Notre bel hexagone est-il un havre de paix pour les corrompus et les corrupteurs ? Pas encore, répond un brin ironique l’association Anticor qui fustige les lois gouvernementales sur la justice et le contrôle des deniers publics
La France continue à véhiculer une image relativement dégradée de sa classe politique et de son administration publique, constate Catherine Le Guernec Secrétaire Générale d’Anticor, une association de lutte contre la corruption. 24ème au rang mondial, bien derrière l’Allemagne (14ème), la Grande-Bretagne (17) ou les Etats-Unis (19).
Réunie pour ses voeux annuels le 25 janvier à Paris, l’association veut tirer la sonnette d’alarme et appelle les politiques à un grand rassemblement courant mars à Grenoble pour entendre leurs engagements anti-corruption à la veille des régionales. Leur inquiétude : La perméabilité constante entre milieux privés et milieux politiques, faisant référence aux affaires Proglio, Jean Sarkozy et François Pérol. L’occasion de rappeler que l’association avait déposé plainte en mars dernier contre ce dernier, ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République, pour « prise illégale d’intérêts » pour sa prise de fonction à la tête des Caisses d’Epargne en pleine fusion avec Banques Populaires. Affaire déboutée en septembre.
L’inquiétude majeure d’Anticor se situe à un autre niveau. Celui plus systématique d’une « justice aux ordres » et d’un manque de contrôle généralisé des pouvoirs publics, « grâce » ou « à cause » de la disparition programmée des Chambres régionales des comptes. Extrait
A quoi s’expose-t-on quand on va fouiller les affaires qui concernent le contribuable et qu’on émet des doutes sur un appel d’offre ? Réponse possible : la violence. Rachid Adda en a fait les frais. Ce conseiller municipal de Sarcelles, membre d’Anticor et présent à la réunion, raconte comment il a été menacé de mort pour avoir posé des questions sur la manière dont le carburant est dépensé par la mairie. Récit :
En bonus, une histoire qui avait fait jaser il y a deux ans au moment des municipales à Sarcelles mais qui expose un précédent peu glorieux pour le maire PS François Pupponi, successeur à la tête de la ville de Dominique Strauss-Kahn. Nathalie Bellity, adhérente aussi d’Anticor, était alors inscrite sur les listes municipales socialistes.
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Il y a deux types de corruption. La bonne vieille, classique, de la valoche de billets ou du simple copinage. Et il y a l’autre, la vraie. La corruption qui découle de l’idéologie capitaliste qui fait passer les intérêts privés avant l’intérêt public.
Lorsqu’on détruit la Sécurité Sociale ou la SNCF pour les remplacer par des sociétés privés, on est CORROMPU. On ne touchera peut-être pas d’argent directement, mais on a agi pour faire profiter des intérêts privés.