Il était une fois, dans un lointain royaume, un bon roi du nom de Georges. Il était puissant et respecté, et ses sujets l’aimaient. Un conte inédit de Charles Perrault sur la crise financière.
Le bon roi Georges était parti en croisade contre des Mahométans qui avaient détruit deux grandes tours de son château, au début de son règne. Cette croisade était bien difficile et de nombreux gens d’armes mouraient pour sa bannière étoilée dans un lointain désert du nom d’Irak.
En même temps, ce n’était pas très grave, car ceux qui périssaient là-bas étaient souvent des moricauds. Les moricauds étaient une vraie plaie dans le royaume : ils prenaient des substances, profitaient de l’aide sociale, faisaient moult lardons précocement et parfois votaient pour les démocrates, une dynastie adverse, toujours prompte à vouloir s’emparer du trône.
On avait même vu les moricauds se révolter dans des jacqueries insensées et il fallait en jeter un grand nombre dans les culs de basse-fosse, voire pour les plus enragés d’entre eux, appeler le bourreau pour les empoissonner à l’aide de piqûres fatales ou les estrapader électriquement. Le bon roi Georges aurait aimé que tout son peuple, même les moricauds, qui n’étaient pas tous mauvais, soit bien logé et ait un toit pour jouir en paix des bienfaits du Seigneur et L’adorer, Lui qui avait mis l’Américain au sommet de la Création, au-dessus des poissons dans la mer, des animaux sur la terre, des oiseaux dans le ciel et des Français qui sont tous communistes et fument de l’herbe à Nicot.
Mais son peuple était pauvre comme Job à cause du capitalisme, une peste étrange qui ravageait le royaume depuis son origine et rendait les riches de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. On avait beau inscrire le nom du seigneur sur les assignats verts, « In God we trust » ceux-ci, à cause du capitalisme, s’accumulaient toujours dans les mêmes poches de quelques-uns, heureusement tous amis et fidèles du bon roi Georges.
Adoncques, le bon roi Georges voyait bien que ses manants ne pouvaient acheter la moindre masure du Wyoming ni chaumière de Nouvelle-Angleterre, ce qui la foutait mal quand on est un royaume envié de tous qui a envoyé des hommes dans les Etats et Empire de la Lune, comme l’avait rêvé monsieur de Bergerac. Le bon roi Georges consulta ses conseillers, tous capitalistes, mais sans que cela leur portât préjudice car ils étaient riches à s’en faire péter la sous-ventrière.
Pour construire des maisons aux pauvres, les conseillers dirent au bon roi Georges de faire appel à des géants. Ces géants avaient des noms qui sonnaient joyeusement dans le petit matin : il y avait Freddie Mac, Fanny Mae ou encore les frères Lehmann. Les géants, tout géants qu’ils étaient, ne voyaient pas trop bien comment loger tous ces peigne-culs et ces pue-la-sueur qui avaient la bourse plate et les côtes saillantes. Ils firent donc appel à une fée de Wall Street appelée Subprime. Subprime était une fée menteuse, douée en étonnants sortilèges financiers et dont les pouvoirs surpassaient ceux de Circé. En effet, elle expliqua aux géants qui expliquèrent aux conseillers qui expliquèrent au bon roi Georges qu’il était très facile de prêter sur trois générations de l’argent aux pauvres pour qu’ils s’achètent leur maison. Car leur maison, aussi modeste fut-elle, avec le temps, finiraient par valoir plus que ce qui aurait été prêté aux gueux. À la fin, comme par magie, la triste bauge d’un faubourg du Mississipi vaudrait autant d’écus sonnants et trébuchants que le castel d’une princesse de Beverly Hills comme Nicole Kidman.
Il fallait être bien fol pour croire la sournoise fée Subprime mais Freddie Mac, Fanny Mae et les Frères Lehman, étaient plus avides d’or que ne le fut Crassus. Et comme la guerre aux Mahométans continuait, et comme ceux-ci ne voulurent plus donner à vil prix leur huile de pierre qui faisait rouler charrettes et carrosses du royaume, tout le monde s’affola et voulut récupérer ses pistoles. Une grande peur s’abattit alors sur tous les sujets du roi Georges.
Les géants moururent foudroyés et en tombant leurs grands corps ébranlèrent toute la Terre. Par milliers les manants se retrouvèrent sur les routes et le bon roi Georges, pour essayer de sauver ses amis les géants qui avaient survécu décida en plus de prendre ce qui restait de bon argent à ses sujets pour payer les dégâts de la fée Subprime. Autant dire que le bon roi Georges, à la fin de cette histoire, est en fait une belle enflure.
Charles Perrault est le nouveau pseudo choisit Jérôme Leroy
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