Rebelote ! L’humoriste de France Inter Stéphane Guillon a encore mis en rogne le ministre de l’Immigration Eric Besson en se moquant de son débat sur l’identité nationale et de sa traitrise. Caricatural, vraiment ?
Allons bon… D’après le site du Point, titrant une dépêche AFP, Eric Besson a fait son « mea culpa » sur les Régionales. Pourtant, si le ministre de l’Immigration concède une « part de responsabilité » en tant que « secrétaire général adjoint de l’UMP » dans l’échec de la droite aux Régionales, il rejette toujours un lien entre la montée du Front National et son fumeux débat sur l’identité nationale. Quand les sondages ne donnaient pas plus de 8% au parti d’extrême-droite, l’ex-socialiste ne se privait pourtant pas d’y voir une conséquence du débat.
« Il n’y a aucun indice de montée du FN : ni dans les sondages, ni les élections partielles, ni les européennes de juin. Il faut arrêter de se faire peur pour rien », avait prophétisait le ministre de l’Intérieur dans une interview donnée au Parisien le 5 décembre 2009. « D’après le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, le débat en cours sur l’identité nationale ne risque donc pas de profiter au parti de Jean-Marie Le Pen. », analysait alors le site du Figaro.
Deux semaines plus tard, c’est sur RTL que l’ex-socialiste se réjouissait de l’action du gouvernement en accusant les médias de lui faire un faux procès : « Moi, je constate qu’aux dernières élections européennes le seul pays où l’extrême-droite n’a pas fait croître son potentiel c’est en France. Je constate que lors des élections cantonales partielles, le Front national ne monte pas. Il ne monte que dans nos discussions collectives : donc moi, je n’ai pas envie de contribuer à ce jeu. »
« La montée du Front national, je ne la vois pas. Je vois même une stabilisation. C’est un épouvantail qui n’existe pas ! », s’était aussi gargarisé Besson en conférence de presse le 5 février 2010. « Le ministre de l’Immigration, a exclu (…) l’idée d’une poussée du Front national aux élections régionales de mars prochain. », avait à son tour commenté lejdd.fr.
A noter enfin, que d’après Europe 1, lorsque Nicolas Sarkozy a confié le ministère de l’Immigration à Besson, il lui aurait donné « pour mission d’étouffer le mouvement d’extrême-droite » pour « contenir la menace FN » alors qu’il était censé s’occuper en priorité de l’intégration. Lepost.fr ajoutait : « L’enjeu est évidemment électoral car d’après les sondages, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy est en chute libre dans l’électorat frontiste. L’objectif serait donc de les séduire de nouveau pour regagner une part de leur vote aux européennes ».
Mission… ratée. Le parti Lepéniste moribond après les Législatives 2007 et Européennes 2009 s’est refait la cerise cinq mois plus tard en flirtant avec les 12% de voix au premier tour. Chaud retour de flamme pour le pompier pyromane qui a redonné une visibilité médiatique aux idées frontistes.
Ce lundi 22 mars, le chroniqueur de France Inter Stéphane Guillon a imputé le « retour de la bête » à Eric Besson. Dans son sketch, le comédien parle d’un « Mata-Hari de la politique française » qui a « séduit le leader frontiste » grâce à « son physique à la fois passe-partout et antipathique. Des yeux de fouine, un menton fuyant, un vrai profil à la Iago, idéal pour trahir ». Guillon émet l’hypothèse volontairement outrancière d’un Besson qui serait finalement « une taupe du Front national ».
Comme Dominique Strauss-Khan en février dernier (« L’humour, c’est pas drôle quand c’est principalement de la méchanceté »), Eric Besson, invité de France Inter, a réagi juste après le sketch. S’il n’a pas entendu la chronique, le ministre certifie avoir reçu des SMS d’amis « scandalisés par ce qu’il a fait ». « La dernière chronique sur les mariages gris, je considère qu’elle était raciste », ajoute-t-il.
Résultat : la chronique de Guillon sur Besson atteint les 400.000 vues sur internet en 24 heures. Soit trois fois plus que les audiences internet moyenne de ses précédents billets. La vidéo se place déjà à la troisième place des audiences dailymotion de la radio. Le record de France Inter est toujours détenu par le sketch présentant DSK comme un sacré queutard (près de 620.000 vues). Tout sauf un hasard. Guillon reconnaît lui-même qu’en réagissant, le président du FMI lui avait filé un gros coup de pouce. En terme de reconnaissance médiatique, la réaction outrée d’un politique fonctionne à plein tube.
Et les excuses du patron n’y sont pas non plus étrangères. Après « l’affaire DSK », le directeur délégué de France Inter d’alors, Frédéric Schlesinger, s’était adressé à l’ancien candidat aux primaires du PS dans "L’Edition Spéciale" de Canal + : « Je lui ai présenté, au nom de France Inter, nos excuses et je lui ai rappelé la liberté de cet exercice ». Mais l’ancien patron a aussi précisé ne voir aucune diffamation dans la chronique. Excuse très ambigüe, surtout que Guillon expliquait aussi avoir reçu une caisse de champagne et un mot « Bravo, continue ! » de la part du même Frédéric Schlessinger.
Changement de direction. Mais aussi de ton. Quelques heures après la réaction de Besson, le patron Jean-Luc Hees s’est cru obligé d’intervenir sur lepoint.fr : « Je présente les excuses du groupe Radio France à M. Éric Besson ». Le Syndicat des Journalistes radio (SNJ) a publié un communiqué sur son site intitulé « Le doigt sur la couture du pantalon ? » : « Que cet exercice matinal aboutisse à des excuses publiques de Jean-Luc Hees est à la fois inquiétant et disproportionné. » La conclusion : « A trop avoir le doigt sur la couture du pantalon, on finit souvent par se retrouver sans pantalon du tout. »
Le président du groupe Radio France avait déjà attaqué Guillon en janvier dernier, après des railleries de l’humoriste (voir sa chronique) sur sa Légion d’honneur, sa nomination par Nicolas Sarkozy et des propos qu’aurait tenu le directeur de France Inter Phillipe Val devant des membres Société des Producteurs (« France Inter est une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas très bien traité par la station »). « J’aimerais aussi rappeler à Guillon que je ne l’entends pas souvent dire du mal des patrons de Canal +, ses autres employeurs. Et pour cause : s’il se le permettait, eux ne réagiraient pas comme nous. Et il perdrait ses 40.000 euros par mois ! », avait réagi Hees, toujours sur lepoint.fr. Concernant l’attaque contre Besson, Hees prend soin, là encore, de ne pas critiquer le fond mais préfère relever le passage sur les « yeux de fouine » du ministre : « Les critiques sur le physique des personnes n’ont pas lieu d’être sur Radio France ».
Le lendemain, « Guillon présente ses excuses à Besson », titre sa chronique. Ou presque !
« Je disais qu’en réalité Eric Besson a toujours travaillé en sous-main pour le Front national. », commence-t-il. « Un homme qu’on attaque toujours pour ses traitrises, pour une fois qu’on le dépeint comme quelqu’un d’extrêmement fidèle, il le prend mal… Non, humoriste, c’est un dur métier ! » Puis : « En consultant ses SMS, Besson a sur-réagi et m’a traité de raciste. Heureusement, le président de Radio-France Jean-Luc Hees m’a présenté ses excuses. (…) Le président de Radio France a aussi présenté des excuses à Eric Besson pour les attaques physiques que j’ai proféré à son égard : oeil de fouine, menton fuyant. Certains diront que ce ne sont pas des attaques physiques mais le portrait-robot d’un traître. Non, je ne suis pas d’accord avec eux. C’est vrai que c’est d’une violence inouïe. (…) Je m’en excuse, je n’aurait pas dû. (…) ». Guillon s’excuse ?! Pensez-donc !
Quelques secondes plus tard, il demande ironiquement des excuses au directeur du journal Le Monde pour les caricatures de Plantu. Manière de rappeler que la chronique est une forme de caricature (on pourrait d’ailleurs rappeler le message de soutien de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur à Phillippe Val, quand Charlie Hebdo avait publié les caricatures de Mahomet : « Je préfèrerai toujours les excès de la caricature à l’absence de droit à la caricature »). Les « excuses de Guillon » atteignent déjà les 30.000 visionnages sur dailymotion en moins de deux heures.
Guillon sait que, loin de le fragiliser, ces attaques assurent son maintien sur France Inter et en joue : « C’est pas sympa pour Phillipe Val, si jamais il avait voulu me virer en juin, maintenant il est coincé. » En cas d’éviction, chacun pourra hurler à la mainmise de Nicolas Sarkozy sur les médias.
Lors de son audition, le 7 avril, devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour prendre la tête de Radio France, Jean-Luc Hees avait parlé de son humoriste aux « 9 Sages ». Le futur président s’était dit « gêné » par « le mélange des genres ». « On ne peut pas diffamer ni insulter. Ce sont mes bornes à moi », avait-t-il insisté alors que la presse était invitée. « Je ne suis pas sûr que les auditeurs d’Inter recherchent l’impertinence »…
A l’époque, la presse estimait que les jours de Guillon sur France Inter étaient comptés. Surtout que, selon Le Canard Enchaîné, il était aussi dans la ligne de mire de Nicolas Sarkozy. Le lendemain de l’audition de son futur patron, était invité à la radio, un certain… Eric Besson.
« Faire son portrait, ça me fait super-plaisir », jubilait le chroniqueur. « Je sais que je peux être viré fin juin, mais je ne pensais pas qu’on me ferait mon cadeau de départ dès maintenant ! » « Je vais essayer d’être à la hauteur car dans une récente interview, Eric Besson déclarait : "Stéphane Guillon gâche son réel talent" », rappelait-il.
Le 15 mars, dans une interview donnée au Parisien, Besson était interrogé sur la polémique après le coup de gueule de DSK : « Je suis sans doute juge et partie puisque je fais moi-même partie des personnes étrillées par Guillon, qui gâche son réel talent par des saillies qui relèvent plus de la vulgarité que de l’impertinence. Certains comiques, mais cela ne vaut pas que pour eux, sont sans doute trop jeunes pour réaliser qu’au-delà des politiques, qui, en bons darwiniens, ont épaissi leur peau, ce sont des familles et des enfants qu’ils blessent inutilement ».
Dans une interview sur Bakchich Hebdo n°15 (du 16 au 20 mars 2010), l’humoriste nous expliquait au sujet du ministre de l’Intérieur : « C’est une nouvelle figure, le traitre. Les Français détestent. (…) Besson, c’est Joe Dalton, c’est pas facile parce que c’est trop facile, et là ça devient dangereux. »
Même s’il ne l’a pas placé parmi « les bons clients » du "bestiaire" de notre hebdo, Guillon s’en prend régulièrement à Eric Besson, souvent invité sur le "6h30/10h" de France Inter. Avant la chronique de cette semaine, celle qui avait beaucoup fait jaser portait sur « les mariages gris » en novembre 2009. Elle était restée en travers de la gorge du ministre qui a menacé de porter plainte et en a reparlé lundi dernier en la qualifiant de « raciste ».
« Il paraîtrait qu’Eric Besson serait avec une jeune tunisienne de 22 ans », indique Guillon. « Je dis à Eric Besson, en toute amitié, qu’il faut qu’il fasse gaffe aux mariages gris. Tant qu’il n’est pas marié, ça va, mais s’il franchit le pas, il y aura une enquête de vie privée. » Et l’attaque sur le physique : « Avec plus de 30 ans d’écart, c’est obligatoire. Quand ça ne peut plus être ni pour ton physique, ni pour ta vigueur, ils contrôlent ! ».
D’après le site du Point, « Éric Besson avait décroché son téléphone pour passer une soufflante à Philippe Val, patron d’Inter ». Et selon Le JDD du 29 novembre, Besson envisageait alors de porter plainte contre l’humoriste. (il ne s’était d’ailleurs pas gêné contre Bakchich). Une idée abandonnée depuis.
Le 8 février 2010, dans une chronique plutôt mégalo, Guillon revient sur ces affrontements, alors que Besson, de plus en plus empêtré dans son débat sur l’identité nationale, est à nouveau invité. « C’est sans doute la dernière fois qu’on le reçoit en tant que ministre », pense l’humoriste. Cette fois, c’est lui qui se trompe.
Outre son débat raté sur l’identité nationale, le thème récurrent des chroniques « guillonesques » sur Besson tourne autour de la traitrise de l’ancien socialiste. Caricatural, certes. Mais pas tant que cela.
Michel Feher avait d’ailleurs raconté l’histoire très romanesque d’un Besson passé à l’UMP pour faire l’espion dans une tribune du Monde, le 17 novembre 2009. Le philosophe se demandait, avec beaucoup d’humour, si Eric Besson n’a pas décidé de feindre une trahison pour se faire enrôler chez les rivaux et ruiner leur projet sans le dire à personne. Comme dans "Miller’s Crossing", le film des frères Coen. Un scénario certes très alambiqué, mais pas beaucoup plus tordu que sa trahison durant la campagne.
Dans cet extrait de l’émission "Ripostes" (France 5), qui date du 14 janvier 2007 (38 jours avant sa démission du PS), le futur secrétaire d’Etat à la prospective puis ministre de l’Immigration démonte, point par point (face à Brice Hortefeux), la politique que mettra ensuite en place son gouvernement, en particulier sur la fiscalité. Avec une force de conviction qui rendrait fou de jalousie beaucoup de prétendants socialistes actuels.
Invité en tant que député de la Drôme et secrétaire national du PS chargé de l’économie et de la fiscalité, Besson se moquait des retournements de veste de Nicolas Sarkozy : « Celui qui, ce matin, a dit une chose d’intéressante, c’est monsieur Balladur qui dit à Nicolas Sarkozy : "Faites attention de ne pas trop dire de chose contradictoire". Autrement dit, il n’est pas dupe monsieur Balladur, il a bien compris que Nicolas Sarkozy est en train de dire tout et l’inverse de tout sur quasiment tous les sujets. »
En novembre dernier, nous avions sélectionné les "meilleurs" extraits du rapport à charge de l’ancien socialiste contre Nicolas Sarkozy "Les inquiétantes ruptures de Nicolas Sarkozy" (doc ci-dessous) :
Celui que Le Figaro situe aujourd’hui « à la droite de Sarkozy » donnait sur le programme du candidat de l’UMP à l’époque un jugement que ne renieraient pas ses opposants actuels. Surtout en matière d’immigration.
L’ancien Besson, celui qui était socialiste, critiquait notamment les appels du pieds vers le Front National de Nicolas Sarkozy « trop occupé à traquer l’immigré » (à la page 54). Par exemple, sur la page 52 de son rapport, la loi Sarkozy II (du 24 juillet 2006) qui « aboutie surtout à précariser la situation des étrangers installés en France » fâchait tout rouge Eric Besson, en particulier le principe de l’immigration choisie. « La réduction des droits des étrangers ou la vraie raison de la loi Sarkozy II à un an de l’élection présidentielle » a pour objectif de « rassurer l’électorat de droite et d’extrême-droite en prétendant lutter encore et toujours contre l’immigration, qu’elle soit d’ailleurs illégale ou non ». Le reste du rapport est du même acabit (voir sur bakchich.tv). En lisant ce rapport, on se demande quand Besson 2010 portera plainte contre Besson 2006.
A lire sur Bakchich.info :
NOTRE VIL MINISTRE …CHARGE DE REMPLIR DES CHARTERS…PEUT IL NOUS FAIRE SAVOIR SI SA NOUVELLE FIANCEE (tunisienne..)ETUDIANTE DE 20 ANS A DEJA EU RAPIDEMENT SA NATIONALITE FRANCAISE ???
guillon a merdé..il aurait du lui demander..
au fait guillon a l’extreme pointe de la bretagne on a un maire socialo-ump…ou ump-socialo..est il de ta famille… ?…je lui paye la place d’avion..pour qu’il aille tout de suite retenir a PARIS son siège de député…et svp gardez le…ou filez le donc a la CEE.. CAR UN TEL RASSEMBLEUR MERITE D’ETRE CONNU…ET COMME ON EST JAMAIS PROPHETE EN SON PAYS..meme s’il nous bétonne le bord de mer…
AR PONTAR
Aucun problème avec la caricature même acide même méchante et même portant sur le physique des gens… quand elle est drole… mais franchement il vous fait vriament rire Guillon ???
du sous desproges canal+ qui compense un humour naze par de la provocation et des formulations trop compliquées pour lui
Pour être honnête, il fait légèrement bouger ma lèvre toutes les 5 vannes… quand même un peu faible pour 40 K€ par mois
alors vraiment même sur Besson ou DSK, ou il a des boulevards devant lui, dsl mais non ce n’est pas marrant