Sous l’angle économique, fin 2008 a été une catastrophe économique. En revanche, en déclinant la crise sous forme de repas, c’est un cocktail explosif. Un menu détaillé pour Bakchich par Fabrice BOULAY Conseil en Gestion de Patrimoine Indépendant
Lorsque l’on regarde l’année 2008 avec quelques jours de recul, on peut l’analyser, pour le monde de la Finance, comme un millésime tout à fait exceptionnel.
Pas forcément dans le sens que l’on entend usuellement, mais malheureusement exceptionnel dans l’amplitude de sa caricature.
À vouloir toujours plus, toujours plus vite, on finit par se prendre les pieds dans le tapis.
Et la finance s’est invitée, toute seule, à un gargantuesque repas de fête dont nous allons détailler le menu.
Pour une petite mise en bouche avant un énorme repas, rien de tel qu’un peu de croustillant avec les petits amuse-gueules Kerviel. À 5 milliards d’euros, on pensait en début d’année qu’il s’agissait déjà du plat principal. Que nenni ! Pacotille, 5 milliards d’euros ! La recette : beaucoup d’ambition, une pincée d’avidité, un zeste de malice, et le tour est joué. Recette accessible à tout jeune loup aux dents longues.
Maintenant que l’on s’est ouvert l’appétit avec ce petit encas, passons aux choses sérieuses.
Vous me direz, c’est du réchauffé, on l’a déjà servi à l’été 2007. Certes, mais cette fois-ci, on l’a servira froide. Recette d’origine américaine, réalisée à base de naïveté et d’incompétence, cette bonne soupe vous restera en bouche pendant tout le repas, et nul doute qu’on en conservera la saveur encore en 2009. Le vrai problème, c’est que les victimes directes vont être condamnées à la soupe pour un bon moment…
Qui n’a pas déjà vu le Domino Day ? Le premier domino aurait pu s’appeler Bear Sterns, mais on attribuera la palme du plus beau gadin à Lehman Brothers qui constituera la base de notre recette. Si vous êtes tombé dans le coma aux Etats-Unis début 2007 et que vous vous réveillez fin 2008, n’allez pas tout de suite à votre banque, elle a certainement disparu ou changé de nom.
En Europe, plus modestes, nos chefs cuisiniers, se contenteront de restructurations massives, où la découpe des gros poissons, à l’image d’ABN Amro ou Fortis, devient un art culinaire. Mais nos dirigeants n’ont apparemment pas eu le même long apprentissage que les maîtres Sushi en matière de découpe…
Voilà enfin du sérieux, des vrais chiffres : 700 milliards de dollars ! L’équivalent de…heu à ce niveau, on ne sait plus. Certes le débat sur la recette entre les cuistots a été laborieux. Certes on ne sait pas encore vraiment comment ça va marcher … et si ça va marcher. Mais là, on se donne les moyens pour un vrai plat de résistance. Avec une digestion dans le temps qui elle aussi risque d’être laborieuse …
Que serait un repas de fête sans sa traditionnelle bûche ? Cette année, nous sommes gâtés, car il s’agit d’une énorme bûche à 50 milliards de dollars. Le truc de la recette ?
L’évaporation. Mieux qu’Houdini en personne, illustre illusionniste, Madoff a réussi à faire fondre les économies des plus fortunés. Un énorme gâteau qui fait perdre autant de poids, chapeau bas Monsieur Madoff. Il prétendait avoir un secret de fabrication pour ne pas avoir à expliquer sa recette. Trop fort ! Plus c’est gros, plus ça marche ! En imposant un tel régime, nos cuisiniers ont réussi à faire fondre de près de 40% la capitalisation boursière mondiale. Bravo messieurs. Weight Watchers n’a qu’à bien se tenir. Gageons que le nouveau cuisinier en chef qui prendra ses fonctions le 20 janvier saura concocter un menu plus léger et plus digeste pour 2009 car à ce rythme, nos estomacs risquent fort l’indigestion.
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