections avec un taux de chômage de 9% et une récession de -5 % en 2009, elle a été incapable de revenir aux affaires. Personne ne s’en est vraiment aperçu car tous les commentaires se sont focalisés sur les 6% de l’extrême droite. En Europe, les « bleus », c’est-à-dire la droite, ont donc tendance à devenir de plus en plus « Marine » comme en France. Mais si cela est peu ragoûtant, il n’en reste pas moins que le problème fondamental est celui des rouges, c’est-à-dire d’une gauche qui n’a plus rien à dire.
Le vieux Karl Marx serait ébahi de voir que les trotskistes du NPA recrutent à la sortie des mosquées où, pourtant, on répand, tout autant que dans les églises, l’opium du peuple. Et les leaders syndicaux qui firent la gloire des sociaux-démocrates scandinaves dans les années 30 s’interrogeraient probablement sur le programme de leurs héritiers, qui parlent de moins en moins de lutte contre les inégalités sociales pour se concentrer sur la parité homme/femme. La lutte des classes est morte au champ d’honneur de la lutte des places et, de Budapest à Londres en passant par Bratislava, la gauche européenne ramasse gifles sur gifles.
C’est qu’elle n’a plus rien à proposer aux travailleuses/travailleurs qui sont pourtant de moins en moins exigeants. Ils demandent, en fait de plus en plus, du travail tout simplement… Ils ne rêvent plus de grand soir, mais voudraient des petits matins où l’on parte rejoindre un boulot. Mais tandis que le chômage s’incruste, la gauche s’illustre par son absence d’idées. Résultat, c’est elle qui finit, un peu partout, par se retrouver au chômage.
Je n’ai jamais voté à droite du PS et je n’ai pas l’intention de "changer d’un cm", mais à tout prendre, puisque l’État français a décidé il y a longtemps déjà de ne pas interdire le FN, il vaut mieux une Marine plutôt qu’un Golnisch ou une autre vieille barbe branchée sur les étendards de Jeanne-d’Arc, les Dock Martens, et sur Monseigneur Lefebvre.
À court terme, un FN en Costume de Pirate de la Démocratie, ça fait juste une réserve de voix pour l’UMP, mais ça reste au-dessous du seuil de représentativité politique, donc sans risque.
À long terme, ça signifie qu’on laisse subsister - sans l’interdire - un parti destiné à faire de la théâtralisation politique sans représentativité. Du coup c’est un parti qui ne fait QUE de la théâtralisation, qui ne fait aucune pédagogie politique, qui maintient ses électeurs (ultravolatiles) dans un discours régressif qui ne peut même pas servir à construire un discours contraire, ou plutôt qui ne peut servir qu’à construire un discours contraire également régressif.
Je trouve qu’à long terme, c’est sans doute mieux pour l’ensemble du débat politique que la présidence du FN renouvelle son parti et participe au débat politique de façon mature et non pas en faisant du théâtre.
Ensuite, qu’on soit en désaccord, soit, ça paraît évident, mais au moins on pourra en discuter.