Le sauvetage in extremis de DSK à la tête du FMI a laissé deux équipes diplomatiques assez amères. Les Russes… et les Français.
Amers comme une mauvaise vodka, les Russes ont l’impression -dans le combat qu’ils mènent contre DSK- d’avoir ouvert les hostilités au mauvais moment.
En effet, l’administration américaine a fait comprendre, compte tenu du temps qu’il lui reste à vivre, qu’elle ne souhaitait pas choisir maintenant un nouveau directeur. En outre, le FMI va devoir faire face à des urgences. La crise bancaire gagne certains États dont les créanciers en mal de fonds ne veulent pas renouveler les emprunts arrivés à échéance. Si la Banque centrale européenne (BCE) est prête à intervenir pour aider les États qui ont des liens avec elle au travers notamment du Système Monétaire Européen rénové comme la Hongrie, elle fait la sourde oreille vis-à-vis des autres pays européens en difficulté comme l’Islande, l’Ukraine, voire le Danemark. Quant à la Réserve fédérale des États-Unis, au temps de la splendeur greenspannienne, elle n’avait rien fait pour sauver la Thaïlande, entraînant de ce fait la crise asiatique. On la voit mal aujourd’hui, faire quelque chose pour sauver des institutions non-américaines.
Le FMI est donc sollicité pour fournir des munitions aux pays menacés. 260 milliards de $ ont été mis de côté. Cela paraît, à certains, bien court et la distribution se fait avec parcimonie. L’Islande qui demandait 5 milliards a obtenu 1,7 milliards et l’Ukraine qui a obtenu 17 milliards réclame avec insistance 5 milliards de plus.
Pour l’instant, 80 milliards sont prévus pour l’Europe de l’Est tandis que le reste sera distribué après examen de la situation des autres pays. Si les clients habituels du Fonds comme le Mexique, la Turquie ou l’Argentine sont en train de négocier discrètement des prêts au montant plutôt élevé, le seul pays qui intéresse les États-Unis reste le Pakistan.
DSK l’a bien compris et il a donné des instructions très claires : non seulement il faut prêter au Pakistan mais il ne faut pas lui imposer comme le fait généralement le Fonds la politique d’austérité qui permettrait un retour rapide à l’équilibre de la balance des paiements courants. Une telle politique, en contractant brutalement les dépenses publiques, déstabiliserait encore plus ce pays en déroute. Pour DSK, il s’agit dans cette affaire de se montrer très souple vis-à-vis des Américains, afin de consolider une position que les Russes et les Japonais lui contestent plus que jamais.
Les Russes sont d’autant plus attentifs à ce qui se passe que les Ukrainiens figurent dans la liste des quémandeurs. Si jamais Kiev obtient ce qu’elle demande, ils sont déterminés à avoir la peau de DSK.
Seconde équipe amère, celle qui a organisé le sauvetage, à savoir les diplomates de l’ambassade de France à Washington. « Don Juan » n’aurait rien appris ni rien compris. Il semble considérer que quelques flatteries vis-à-vis des Américains et un renflouement du Pakistan suffiront à lui assurer des jours heureux à la tête du FMI. Ce constat achève d’agacer l’Élysée. Ingrat, DSK suit avec un certain dilettantisme la préparation de la rencontre du 15 novembre sur la refonte du système monétaire international dont Sarkozy a fait son nouveau cheval de bataille. Manifestement, pour lui, il y a des urgences plus pressantes que de satisfaire aux foucades de Sarkozy et de Guaino. Un temps déstabilisé, notamment par la mise en veilleuse progressive de son « Union pour la Méditerranée », ce dernier s’est remis en selle avec le « Bretton woods II ». Et si celui-ci ne débouche sur rien de concret, le coupable désigné sera DSK…
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