Le Monde s’emmêle les fils de France Inter. Quand le quotidien parle de crise, le magazine décrit la Maison du bonheur. De la référence contrastée
Si on veut des nouvelles de France Inter, il faut lire Le Monde. C’est mieux que lire la télé ou la radio. Et ça fait moins mal aux yeux. La lecture terminée, on peut allumer le feu, éplucher les légumes ou nettoyer la caisse du chat avec le papier. J’ouvre les pages glacées du Monde Magazine du 10 juillet. Cinq consacrées à Inter, la station dirigée par notre cher Philippe Val, l’ami de Carla. Annick Cojean publie une « enquête » balèze sur cette radio publique. Le genre de travail journalistique qui vous laisse souffle court et ampoules aux mains. En oubliant de dire que, de 86 à91, la demoiselle a collaboré à Radio France, aux côtés de Jean-Luc Hees maintenant nommé PDG de la société d’Etat par Sarkozy…
Résumé du Cojean. Tout va tellement bien à Inter que les salariés ne veulent pas que ce bonheur secret se sache. Derrière ce paravent du plaisir solitaire notre consœur Annick pourtant découvre Val. Tel qu’on le connait : « L’intérêt général fait partie de ma biologie… Ouvrir, décloisonner, être accueillant et fraternel ». On retrouve bien là notre Philippe. Etre nommé haut fonctionnaire ne l’a pas changé. Donc la dame Cojean nous dit que tout roule dans la maison ronde, elle manifeste un tel degré d’épectase pour le Val paradis que je trouve qu’elle mérite une petite émission. Faut bien abreuver les auditeurs, des gens « qui veulent savoir », et aussi payer le Canigou du chien. Annick a assis son article sur un socle en béton, Nicolas Demorand qui aime tant la radio publique qu’il la quitte pour Europe 1. Ce Just, comme le Saint, qui fustigeait, dans Le Monde Télé, son pote Bonnaud parti faire bande sur Europe. Le défaut du papier d’Annick, il en a un, c’est de ne pas nous expliquer pourquoi une radio qui rassemble des millions d’auditeurs autour de Stéphane Guillon se prive de ce succès… Ah si, pour « préserver l’intégrité du travail journalistique ». Alors là, rien à redire, « intégrité » n’est pas censure.
La veille, dans Le Monde quotidien, des malfaisants ont écrit tout autre chose. Ils ont raconté comment Demorand, Guetta, Legrand et Lefébure, supposées pointures d’Inter, étaient allés au Grand Journal de Canal+ comme à Canossa, pour excuser l’attitude d’injure permanente des humoristes Guillon et Porte. Le journal raconte aussi comment la Société des journalistes d’Inter a ramassé Demorand qui « trahit le camp qui l’a fait roi »… Et Le Monde , le quotidien, parle d’un Val « de plus en plus contesté ». Vous voyez bien qu’il faut lire Le Monde qui, tel le Groenland, est une terre de contraste.
Et s’il en fallait encore une preuve, l’édito du Monde Magazine du 17 juillet, Sans parti pris l’apporte définitivement. Une subtile défense du fort Cojean contre les réactions indignées des lecteurs. L’enquête sur Inter donne "une autre vision des choses de celles qui se déploie sur Internet". Quant à l’amie Annick, journaliste de terrain elle est, gratte papier tenace elle reste. "Qui raconte ce qu’elle voit et entend (…) à France Inter [ou] à Amman, dans l’hôpital où sont soignées les victimes irakiennes".
Est-ce à dire qu’elle aime panser les plaies, de l’Orient compliqué à la Maison ronde enflammée ?
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Comme l’a relevé @si, Mme Cojean voulait avec son papier s’en tenir aux faits. Au vu des commentaires massivement critiques sur le site du Monde, la rédaction a alors avancé qu’elle souhaitait donner la parole à la “tête” (je mets le mot entre guillemets pour le coup depuis que Botul a comparé Val à Habermas) contre les critiques des « forums internet ».
En somme, Le Monde refait le coup de son confrère Pernaut auprès de ses Rednecks, “Internet c’est mal” se transformant ici en “Internet c’est bien si c’est le Monde qui parle”.
Pauvres gens.
À l’opposé, une poignée de bisous à Arthur.
Faire le procès d’une consoeur qui a le malheur de ne pas suivre le mouvement, c’est classe.
Avez-vous prévu de la raser en 2012 ?
(Ne vous sentez surtout pas mal à l’aise si vous ne publiez pas ce post qui critique la ligne. Mieux vaut ne pas agacer le "bon" lecteur avec des propos réactionnaires de ce genre)