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Le bon roi Georges et la fée Subprime

PASTICHE / dimanche 28 septembre 2008 par Charles Perrault
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Il était une fois, dans un lointain royaume, un bon roi du nom de Georges. Il était puissant et respecté, et ses sujets l’aimaient. Un conte inédit de Charles Perrault sur la crise financière.

Le bon roi Georges était parti en croisade contre des Mahométans qui avaient détruit deux grandes tours de son château, au début de son règne. Cette croisade était bien difficile et de nombreux gens d’armes mouraient pour sa bannière étoilée dans un lointain désert du nom d’Irak.

En même temps, ce n’était pas très grave, car ceux qui périssaient là-bas étaient souvent des moricauds. Les moricauds étaient une vraie plaie dans le royaume : ils prenaient des substances, profitaient de l’aide sociale, faisaient moult lardons précocement et parfois votaient pour les démocrates, une dynastie adverse, toujours prompte à vouloir s’emparer du trône.

On avait même vu les moricauds se révolter dans des jacqueries insensées et il fallait en jeter un grand nombre dans les culs de basse-fosse, voire pour les plus enragés d’entre eux, appeler le bourreau pour les empoissonner à l’aide de piqûres fatales ou les estrapader électriquement. Le bon roi Georges aurait aimé que tout son peuple, même les moricauds, qui n’étaient pas tous mauvais, soit bien logé et ait un toit pour jouir en paix des bienfaits du Seigneur et L’adorer, Lui qui avait mis l’Américain au sommet de la Création, au-dessus des poissons dans la mer, des animaux sur la terre, des oiseaux dans le ciel et des Français qui sont tous communistes et fument de l’herbe à Nicot.

Mais son peuple était pauvre comme Job à cause du capitalisme, une peste étrange qui ravageait le royaume depuis son origine et rendait les riches de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. On avait beau inscrire le nom du seigneur sur les assignats verts, « In God we trust » ceux-ci, à cause du capitalisme, s’accumulaient toujours dans les mêmes poches de quelques-uns, heureusement tous amis et fidèles du bon roi Georges.

Adoncques, le bon roi Georges voyait bien que ses manants ne pouvaient acheter la moindre masure du Wyoming ni chaumière de Nouvelle-Angleterre, ce qui la foutait mal quand on est un royaume envié de tous qui a envoyé des hommes dans les Etats et Empire de la Lune, comme l’avait rêvé monsieur de Bergerac. Le bon roi Georges consulta ses conseillers, tous capitalistes, mais sans que cela leur portât préjudice car ils étaient riches à s’en faire péter la sous-ventrière.

Les géants Fanny, Freddie et Lehman ébranlèrent la terre en mourrant

Pour construire des maisons aux pauvres, les conseillers dirent au bon roi Georges de faire appel à des géants. Ces géants avaient des noms qui sonnaient joyeusement dans le petit matin : il y avait Freddie Mac, Fanny Mae ou encore les frères Lehmann. Les géants, tout géants qu’ils étaient, ne voyaient pas trop bien comment loger tous ces peigne-culs et ces pue-la-sueur qui avaient la bourse plate et les côtes saillantes. Ils firent donc appel à une fée de Wall Street appelée Subprime. Subprime était une fée menteuse, douée en étonnants sortilèges financiers et dont les pouvoirs surpassaient ceux de Circé. En effet, elle expliqua aux géants qui expliquèrent aux conseillers qui expliquèrent au bon roi Georges qu’il était très facile de prêter sur trois générations de l’argent aux pauvres pour qu’ils s’achètent leur maison. Car leur maison, aussi modeste fut-elle, avec le temps, finiraient par valoir plus que ce qui aurait été prêté aux gueux. À la fin, comme par magie, la triste bauge d’un faubourg du Mississipi vaudrait autant d’écus sonnants et trébuchants que le castel d’une princesse de Beverly Hills comme Nicole Kidman.

Il fallait être bien fol pour croire la sournoise fée Subprime mais Freddie Mac, Fanny Mae et les Frères Lehman, étaient plus avides d’or que ne le fut Crassus. Et comme la guerre aux Mahométans continuait, et comme ceux-ci ne voulurent plus donner à vil prix leur huile de pierre qui faisait rouler charrettes et carrosses du royaume, tout le monde s’affola et voulut récupérer ses pistoles. Une grande peur s’abattit alors sur tous les sujets du roi Georges.

Les géants moururent foudroyés et en tombant leurs grands corps ébranlèrent toute la Terre. Par milliers les manants se retrouvèrent sur les routes et le bon roi Georges, pour essayer de sauver ses amis les géants qui avaient survécu décida en plus de prendre ce qui restait de bon argent à ses sujets pour payer les dégâts de la fée Subprime. Autant dire que le bon roi Georges, à la fin de cette histoire, est en fait une belle enflure.

Charles Perrault est le nouveau pseudo choisit Jérôme Leroy

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Pov’ petit juge américain. Le malheureux qui va devoir s’occuper du cas de Lehman Brothers, la quatrième banque américaine qui a fait faillite la semaine dernière, laissant 613 milliards de dollars de dettes, fait face à de gros et méchants (…)
Si le capitalisme triomphe, c’est grâce à une technique qu’il a mis au point au XIXe siècle, arnaquer l’Etat et ses contribuables. La méthode est défendue par les experts médiatisés, qui aident la crise financière à passer comme une lettre à la poste. (…)
La banque en faillite arrive en tête des classements 2007 de la profession. Chapeau les analystes ! S’ils ont raison, cela annonce des lendemains qui chantent dans les bourses du monde entier.

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5 MESSAGES

Forum

  • Le bon roi Georges et la fée Subprime
    le vendredi 3 octobre 2008 à 09:19
    Intéressant et drôle à lire. Mais à force de vouloir caricaturer on en oublie certains faits : Fannie Mae a été créé en 1938 par Roosevelt (démocrate). Cette agence d’Etat avait le monopole du refinancement des crédits hypothécaires. En 1968, c’est sous l’administration Johnson (démocrate) qu’est décidé la privatisation de Fannie Mae. L’objectif est d’alléger le budget de l’Etat grêvé par la guerre du Vietnam … Freddie Mac est créé en 1970 (administration Nixon - républicain)dans le cadre d’un plan d’urgence sur l’immobilier. En 1999 Bill Clinton (grand Dieu encore un démocrate) pousse Fannie Mae à étendre le crédit hypothécaire à des catégories de personnes ayant des revenus faibles ou modérés. Le crédo démocrate alors est que pour ces personnes il faut mieux assoir le crédit non sur les revenus mais sur la valeur du bien acheté. C’est bien connu en ce moment, les prix de l’immobilier ne peuvent qu’augmenter. GW Bush après avoir interdit le recours à des prêts risqués à taux élevés pour acheter un bien immobilier en 2000 fait marche arrière en 2004, redonnant un nouvel élan au marché du crédit hypothécaire. Fannie Mae et Freddie Mac sortent alors d’un scandale comptable (genre Enron, c’était la mode à l’époque). Alan Greenspan demande une plus forte régulation de leurs activités. Les démocrates soutiennent l’extension du rôle des 2 institutions financières car pour eux elles ont pour mission de faciliter l’accession à la propriété des plus démunis. En 2005 le Comité bancaire du Sénat américain, sous l’impulsion d’élus répunlicains propose une législation plus stricte pour encadrer l’activité de Fannie Mae et Freddie Mac. John McCain monte à la tribune pour soutenir le texte. Barack Obama est d’un silence consternant sur le sujet et les élus démocrates font échouer le projet en votant contre. Tout cela pour démontrer que l’actuelle administration a certainement de nombreux torts, mais que sur cette crise des subprimes, les responsabilités se partagent entre beaucoup …
  • Le bon roi Georges et la fée Subprime
    le mardi 30 septembre 2008 à 11:58, maga a dit :
    Je n’ai pas encore d’enfants, mais je garde la fable pour la leur conter le soir avant de dormir.
  • Le bon roi Georges et la fée Subprime
    le lundi 29 septembre 2008 à 18:03, impots-utiles.com a dit :

    Ce week end, Fortis a été nationalisé (et l’affaire n’est pas finie puisque personne ne sait exactement ce qu’il adviendra d’ ABN-AMRO, racheté par Fortis et a priori lâché depuis aujourd’hui) et le contribuable belge doit être particulièrement heureux de cette nouvelle charge qui lui pèse sur les épaules. A cette occasion, un lecteur d’ impots-utiles nous a envoyé le résumé de ses aventures avec Fortis où jusqu’à vendredi, son interlocuteur au sein de la banque lui parlait d’ éthique et de bonnes pratiques ..

    http://www.impots-utiles.com/les-bonnes-pratiques-de-fortis.php

  • Le bon roi Georges et la fée Subprime
    le dimanche 28 septembre 2008 à 16:17, zadiglevizir a dit :
    EXCELLENT à RAPPROCHER DES CONTES DE VOLTAIRE ET EN GENERAL DES ANALYSES PHILOSOPHIQUES DES " LUMIERES" du XVIII ème siècle merci Backchich c’est un peu l’affaire Law…l’histoire étant un perpétuel recommencement… après est venu enfin … LA REVOLUTION…..et son coup de Karcher….
  • Le bon roi Georges et la fée Subprime
    le dimanche 28 septembre 2008 à 15:40, JSA a dit :
    Enfin une analyse compréhensible de la crise financière… Merci Charles Perrault.
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