DSK a été blanchi ce dimanche par le FMI. Ramzy Khiroun, son conseiller en comm’, n’avait pas ménagé ses efforts pour aider son patron. C’est l’homme des bons coups… et des moins bons.
L’enquête sur DSK à peine révélée par le Wall Street Journal, Ramzy Khiroun avait sauté dans l’avion. Direction : le FMI. Avec un objectif : sauver le soldat DSK empêtré dans de sales draps. Les deux hommes se connaissant depuis une dizaine d’années et ont travaillé ensemble pour la bataille des législatives à Sarcelles, l’investiture du PS à la présidentielle de 2007 ou encore la campagne mondiale pour la tête du FMI.
« Je suis venu aux États-Unis », raconte Ramzy Khiroun à Bakchich lundi 19 octobre, « pour être à ses côtés en ce moment. Et l’aider dans cette panade ». En un mot : comment faire retomber la sauce et gérer son image, après la révélation d’une liaison extra-conjugale et les soupçons d’abus de pouvoir. Avant de faire appel à son avocat, DSK en a appelé à son homme de communication et a mis au point avec lui, un plan de crise. Avec l’idée de réagir vite et fort. Primo, le patron du FMI a « présenté ses excuses » au personnel de l’institution et à ses proches. Deuxio, il a souligné que l’affaire était d’ordre privé : « Je crois fermement que je n’ai pas abusé de ma position ». Le tout sous forme d’e-mail sans apparition médiatisée du chef mais avec message de soutien de son épouse, Anne Sinclair, sur son blog. Du grand art…
À 37 ans, Khiroun fait partie de la garde rapprochée de DSK. Les deux hommes, qui se connaissent depuis une dizaine d’années, sont devenus des amis. L’un est le « patron », l’autre, son conseiller en communication. Khiroun a suivi DSK dans toutes les batailles qu’il a successivement menées : législatives, primaires du PS avant la présidentielle et campagne pour le FMI. Rien de facile au menu. Khiroun est donc devenu un « spécialiste des gestions de crise », comme il se définit lui-même. Et en a fait une carte de visite pour l’agence de comm’ Euros-RSCG et le groupe Lagardère, dans lesquels il travaille.
Depuis un an, le conseiller de DSK partage son temps entre les deux boîtes, ce qui pose la question d’un éventuel conflit d’intérêts. Surtout quand on sait que Euro RSCG s’occupe de la communication du FMI (pour l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud) comme de celle du groupe Lagardère et que les derniers sondages hyper favorables à DSK ont été respectivement publiés dans le JDD, fin septembre, et dans Paris Match, mi-octobre. Deux titres du groupe Lagardère ! La boucle ne pourrait être complètement bouclée si l’on ne s’interrogeait aussi sur la chronique « Les Carnets d’Amérique » que tient Anne Sinclair, l’épouse de DSK, chaque semaine et pendant toute la campagne électorale américaine, dans le JDD. Pur hasard ou Khiroun y est-il pour quelque chose ?
« Ce n’est pas Ramzy qui fait les sondages ! » rétorque Stéphane Fouks, co-président de l’agence Euro-RSCG et patron de Khiroun. « Et quant au JDD, c’est lui qui a fait le plus d’écho à l’histoire de DSK au FMI, après la parution de l’article du Wall Street Journal dont on se serait bien passé ». Sous-entendu, une mauvaise pub qui dédouane Ramzy Khiroun de tout soupçon. Le JDD a en effet réalisé une double page sur la question. Extraits de l’article : « Strauss-Kahn est trop doué pour le bonheur. (…) La crise financière le réinstalle au cœur de l’actualité. (…) C’est son meilleur atout - comme toujours : son talent, jusqu’ici, l’a toujours sauvé de ses défauts. » On a connu plus virulent comme critique !
« Quand le FMI a fait son appel d’offres », concède quand même le président d’Euro RSCG, « on était assez ennuyé. Du fait des liens entre DSK et Ramzi Khiroun, on s’est dit, si on gagne tout le monde va répliquer, “vous l’avez eu à cause de ces liens d’amitié”. Et si on rate, tout le monde va lancer : “même avec ça, vous n’êtes pas capables de remporter l’appel d’offres !” ». Le contrat en poche, Khiroun et DSK sont restés amis. Parce que vraiment, l’amitié ça n’a pas de prix ! Khiroun, lui, plaidait non coupable, lundi 19 octobre sur ces connexions : « pour DSK, ce n’est pas Lagardère qui m’envoie ». Donc tout va bien sous le soleil.
Sauf que le nom de Ramzy Khiroun est pour certains synonymes de pressions. Mercredi 22 octobre, le site Agora Vox révèle qu’« une vidéo en ligne sur le web explique à mots couverts que DSK aurait pu se livrer à des violences sur Tristane Banon, une jeune journaliste et romancière ». Avant de donner la parole à la journaliste qui explique pourquoi elle n’a pas porté plainte, il y a six ans : « Il est avec un mec qui s’appelle Ramzy, qui n’est pas forcément un tendre, il n’a pas forcément des méthodes très raffinées… Je ne pense pas qu’il m’aurait fait assassiner, mais me refaire le portrait, ça aurait été possible… » Qui croire ? Joint par Bakchich après la publication de ce nouveau témoignage, le conseiller en communication n’a pas donné suite à nos nombreux messages laissés sur son répondeur.
Les cas s’enchaînent. Il y a un an, en octobre 2006, Ségolène Royal est sifflée au cours d’un meeting. Ses partisans soupçonnent les amis de Dominique Strauss-Kahn d’être derrière. Le clash est évité de peu entre le « royaliste » Julien Dray et le chargé de comm’ de DSK. Six mois plus tard, dans le livre Sexus Politicus, Christophe Deloire et Christophe Dubois racontent qu’ils ont reçu un « coup de fil du conseiller en communication de Dominique Strauss Kahn ». Ramzy Khiroun, encore. « L’homme est inquiet. Il a entendu parler de Sexus politicus. Le jeune homme exige de savoir ce que les journalistes savent sur son “patron” (sic), s’ils détiennent ou non des documents de police, comme il l’a entendu dire. Étrange attitude consistant à devancer toute demande pour bien signifier que l’enquête est sous surveillance. Le “démineur” est pressé », écrivent les journalistes. Khiroun va jusqu’à les rencontrer. Histoire de se renseigner à la source.
L’ami de DSK ne laisse rien passer. La comm’ à tout prix ?
En 2006, en pleine campagne pour l’investiture du PS à la présidentielle, une équipe de « Dimanche+ » suit DSK. Son conseiller de communication, Ramzy Khiroun, lui explique discrètement ce qu’il doit faire dans le cadre du reportage : « Surtout, tu te demandes le disque de Zidane y va marquer, tu dis que c’est pour ton petit-fils ». La scène est filmée et diffusée sur Canal+. Et un mauvais point pour la comm’ de DSK ! Un mois plus tard, en octobre 2006, Ramzy Khiroun, qui flaire le bon coup politique, met au point un nouvel instrument de campagne pour DSK… Un remix composé pour l’occasion, sur l’air de « Zidane y va marquer » - décidément ! - et qui s’intitule « Tout le monde à gauche ! » Le nom du candidat à l’investiture du PS y est scandé à chaque refrain. Mais là encore, la comm’ prévue n’y changera rien : DSK perd la primaire, battu par Ségolène Royal.
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