Les deux médias auraient pu publier les enregistrements du majordome qui ont lancé ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Bettencourt…mais ne l’ont pas fait.
Article publié dans Bakchich Hebdo N°31 le 3 juillet 2010
L’affaire Bettencourt, devenue l’affaire Woerth, est aussi une affaire de presse. Depuis la mi-mai, en effet, l’entourage de la fille de Liliane Bettencourt, Françoise, en possession des fameuses écoutes, s’agite pour rendre ce document public. Selon nos informations, le Monde puis le Nouvel Observateur ont été approchés aux fins de publier les écoutes réalisées au domicile de la patronne de L’Oréal.
Les documents ont été proposés aux deux publications. Et ce sont finalement Mediapart puis le Point qui en diffuseront de larges extraits.
Il est pour le moins étonnant que les deux médias approchés dans un premier temps soient passés à côté d’un scoop pareil, qui, en période de crise, leur aurait assuré un regain des ventes certain (comme en témoigne le boom récent des abonnements à Mediapart).
Plusieurs raisons à cela. La première, c’est que les rédactions concernées n’avaient pas conscience qu’un ministre était mis en cause de manière aussi directe dans les enregistrements. Ensuite, pour le Monde, il semblerait que l’argument juridique – c’est-à-dire une possible atteinte à la vie privée – ait pesé lourd. Quant au Nouvel Obs, des couacs de communication interne entre les différents services ont laissé échapper le scoop. Pour le plus grand plaisir de Mediapart.
Mise à jour vendredi 9 juillet
Invité de l’émission Arret sur images visible ici, Gérard Davet, enquêteur au Monde confirme a posteriori les informations publiées par Bakchich hebdo le 3 juillet : « Oui les documents nous ont été proposés », assure-t-il. Expliquant par ailleurs qu’il ne peut en dire plus dans la mesure où il était en reportage en Afrique du sud quand la proposition a été faite.
Lire ou relire dans Bakchich :
Si Le Monde avait disposé de ces enregistrements, nous aurions utilisé les informations qu’ils révélaient, après avoir fait notre travail d’authentification et d’enquête journalistique et politique
écrit ce lundi 12 juillet Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde, alors qu’on sait depuis le 3 au moins que le quotidien vespéral des marchés a eu les enregistrements en mains.
Pourquoi ce demi-mensonge ? Parce qu’elle n’a guère apprécié la tactique et le timing de Me Olivier Metzner, qui les lui proposait. Très bien, mais… Et si le moustachu de Mediapart avait lui aussi eu ces pudeurs ?
Bon, moi, c’ que j’en dis…