Dès aujourd’hui et pour 2 à 3 semaines, les salariés de plusieurs usines PSA-Peugeot sont en congé forcé. Premières répercussions de la crise sur l’économie « réelle ».
La crise financière ne pouvait pas ne pas se répercuter sur ce qu’on appelle l’économie réelle, comme si les banquiers vivaient dans un monde fictif, comme si ce qu’il y a sur nos comptes en banque n’avait aucune importance sur notre activité.
Désormais, l’enjeu est d’essayer d’évaluer les dégâts de la gabegie bancaire américaine des années 2000 sur les années à venir. Dans une interview (à lire en anglais et en intégral dans le New York Times, ou en français sur le Monde.fr) accordée à la presse anglo-américaine, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Alan Greenspan, après avoir fait une autocritique façon cadre du Parti années 50, annonce les pires difficultés pour les Etats-Unis. Et il pense que les nationalisations vont être la règle générale dans le sauvetage d’entreprises à la dérive, principalement dans l’automobile et ce qui reste de sidérurgie : autocritique, nationalisation… Il va falloir calmer nos néo-libéraux, qui nous font une crise de bolchevisme tardif.
Sur le terrain, le déficit fédéral des Etats-Unis va bondir de 165 milliards de dollars en 2007 à 1000 milliards pour l’année fiscale en cours. Cela a pour conséquence de rendre définitivement caduques toutes les promesses électorales des deux candidats à la Présidence des Etats-Unis. La seule qui paraît tenir est l’augmentation des impôts des particuliers qui gagnent plus de 150 000 $, annonce plus que promesse faite par Obama et sur laquelle il est devenu très discret. Certes, à Washington, les conseillers économiques des deux équipes en lice vont répétant que cela ne représente que 8% du PIB des Etats-Unis. Or, d’autres pays comme l’Italie des glorieuses années 70 vivaient allègrement avec 10 à 11% de déficit.
Sauf qu’en ce temps-là, il y avait de l’inflation, et pour l’instant, malgré les injections de monnaie à répétition dans le système, c’est plutôt la déflation qui pointe : baisse des prix des actifs, repli des matières premières et faillites annoncées dans l’industrie.
En Espagne, le pays européen le plus touché par la crise – on y a beaucoup vécu à crédit, mais comme les finances publiques étaient équilibrées, personne ne s’en inquiétait –, on aura perdu, en 2008, 500 000 emplois. En France, le rythme mensuel des suppressions d’emploi est d’environ 10 000 et à Bercy on anticipe 400 000 chômeurs de plus à la fin 2009.
Le secteur qui souffre le plus est celui de l’automobile. Partout, y compris en Asie, les carnets de commande se vident et le chômage technique s’installe. Ne s’en sortent que les marques qui ont un plus, comme Fiat avec sa dernière Fiat 500, au caractère délicieusement « italianissime »… Les plans sociaux se préparent. Chez Renault, tout le monde se demande si, en faisant monter en puissance Patrick Pélata, Carlos Goshn cherche un allié, sent un successeur ou prépare un bouc émissaire. En tous cas, il devient clair que la « greenspanisation » est en cours, avec autocritique et reprise en main par l’Etat. Chez Peugeot, où grâce à Citroën, la situation est moins difficile, il n’en reste pas moins que l’heure est à l’évaluation des suppressions d’emplois futures. En Allemagne, les responsables du secteur en prévoient 20 000 et un report d’un an des investissements afin d’y voir plus clair.
Ultime personnage inquiet, le premier ministre slovaque : la croissance de son économie – +11% en 2007 – est en train de fondre au gré des vicissitudes automobiles, car la Slovaquie n’est qu’une gigantesque usine de voitures. Il croise les doigts, car son pays doit rejoindre l’euro en janvier 2009 et la BCE regarde avec un soin tout particulier la situation. Un dégât collatéral parmi d’autres…
Lire ou relire sur Bakchich.info :
La Caisse des dépôts va injecter trente milliards d’euros dans l’économie… Pas mal pour des caisses vides !
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