« Bakchich » a épluché les rapports de l’IGAS et de la Cour des Comptes qui pointent les dysfonctionnements de nos hôpitaux. Au bord de la syncope.
« Hôpital, patients, santé et territoires ». Avec cet ambitieux projet présenté mercredi 22 octobre en Conseil des ministres, Roselyne Bachelot, est bien décidée à refonder le système de santé français. « Cette loi est une grande loi, et non une réforme en trompe-l’œil », a déclaré la ministre de la Santé dans un entretien accordé au Quotidien du médecin. Premier dossier ? Les hôpitaux, en souffrance depuis bien trop longtemps : absentéisme chronique du personnel médical, dérives des dépenses, mauvaise coordination des spécialités, blocs opératoires en sureffectifs…
Dans deux rapports publiés cette année, les enquêteurs de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de la Cour des comptes ont passé un peu moins d’une vingtaine d’hôpitaux au rayon X. Le résultat est sans appel : les carences des centres hospitaliers sont flagrantes. Si les experts soulignent l’important travail effectué depuis dix ans par les Agences régionales de l’hospitalisation (ARH), censées rationaliser le système, ils ne manquent pas d’attaquer l’action gouvernementale qui a laissé la situation se dégrader.
1-Des finances à la dérive. « Tout se passe comme si certains établissements s’étaient durablement installés dans une culture du déficit. Dans certains cas, la dégradation financière en cours amène à douter du réalisme des programmes d’investissement prévu. » dénonce l’IGAS. Un exemple, le CHU de Lille a bénéficié de 36 M € d’aides entre 2004 et 2007. Fin 2007, son déficit d’exploitation s’est aggravé et a atteint 15 M €.
2-Un absentéisme chronique. Si l’absentéisme connaît une réduction sensible depuis 2001, les taux restent élevés dans les Centres hospitaliers universitaires. Le CHU de Strasbourg connaît le taux le plus élevé, à 11,34 % puis vient le CHU de Caen à 11,28 % et celui de Nice à 11,19 %.
3-Des services en sureffectifs. Pour préserver la paix sociale, les présidents des conseils d’administration refusent que les contrats contiennent des engagements exigeants sur l’évolution des effectifs. Pire, dans son rapport l’IGAS constate que la masse salariale augmente dans plusieurs hôpitaux. A Rouen, « les effectifs continuent de croître dans tous les secteurs malgré une situation financière très dégradée » pointent les experts.
4-La chirurgie, une spécialité en difficulté. Malgré une attention particulière des Agences régionales hospitalières à ce domaine, avec notamment le développement de la chirurgie ambulatoire (pas d’hospitalisation), la chirurgie publique connaît une baisse sensible, concurrencée par le privé. Le service de chirurgie du centre Le Raincy-Montfermeil connaît une nette baisse des entrées, passées de plus de 5000 en 2004 à moins de 4800 en 2006. Dans la région Centre, la Cour des comptes relève qu’une vingtaine de sites de chirurgie ont fermé leurs portes entre 1997 et 2007, dont plusieurs publics.
5-L’imagerie : un pôle de dépenses élevées. Trop d’IRM, de scanner ou encore de radios sont réalisés chaque année. Au CHU de Toulouse, les experts de l’IGAS ont constaté un « surcoût de production » ainsi que des « sur-prescriptions » de la part des pôles cliniques.
6-Hôpitaux publics : des fusions laborieuses. En 2000, la Cour des comptes enregistrait peu de restructurations (souvent laborieuses) des centres hospitaliers. En 2007, le constat est le même. Le centre hospitalier de Toulon et celui de la Seyne ont fusionné leur administration en 1988 mais chaque site a conservé son service d’urgences, ses activités de médecine, de chirurgie et d’obstétrique. La Cour précise que ces centres « ont gardé leurs activités propres, qui sont souvent redondantes ».
7-Difficultés de croissance pour les petits hôpitaux. A l’image de beaucoup d’autres, le centre de Longwy, en Lorraine, connaît un problème d’attractivité des practiciens alors que le recrutement de personnel médical est fondamental pour son développement. D’autant que l’hôpital doit faire face à une forte concurrence du privé.
8-Des hôpitaux déconnectés des généralistes. Le CH de Vittel s’est retrouvé « embouteillé par des soins de type "bobologie" ». Une situation liée à une faible articulation avec la médecine de ville et en premier lieu à l’absence d’une régulation libérale articulée avec la régulation du SAMU note l’IGAS.
9-Le maintien des maternités fragiles et coûteuses. « Il existe encore 24 maternités qui effectuent moins de 300 accouchements par an », selon la Cour des comptes. Sâges-femmes et obstétriciens connaissent dans certaines maternités une activité très variable, ce qui oblige souvent à recourir à l’interim, un service cher.
10-Des hôpitaux qui ne coopèrent pas assez. La Cour des comptes préconise une « réorganisation des activités fondées sur un projet médical de territoire ». En Midi-Pyrénées, l’IGAS rapporte que le centre hospitalier de Lavaur « est confronté à une forte concurrence en court séjour du CHU de Toulouse et de la clinique de l’Union. Il ne s’inscrit pas dans une stratégie de territoire qui pourrait lui permettre d’engager des coopérations formalisées ».
À lire ou relire sur Bakchich.info :
j ai été hospitalisé en janvier 15 j ; puis 2 j par mois jusqu’en juillet tres bien soigné, personnel gentil mais des économies ont été faites….en juin, les repas furent servis..dans des barquettes, fournis par une societe sans doute la moins disante….petit pain reduit de 25 %, viande ou poisson….beuhhh
est ce vraiment le bon moyen de mettre un malade de bonne humeur ?
La mal-santé publique Un bien portant est un malade qui s’ignore.
Le remplissage des hôpitaux, La morale est sauve http://echofrance36.wordpress.com/2008/10/25/le-remplissage-des-hopitaux-la-morale-est-sauve/
Les hôpitaux http://echofrance37.wordpress.com/2009/01/30/les-hopitaux/