BHL s’effeuille pour Sarko

Disons le tout net, le dernier opus de BHL, qui se prépare à envahir les colonnes des grands journaux et les écrans de toutes les chaines de télé début octobre est à tomber des mains. Sous prétexte de préempter le sujet juteux de la débâcle de la gauche, l’écrivain à la chemise blanche enfile les poncifs sur l’affaire Dreyfus, la guerre d’Espagne, le Darfour et ses épouvantails préférés, les « fascislamistes ». Bref, la somme verbeuse, qui évite tous les sujets d’actualité comme l’absence de leardership au PS ou l’incapacité de se forger un programme, tombe des mains. Seul le préambule du livre échappe au naufrage. Toujours aussi habile pour ce qui est du marketing, BHL dévoile, en ouverture, une conversation téléphonique avec son grand copain

Sarko, certes sûrement très romancée mais au final d’un ridicule achevé pour les deux interlocuteurs. Cette cocasse causerie assurera très efficacement la promo du livre. Bakchich livre, en exclusivité mondiale, le détail de ce dialogue qui a eu lieu, d’après l’auteur, le 23 janvier 2007. Ce jour-là, l’ex-nouveau philosophe André Glucksmann venait de se rallier au candidat UMP dans un article paru au Monde. Sarko vient quémander le même soutien auprès de son vieux pote BHL, un ami de près de trente ans.

« Nicolas Sarkozy : Alors tu as vu Le Monde ? Tu as vu l’article de ton ami sur ton ami.

BHL : Évidemment, c’est bien, c’est courageux.

N.S. : Pourquoi dis-tu courageux ?

BHL : Parce qu’il prend des risques, il va prendre des coups.

N.S. (agacé) : Tu n’as rien compris. Le courage n’a rien à voir. Car il y en aura beaucoup, des gens de gauche qui me rejoindront.

BHL (conciliant) : Très bien, pas courageux. Disons alors audacieux.

N.S. (suave) : Bon, venons en au fait. Et toi ? Tu me le fais quand ton petit article ? Parce que Glucksmann, c’est bien. Mais toi, c’est toi, mon ami.

BHL (ennuyé) : Oh moi… Tu n’as pas besoin de moi. Tu as déjà tout le monde. Tant de sondages qui te donnent élu avant même d’avoir eu à livrer bataille.

N.S. : Le problème ce n’est pas les sondages. Ce n’est même pas d’être élu. Ou alors c’est d’être élu, oui, mais avec des gens que l’on estime et que l’on aime. Alors, c’est quand que tu me rejoins ? C’est quand que tu me le fais ton beau petit article ?

BHL (embarrassé) : On en a parlé cent fois. Les relations personnelles sont une chose. Les idées en sont une autre. Et j’ai beau avoir de l’estime pour toi, et de la sympathie, la gauche c’est ma famille… N.S. : Quoi ? M. Emmanuelli, ta famille ? M. Montebourg, ta famille ? Ces gens qui te pissent à la raie depuis 30 ans, ta famille ?

BHL (hésitant) : oui, bon, je te l’accorde… C’est vrai que cela peut sembler bizarre et que ceux que tu cites ne m’ont pas toujours ménagé… Mais c’est la vie… Je reste encore une fois ton ami. Une part de moi te souhaite tous les bonheurs du monde… Mais j’ai toujours voté à gauche et je sais que, cette fois encore, c’est à gauche que je voterai…

N.S. (charmeur) : La Pureté Dangereuse (un vieil opus de BHL, ndlr), ça te dit quelque chose ? Est-ce que c’est M. Emmanuelli, ta famille, qui en a parlé en 1994 ? Est-ce que c’est M. Montebourg, ta famille, qui est allé à la télévision, à l’époque dans l’émission 7/7 pour parler de La Pureté Dangereuse ?

BHL : C’est vrai, non. C’est toi qui a fait cela. Et je t’en sais gré. Mais cela n’a rien à voir. Rien, car…

N.S. : Tu en connais beaucoup toi, des responsables politiques qui parlent de la Tchétchénie comme j’en ai parlé l’autre dimanche ? Et des qui disent que le Darfour ne doit pas être traité comme un point de détail de l’Histoire du XXIème siècle ?

BHL : On va voir Nicolas, on va voir… La plus grande erreur qu’ait commise à mes yeux mon ami Glucksmann est de s’être prononcé si tôt, et avec tant d’enthousiasme, sans attendre que tes adversaires et notamment Ségolène Royal aient eu le temps d’abattre leur jeu…

N.S. : Pffff… Pour l’instant on l’a surtout entendue faire l’éloge du Hezbollah et de l’exemplaire justice chinoise…

BHL (hésitant) : C’est vrai… pour le moment…

N.S. : Aller arrête de pinailler. Sois courageux mon petit Bernard, sors de ton lit !

BHL : Je t’en prie, il est trois heures de l’après-midi !

N.S. (féroce) : C’était façon de parler. Je veux dire : prends-toi par la main ; donne-la moi, ta main ; et on va y aller tous les deux, faire la révolution, tu verras. Tu ne vas pas te mettre contre moi quand même ! »

Selon ses souvenirs, BHL se met alors à murmurer quelques banalités sur le rôle des écrivains qui ne sont pas là pour se coucher mais pour poser des questions ; prie Sarko d’embrasser Cécilia et lui souhaite bonne chance. Sans oser, renvoyer le futur président dans les cordes. Allez un peu de courage Bernard, tu es un intello de gauche quand même ! y