Avec la crise, les banquiers et autres golden boys ont chuté de haut. Très haut. Parfois des tours d’un château. Petit récit de deux dégringolades. Ou l’histoire de banquiers confrontés à leurs impayés…
Il y a quatre ans, pour cet important dirigeant de la plus importante banque de France, l’argent ne coûtait rien. Bonus, stock options, jetons de présence, crédits par chers et traitement représentant 30% de son revenu global, notre ami salarié peut se porter acquéreur d’à peu près n’importe quoi. Et c’est ce qu’il fait.
Aspiré par l’air du petit large, il répond même à cette étonnante migration qui attire plus les hommes comme lui vers le bleu méditerranéen, que vers le paradis des « ch’ti ». D’ailleurs, l’unique circonstance où les riches se tirent vers le bas, c’est à cette occasion là. C’est au bord de la Méditerranée, au cœur d’une vieille cité qui a les pieds pas bien loin de l’eau et une chapelle où vient prier Chirac, que l’irrésistible banquier se porte acquéreur d’un château. Un vrai avec tours, ruines et mâchicoulis, mais aussi, au milieu, un hôtel particulier à faire pâlir d’envie le si modeste François Pinault. Bien sûr, on voit la mer. Le prix reste secret, mais le cantonnier qui écoute aux portes parle de 5 millions d’euros. Et les maçons du coin ajoutent plus de deux millions de travaux.
Le problème est que le châtelain a des voisins. C’est moche pour un châtelain. Discussions au-dessus des remparts, notre banquier achète l’environnement. Puis fait un plan pour « marier de façon élégante » la maison connexe et sa piscine, à la rude beauté des pierres du château. Les soirs d’été, on donne des concerts pour quelques happy few. Ne manquent que le Great Gasby et Zelda.
L’avenir de tous ces gens est prévu pour durer longtemps, même le socialisme ne leur fait pas peur puisque Blair a inventé le blairisme. Une gauche au poil, Canada Dry, faite pour affliger les faibles et réconforter les puissants.
Et crac, ça, ni notre banquier, ni Alain Minc ne l’avaient prévu. A force d’être subprimée, casinotée avec le fric des autres, à force que l’on prenne l’oseille et que l’on se tire, que l’économie ne soit plus qu’un tas d’argent, un camion de la Brink’s : le business mondial tombe sur le cul. Une martingale que notre banquier n’avait donc pas envisagée. Lui, son boulot, c’était faire n’importe quoi, de traire le bonus rapido. Demain chantera toujours. Ben non, le coq évangélique a fait cocorico.
Et qui est bien embêté avec son joli château, son voisinage domestiqué, ses fêtes musicales et pas assez de fenêtres pour y jeter le fric ? C’est notre grand banquier, amateur de soleil, de musique et de madame Parisot. Baroque bien sûr – la musique, pas Parisot. Notre expert n’avait pas prévu qu’une fin du monde puisse toucher autre chose qu’un pauvre… Il avait « engagé des dépenses » sur un rythme correspondant au flot d’argent coulant dans son intarissable rivière. Mais bernique. C’est le Jourdain, plus de flot. Plus de rivière et des stocks options en peau de lapin. Si le malheur des riches n’a rien de réjouissant, le malheur de ceux qui ne pensent pas au malheur, oui.
Tous les banquiers n’aiment pas la mer. Celui-ci, Anglais, aime Chamonix comme ses ancêtres qui ont fondé la ville. Ligne d’avions qui font Genève-Londres avec la régularité d’un RER quand il marche bien, air pur et joli paysage : pourquoi vivre dans cette Londres un peu noire, un peu black, un peu fumeuse ? On prend la femme, les enfants blonds et on achète, contre trois millions d’euros, un chalet à Chamonix, sous le Brévent. On le casse pour faire deux millions de travaux (il semble que ce soit la norme des banquiers pour rendre un endroit habitable). A l’école, les gosses ne sont pas dépaysés puisque plein de gamins britanniques sont déjà inscrits dans les classes, papa banquier n’étant pas le seul sujet de la reine à s’être délocalisé à l’air pur.
Baisé d’adieu le lundi matin, baisé de retrouvailles le vendredi soir, un petit RTT de temps en temps, en rêvant d’Aubry comme d’une Marilyn : la vie rêvée.
Bizarre, pas plus le banquier anglais que son clone français n’a flairé la fin de ce monde. Vivant avec l’aveuglement et l’adrénaline d’un joueur de poker pour lequel il y a toujours une quinte qui se cache derrière les lueurs de l’aube.
Plus assez de sous pour payer le chalet et les travaux, plus assez de vols commodes pour rejoindre Londres où le jet n’est plus easy. Ce n’est pas la pauvreté mais la misère, celle de l’échec, et la honte pour le boy de se remettre à vivre sans golden.
Si vous avez un plan d’épargne logement, un écureuil, un prêt super bonus sur mille ans et que vous avez économisé toute votre vie et même un peu gâché vous poumons dans des bureaux amiantés, vous pouvez vous pointer en camping car, pour vous porter candidats à la reprise. Venez à plusieurs, car les décombres coûtent cher.
A lire ou relire sur Bakchich.info
entierement d’accord avec vous !! et idem en bord de mer …..
mais ceci ne passionne pas les politiques , mieux vaut faire du blablabla pour esbaudir les foules …..
en attendant , l’immobilier reste hors de prix dans ces contrées ….