Privatisation de l’Agence France Presse ou pas ? Telle est la question qui agite la place de la Bourse. A lire le rapport du PDG de l’Agence que Bakchich publie en intégralité, la question n’est pas tranchée.
Près de deux mois après la remise au gouvernement du rapport de Pierre Louette, le PDG de l’AFP, sur la réforme du statut de l’Agence, toujours pas de réaction officielle de l’Elysée. Si ce n’est qu’en interne le dit rapport a suscité quelques interrogations comme Bakchich l’avait raconté. Qui plus est, et cela n’aide pas à la quiétude, les syndicats, vent debout contre une éventuelle privatisation, ont eu le plus grand mal à avoir accès au fameux rapport. Si l’essentiel des informations contenues dans le document de travail a finalement fuité, Bakchich met fin au suspens et publie l’intégralité du rapport (A télécharger au format pdf à la fin de l’article).
« Faire de l’AFP un des leaders mondiaux de l’information à l’ère numérique ». 30 pages dont de nombreux passages plutôt arides pour qui n’est pas sorti de l’ENA. Mais à le relire quelques enseignements tout de même.
Pierre Louette affirme son attachement au statut de 1957. Ou au moins à son esprit. Le statut qui a fait jusqu’à ce jour une agence indépendante, mais ajoute-t-il « nous sommes appelés aujourd’hui à proposer une évolution de ce cadre ». Des évolutions nécessaires, selon lui, en raison de « la fragilisation des clients historiques de l’AFP, le « rich media » et les nouveaux modes d’informations du public, la gratuité de l’information, la multiplication des sources d’informations, et enfin la modification de la valeur sociale de l’information d’actualité.
Bref à lire entre les lignes, le train de la modernité semble être parti sans l’agence.
Pour rattraper ce retard, l’Agence aurait bien besoin d’espèces sonnantes et trébuchantes. Et, Pierre Louette d’expliquer : « Rien d’important ne peut se faire en terme de développement et de diversification, sans des moyens financiers conséquents qui, en tout état de cause, ne sont pas aujourd’hui à la portée de l’Agence. (…) A terme, le cœur de métier de l’AFP ne tiendra que grâce à ses activités périphériques. »
Un besoin de financement qu’il chiffre à 65 millions d’euros ; qui selon toute vraisemblance pourrait venir de la Caisse des dépôts.
Pour cela, la réflexion de Louette s’est porté sur la forme juridique que devrait prendre l’Agence. Fini le statut de 1957, bonjour la « société nationale de droit commun ». Un nouveau statut sur lequel le patron de l’AFP se montre peu disert, assurant toutefois : « Il est le seul susceptible de lui garantir un fonctionnement à la fois souple et lisible et de lui permettre de solliciter des investisseurs publics ou poursuivant des fins d’intérêts général et de long terme. » Soit. Une synthèse un peu elliptique qui n’est pas pour rassurer les syndicats.
Inquiets pour leur indépendance, l’ami Louette a pensé à eux. « Le recours à une fondation » permettrait de « faire reposer le contrôle du respect de cette indépendance par une instance impartiale et incontestable » (…) « administrée par un conseil réunissant un certain nombre de personnalités qualifiées, des hauts magistrats, voire des représentants de la rédaction de l’AFP ». Personnalités qualifiées dont il n’est pas dit comment elles seront élues ou nommées… Et certains malotrus d’assurer que ce rapport est plutôt mal agencé….
Pour télécharger l’intégralité du rapport, cliquez sur monsieur Louette :
Lire ou relire dans Bakchich :
Bravo pour votre couverture de la crise de l’AFP, et pour avoir publié le rapport.
NB : Les syndicats de l’agence ont lancé une pétition contre le changement de statut - à consulter et à signer à l’adresse http://www.sos-afp.org/ (cliquer sur le lien ci-dessous).
Cordialement, David Sharp (webmestre sos-afp.org, élu CGT au comité d’entreprise de l’AFP)