Grand absent de Cannes, Jean-Luc Godard a néanmoins envoyé une petite carte postale. Film socialisme est un délire pas drôle, un objet insupportable et prétentieux.
JLG est un mec qui a plein d’idées.
Pour la distribution de son petit dernier, "Film socialisme", il aurait aimé essayer quelque chose : engager un couple et lui donner une copie DVD du film, mais seulement après lui avoir fait suivre une formation de… parachutiste ! Oui, oui, vous avez bien lu.
« Ensuite on pointe au hasard des lieux sur une carte de France et on les parachute dans ces endroits, raconte JLG, 80 ans et toute sa raison, dans les Inrocks. Ils doivent montrer le film là où ils atterrissent. Dans un café, un hôtel… ils se débrouillent. Ils font payer la séance 3 ou 4 euros, pas plus. Ils peuvent filmer cette aventure et vendre ça ensuite. »
Projeté le 17 mai à Cannes dans la section Un certain regard, diffusé en vidéo à la demande, "Film socialisme" est sorti en salles et le public peut enfin contempler la chose sur grand écran.
Comme l’idée de distribution en parachute, le film est juste un gros n’importe quoi.
JLG l’imposteur commence avec une croisière en Méditerranée (oh, la belle métaphore sur l’Europe !), filme des retraités qui s’emmerdent et des guests comme Patti Smith ou Alain Badiou. Puis il colle aux basques d’une famille qui tient un garage dans le Sud où l’on croise des mômes qui veulent faire de la politique. Entre deux plans, l’Helvète underground mixe, remixe et sample les images et les sons : Adolf Hitler, la Palestine, Staline, Odessa, la Grèce, des images d’actu de la Seconde Guerre mondiale, des extraits de films (Potemkine, Varda, la Bataille de Marathon, Chaplin…) avec, en voix off, des phrases définitives comme « Employez le verbe avoir, tout ira mieux en France ». C’est tellement caricatural que, plusieurs fois, j’ai pensé à une parodie de Godard par Les Nuls, en pas drôle, bien sûr. Et, plus grave, il ne communique pas la moindre émotion.
À JLG, qui a beaucoup donné au ciné, il sera (un peu) pardonné. Godard version 2010 prend plaisir à saborder son cinéma, c’est son droit ! Mais que reste-t-il ? Des jeux de mots abscons, une philosophie brumeuse et un lama attaché à une pompe à essence. Ah oui, j’oubliais, il y aussi de très beaux plans de la Méditerranée.
Copie conforme d’Abbas Kiarostami
Il est encore temps de découvrir un des plus beaux films de l’année, un des sommets de Cannes. Avec une Juliette Binoche une nouvelle fois épatante.
Sex and the City 2 de Michael Patrick King
Sex and the City, le film était une suite poussive de la série télé, une pub géante (80 marques y apparaissaient) où il était question de belles robes, de botox et de turista (avec en cadeau Bonux un retour aux bonnes vieilles valeurs comme la fidélité ou le mariage). Deux ans plus tard, en voici la suite bling-bling, tellement palpitante que la Warner ne fait pas de projection de presse. Comme disait Bashung, ça cache quelque chose…
Sweet Valentine d’Emma Luchini
Emma Luchini est la fifille de Fabrice et elle signe aujourd’hui son premier long-métrage. Une comédie pas drôle où une violoncelliste naïve et passionnée s’éprend d’un truand obsédé par la perfection. Rien ne fonctionne, ni l’écriture ni la mise en scène, sans parler de « l’interprétation » de Vincent Elbaz.
La Tête en friche de Jean Becker
Quasi analphabète, Germain (Gérard Depardieu) vit sa petite vie tranquille pépère. Surnommé « Ze Con », Germain n’est pas cultivé, il est resté « en friche ». Un jour, sur un banc public, il fait la connaissance d’une vieille dame très digne de 95 ans, Marguerite (Gisèle Casadesus), qui lui apprend l’amour des livres, la magie des mots. Jean-Loup Dabadie et Jean Becker nous refont Forrest Gump, en moins bien. Du ciné de vieux, prétexte à une enfilade de lieux communs. On évite, même si Gégé est, comme d’habitude, formidable. - M.G.
A lire sur Bakchich.info :
J’ai vu le film de Godard et l’ai trouvé très émouvant. Pourtant je ne lis pas les Inrocks, encore moins les Cahiers du cinéma.
Ce que j’ai trouvé émouvant c’est la beauté des images, son culot (magnifique l’idée de la croisière en goguette, l’ode à "On a raison de se révolter", son sens de la liberté, qui moi m’a fait voyager pendant tout le film. Donc merci à lui, à sa fidélité, jusqu’au mot hilarant qu’il envoyé à Gilles Jacob pour expliquer son absence à la foire cannienne.
Humour, dérision, désenchantement, radicalité : autant de choses que, apparemment, vous ne savez pas voir. C’est sûr que l’orsqu’on a encensé la Journée de la Jupe, on ne peut pas voir un film de Godard. On ne peut que l’insulter.
Votre mépris vis à vis d’un homme qui s’est condacré au cinéma ne pouvait que susciter le mépris des commentaires que vous dénoncez comme méprisants. Mais entre vous et vous, est-ce bien raisonnable ? Quand on n’a rien à dire, peut-être vaut-il mieux se taire ? L’insulte "Godard l’imposteur"c’est un aveu de faiblesse, faiblesse professionnelle s’entend.
Ce que personne n’ose dire, c’est que Jean-Luc Godard était dans la voiture de Paul McCartney, en 1966, quand ce dernier s’est tué dans un accident de voiture et a été remplacé par un usurpateur. Jean-Luc Godard a été tué en même temps et remplacé, lui aussi, par un imposteur.
Je n’ai pas eu le temps de le faire mais je suis sûr que dans chaque film du remplaçant, il y a des preuves de la mort du Maître si l’on visionne le film à rebours.
Comme pour les commentaires précédents, je trouve que la critique est un peu rapide et cinglante pour un objet de cinéma complexe qui traîne avec lui une histoire et un certain charisme.
Cela ne veut néanmoins pas dire que le film est bon. Dans sa première partie, il reprend la déconstruction du récit. Nous suivons une vague histoire mêlant argent, judaïsme, europe et totalitarisme. Mais l’histoire manque de tout. Il n’y a rien, c’est creux (il ne suffit en effet pas de coller trois phrases pseudo-philosophiques, comme "l’eau est un bien collectif" du début" pour rendre l’oeuvre plus profonde.
Sa deuxième partie prolonge largement le socialisme de l’image aujourd’hui. Oui l’image n’appartient sûrement plus aux mêmes personnes qu’aujourd’hui. Oui la jeunesse reprend le pouvoir par d’autres formes. En même temps, ces idées sans aucune autre forme de réflexion restent totalement vaines. On se demande bien pourquoi on est venu dans une salle obscure. Pour savoir que la vidéo et Youtube avaient changé le rapport à l’image et le statut de ceux qui la possèdent ? Grande nouvelle en 2010 dites moi.
Sa troisième partie m’a totalement laissé indifférent. Essai de synthèse globale. Retour sur la croisière, retour sur nos clichés, dépassement par le cinéma et la prose. Elle m’a surtout agressé les yeux. Physiquement. Parce que la vidéo, sur un écran de cinéma, c’est moche (je n’y peux rien, c’est comme ça). Et lancer des textes écrit en gros et en rouge (même en les déplaçant) le plus rapidement possible, ça n’aide absolument pas les choses. Alors, on se dit que la vidéo a sabordé notre cinéma, que les nouveaux possédants de l’image ont finalement détruit ce medium, que le temps est au cliché qui sera ou non repris et résolu. Mais c’est une idée bigrement faible pour me faire mal aux yeux comme ça.
Alors, oui, ce n’est sûrement pas une imposture. M. Godard maîtrise son sujet et ses idées. Son film n’en n’est pas moins éprouvant, physiquement et mentalement, dans le mauvais sens du terme. J’en suis ressorti révolté contre une image du cinéma qui veut s’affirmer intellectuel alors qu’il est seulement pédant.
Je rigole au mot satyriques employé par Bono. Il fait comme les distributeurs du film de Fellini, qui avaient insisté pour l’intituler Satyricon, mot évoquant les "satyres" (genre "du Bois de Boulogne"), plutôt que Satiricon, qui évoque LA satire (celle que pratiquaient des gens comme Molière ou Boileau).
Comme quoi, une simple lettre suffit à tout flanquer par terre. Je suis certain que Godard n’aurait pas fait la faute !
Cher chanteur de U2,
"Insane", "abruti", "minable"… Il ne fait pas bon déboulonner la statue Godard au pays des Inrocks et des Cahiers du cinéma. En gros, vous n’êtes pas d’accord avec moi, donc j’écope de tous ces qualificatifs digne de la maternelle. C’est intéressant !
Vous pointez du doigt la pauvreté de mon analyse, mais vous ne dîtes rien du fond ou de la forme de "Film Socialisme". Un doute m’étreint, l’auriez-vous vu ?
Quant à LOL (un rapport avec Sophie Marceau ?), merci pour votre suffisance et votre mépris. Il y a les gros films US, les petits films français pour la plèbe et les films de CINEMA pour les intellos de votre espèce. C’est pathétique ! Même punition : avez-vous vu le dernier chef-d’œuvre de JLG ? Jusqu’au bout ? Pour info, je vous signale que Godard déteste copieusement la bio d’Antoine de Baecque.
Salut Fred,
Une ou deux mises au point. Libre à vous d’aimer le Godard, libre à moi de ne pas tomber sous le charme. Vous voyez de la poésie (et c’est vrai qu’il y a de sublimes images de la Méditerranée), je vois de la pose. Mais quand vous m’accusez de ne rien voir, permettez-moi de ne pas être d’accord. JE NE VOIS PAS LA MEME CHOSE QUE VOUS ! Le Godard serait un grand film, La Journée de la jupe, une œuvre raciste : c’est votre avis, mais ce n’est en rien une vérité. Si vous pensez que La Journée de la jupe est un film raciste, je vous conseille la lecture de La Loi du ghetto de Luc Bronner, vous allez revenir sur terre. Plus grave, pourquoi est-ce un problème que je ne vois pas la même chose que vous et que je puisse m’exprimer ? Ca vous dérange tant que ça les gens qui ne pensent pas comme vous ?
Sans rancune.
Dites, Marc Godin,
Vous n’êtes pas très sympa ?! Désolée mais comme beaucoup d’autres posteurs, je vous trouve "un peu court, jeune homme". Je n’ai pas vu le Godard mais pensais aller le voir et à la recherche de critiques, suis tombée sur la vôtre, et loin d’avoir gagner une idée plus précise sur ce film, j’en ai acquis la désagréable sensation que le web 2.0 et ses media "participatifs" confondent naïvement "critique" et "opinion".
Soit vous êtes un critique au sens le plus scientifique du terme, et vous développez un commentaire argumenté et problématique, soit, vous n’avez, comme nous, qu’une opinion, et vous la gardez pour vous plutôt que de nous l’asséner.
Vous utiliser la forme de validation de fait que produit la presse comme dispositif pour diffuser une opinion et vous faîtes le sophiste : vous revendiquez une expertise (c’est le dispositif qui vous en fait cadeau) MAIS vous prétendez n’énoncer qu’une opinion pour vous défendre de vos détracteurs, auxquels du reste vous vous adressez avec beaucoup de… Mépris (bien sûr).
Mais ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas le seul. Du reste, la prolifération de ce journalisme de l’à-peu près, pétris d’opinions personnelles et de plus en plus vide d’analyses approfondies m’inquiète plus que la qualité du dernier JLG.
Bien à vous,
Tiphaine
Tiphaine,
Vous tapez fort et cela m’interpelle.
1° - Comme les autres posteurs, vous n’avez pas vu "Film Socialisme".
2° - J’ai 2500 signes pour donner une critique d’un film. Pour un JLG, c’est peut-être court (jeune homme), j’en conviens, mais c’est comme cela, j’ai ce calibrage. J’ai débuté mon papier en citant les propos grotesques de JLG dans Les Inrocks. J’ai embrayé avec une (brève) critique : un résumé de la chose, une description du dispositif et des arguments. C’est vrai que je n’ai pas développé, l’ensemble me semblant tellement abscons et caricatural que je n’avais pas envie de m’étendre.
3° - Des années de déception godardienne ont fait que ce papier était torché et assez dur. Mais vous connaissez le proverbe, qui aime bien, châtie bien…
4° - Contrairement à vous, je n’ai pas de mépris pour les lecteurs qui ne sont pas de mon avis.
5° - Allez voir le film !