Les transports sanitaires provoquent une joyeuse mêlée. Voici que les taxis vont se mettre à transporter des malades. Le but : dézinguer les ambulanciers pour économiser les deniers de la Sécu.
En matière de santé, le principe du feuilleton plaît beaucoup, voyez « Urgences ». C’est pour cela que Roselyne Bachelot et son orchestre d’immenses experts alimentent la chronique d’une nouveauté par jour, aidés en cela par Delanoë et ses amis de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). Tous solidement fidèles à une seule ligne générale : faire de l’hosto un indémêlable barnum. Dernier divertissement de nos élites, tirer sur les ambulances. Attendez-vous à savoir que, tout bientôt, un petit millier de taxis parisiens, vont sur un simple coup de fil, pouvoir se transformer les « transports sanitaires », en ambulances sans « pin-pon ».
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Pourtant, selon la loi, tout véhicule chargé de transporter un patient doit être prescrit par un médecin, l’engin en question étant soumis à des règles, du genre sécurité du malade et désinfection de l’outil de travail… Avec ce nouveau système, qui fait marner les taxis, après un méningiteux transporté en tacot, ce sera tant pis pour le client suivant qui embarquera, innocemment, dans une Mercedes incubateur pour aller voir sa grand mère à Clichy. Plus de jours tranquilles à moins que l’administration n’invente le préservatif total, celui qui vous envelopperait tout le body dans un latex « king size » ?
Les malades vont donc choper les germes des autres, les autres ceux des malades : c’est l’avènement de la partouze virale. Est-ce que le chauffeur de taxi, arrivé à l’hôpital, va lâcher l’écoute des « Grosses Têtes » pour accompagner son client-patient, un peu bancal, jusqu’à l’accueil ?
Forcément un ambulancier, à force de promener toute la misère du monde, finit par voir tout en noir. Ainsi d’aucuns sont convaincu que « l’embuscade » qui leur est tendue a pour but de faire disparaitre les petits boites de transport pour laisser la place à des grandes et vertueuses compagnies. L’exemple de Véolia qui, à Marseille, développe une activité ambulancière est souvent cité comme le monopole de demain. Mais les ambulanciers sont des cons. Ne serait-il pas mieux d’avoir un « all in one » : l’eau de Véolia, le bus de Véolia, la poubelle Véolia et le Samu Véolia. Cette magnifique société est tellement synonyme de notre bonheur qu’elle pourrait nous accompagner pour accoucher à la maternité.
Si les hommes au gyrophare bleu sont un peu paranos, l’administration ne fait rien pour les calmer, elle leur envoie Kafka ou Courteline pour aggraver leur névrose. Ainsi, pour tenir boutique dans l’ambulance, il faut démontrer que vous êtes en règle avec vos cotisations d’Urssaf. Mais, puisque la Sécu zappe souvent les remboursements dus à la société de transport, ou la paye avec un gros retard, le patron ne peut payer l’Urssaf qui l’assigne alors devant le tribunal. C’est ainsi qu’on invente le mouvement perpétuel.
La comptabilité, c’est ce qui chavire l’âme de ces spécialistes du transport allongé. Pythagore et Poincaré nous l’ont faire comprendre, l’univers des chiffres est impénétrable. Ainsi, alors que le nombre d’interventions des ambulances baisse de 12% par an, les frais engagés pour ce même budget augmentent de 13% dans le même temps ? Sachant que la tarification ne bouge pas, d’où vient ce seuil de 25%, ce « gap », ce « trou » comme le dirait le bon Alain Minc ? Mais, en matière de dépenses de santé c’est comme à la grotte de Lourdes, il faut savoir vivre dans le mystère.
Hervé Quentel, le président de l’Union Syndicale des Ambulanciers de Paris (USAP) se bat, pour employer le vocabulaire de L’Équipe, avec « l’énergie du désespoir » : « Depuis plusieurs années les administrations, comme un peloton d’exécution, veulent nous flinguer. Mais nous n’allons pas crever sans nous battre ». C’est là un Don Quichotte parlant comme une victime du « Dos de Mayo ». Fouillant dans le trou de la Sécu comme des chiffonniers du Caire, Hervé Quentel et ses amis guérilléros en découvrent de belles. Bakchich vous a déjà tracé le destin inconnu des millions d’euros destinés au transport ambulancier.
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Je résume : l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) reçoit chaque année une dotation budgétaire de 15 millions d’euros pour payer les transferts de ses patients d’un CHU l’autre. Mais, bonheur, ces mêmes 15 millions sont, par ailleurs, gentiment remboursés par la Sécu. Donc, au terme de l’opération, l’AP-HP ne dépense pas ses jolis sous et garde sa quinzaine de millions au creux de sa poche. Pour en faire quoi ? Pas forcément des voyages à Tahiti. Il semble que, dans ce brouillard comptable, l’argent vienne limiter le déficit publié par les établissements hospitaliers. Ce qui n’est pas rien en cette période où Roselyne et ses potes veulent « responsabiliser les hôpitaux et leurs dirigeants », par exemple le directeur du CHU de Caen qui vient de faire plus de 800 000 euros de travaux dans son logement de fonction.
Vous avez remarqué qu’en ce moment, avec les milliards balancés aux banquiers, on parle moins de ce « trou de la Sécu » qui n’est même pas un équivalent Madoff. On a le sentiment que tout le monde s’en fout et qu’il n’y a plus que quelques types, comme ces ambulanciers, qui font des comptes. Et ces chercheurs trouvent. Après le coup que l’on vient d’évoquer, celui des 15 millions perdus dans le désert, les pinailleurs en ont trouvé d’autres, millions. Et, mesdames messieurs, nous passons de 15 à 30 millions par an puisque l’hospitalisation à domicile est soumise sur toute la France) au même régime de faveur que l’AP-HP. Reprenons : cette forme « conviviale » d’hospitalisation reçoit une dotation pour ses transports : ambulances, voitures du médecin, de l’infirmière, du kiné. Mais, au bout du compte, c’est la sécu qui raque. Malin !
Jacques Vergès, le célèbre diable noir qui défend les intérêts de l’USAP, le syndicat de Quentel, a croisé pas mal d’ovni judiciaires dans sa carrière, mais « aucun comme celui-ci, où les millions se promènent et où tout le monde s’en moque en chantant embrassons-nous Folleville ». C’est vrai, faut pas chicaner.
À lire ou relire sur Bakchich.info :
Mr Bourget !!! N’écrivez pas n’importe quoi ! Voyons ! Les taxis ont toujours fait des transports médicaux et ceci bien avant l’invention des VSL. Les premiers transports de malades assis pris en charge par l’assurance maladie l’ont été dans les années 70. Sachez égelement Mr Bourget que la France est le seul pays d’Europe ou les VSL existent. Le probléme des chauffeurs vsl est que ceux-ci ont la facheuse tendance de confondre leur véhicule avec une bétaillère, entassant ainsi leur patient dans leurs véhicules et n’hésitant pas à en transporter 4 en même temps (donc 3 derrière), ceci étant contraire à la réglementation des transports Sanitaires ! Pire, il est même courant que ceux-ci (les chauffeurs VSL)oublient carrément leurs clients ou leur face faire le tour du départements parce-que ceux-ci ont d’autre clients à prendre. Un conseil : si un chauffeur VSL arrive en retard(ce qui est courant), ne lui dite rien car vous risquez de vous faire copieusement remettre en place ! Apprennez Mr Bourget, que les taxis sont ponctuels ,font un travail de qualité (les taxis sont maintenant titulaire de brevet de secourisme) et offrent un accueil personnalisé au client….
A bon entendeur, bonsoir !
Pourriez-vous préciser votre propos ? En quoi le fait, pour l’assurance maladie, de limiter les dépenses à ce qui est strictement indispensable est-il scandaleux ? Ne s’agit-il pas au contraire d’une saine gestion des deniers publics (les vôtres, les miens, les siens, …) ?
Vous omettez de préciser qu’il existe 3 types de transports sanitaires : l’ambulance où le patient voyage allongé, le VSL (véhicule sanitaire léger) où il voyage assis et est assisté par l’ambulancier pour les démarches administratives et les taxis ordinaires avec lesquels l’assurance maladie a passé convention depuis bien des années en province (au moins 15 ou 20 ans). Seuls les 2 premiers sont assurés par des sociétés d’ambulance.
Savez-vous que, depuis plusieurs années en Ile de France, les sociétés d’ambulance ne proposent plus que des transports en ambulance et plus du tout de VSL ? Y compris lorsque le transport allongé n’a aucune justification. Or, celui-ci coûte bonbon à la sécu et on comprend, dans ces conditions, que les caisses d’Ile de France passent (enfin !) convention avec les taxis pour les personnes qui n’ont comme difficulté qu’une mobilité restreinte ou l’absence de transport en commun aisément praticable.
Je suis médecin depuis un paquet d’années et ai longtemps exercé en province, dans une région dépourvue ou presque de transports en commun. Les taxis y rendent quotidiennement de grands services aux patients pour un coût acceptable pour la collectivité.
J’ai la désagréable impression que vous relayez exclusivement le discours des sociétés d’ambulance. Je m’attendais à plus de rigueur journalistique de votre part.
En espérant que ce n’est qu’une faiblesse passagère, bien cordialement. P.S. Les documents proposés sont illisibles, à part le dessin…