Un livre au vitriol sur les dix ans de règne de Mohammed VI, signé par le cofondateur du plus grand hebdo marocain. Savoureux menu… Encore un peu relevé par le refus du Journal Hebdomadaire d’en publier les bonnes feuilles.
Les plumitifs du royaume enchanté qui se vouent aveuglément à la défense de Mohammed VI et du makhzen marocain ne pourront pas crier à l’ingérence étrangère. Cette fois, c’est un journaliste marocain qui s’attaque à la citadelle royale.
Co-fondateur avec Aboubakr Jamaï du grand hebdo indépendant Le Journal Hebdomadaire, Ali Amar, 42 ans, publie ce mercredi chez Calmann-Lévy, Mohammed VI, le grand malentendu.
Peu amène, cet ouvrage tire le médiocre bilan des dix premières années de règne du fils de Hassan II et passe en revue différentes affaires qui ont égayé les débuts du jeune souverain : les petits week-ends en amoureux de Nicolas et Carla Sarkozy chez un Mohammed VI qui a mis à leur disposition son « petit palais de Jnane Lakbir, niché dans la Palmeraie » de Marrakech, le renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’assassinat du maître-chanteur Hicham Mandari, la pittoresque affaire de Talsint où le roi a cru que l’on avait trouvé du pétrole au royaume enchanté… Mais aussi des descriptions précises des dérives de l’entourage du monarque, sans oublier Lalla Selma, la rousse épouse de Mohammed VI. Bonnes feuilles.
Grosse surprise dans les kiosques marocains le vendredi 24 avril. Les bonnes feuilles du livre d’Ali Amar qui devaient figurer dans le Journal Hebdomadaire n’y sont pas. Alors que le tout Rabat-Casa jase sur le pourquoi du comment de cette absence, Bakchich a joint les différents protagonistes de cette affaire qui livrent leur version des faits.
Omar Brouksy, rédacteur en chef du Journal Hebdomadaire : « Il était prévu de passer des bonnes feuilles du livre d’Ali Amar ainsi qu’une interview de l’auteur que nous avons réalisée. Puis Fadel Iraki (principal actionnaire du Journal Hebdomadaire) et Aboubakr Jamaï (co-fondateur du Journal et ancien directeur de la publication) m’ont téléphoné et m’ont dit que si c’était un livre sur le régime, l’un des principaux acteurs de l’ouvrage était le Journal Hebdomadaire. Ils m’ont dit que des gens leur (aux responsables du Journal) avait fait confiance en leur racontant des choses en “off” et que ces choses se retrouvaient maintenant dans le livre d’Ali Amar. Mais aussi que si le Journal publiait les bonnes feuilles, cela revenait à cautionner cette méthode de faire. J’étais libre de publier ou non les bonnes feuilles et j’ai pris la décision de consulter la rédaction. Après débat, nous avons alors décidé de ne rien sortir ».
Aboubakr Jamaï, co-fondateur du Journal Hebdomadaire et ancien directeur de la publication qui réside aujourd’hui aux Etats-Unis : « J’ai fortement recommandé la non-publication des bonnes feuilles du livre d’Ali Amar dans le Journal Hebdomadaire. Je ne voulais pas prendre position maintenant car il y avait des problèmes d’angle éditorial. On a reçu le livre trop tard pour réagir proprement. »
Ali Amar, co-fondateur du Journal Hebdomadaire, ancien directeur général et auteur de l’ouvrage Mohammed VI, le grand malentendu : « Jamais je n’ai pensé que l’on me ferait ce que l’on me fait en me jetant dans la fosse aux lions. Jamais ! Je n’ai pas lâché les sources qui nous avaient révélé des informations. Je témoigne de choses que j’ai vécues personnellement. C’est différent. C’est par exemple le cas de l’épisode où Aboubakr et moi rencontrons Edwy Plenel alors directeur de la rédaction du Monde, à Paris. Plenel ne s’était pas exprimé sous le sceau du secret et, pendant l’écriture du livre, j’ai téléphoné à Aboubakr pour vérifier avec lui que Plenel nous avait bien dit à tous les deux qu’André Azoulay (conseiller de Hassan II puis de Mohammed VI) avait bien dit du jeune roi que le Monde voulait interviewer : « n’y pensez pas, Edwy, ce jeune homme est ingénu. ».
Voilà qui promet de beaux débats dans les jours qui suivent…. La question est maintenant de savoir comment le Journal traitera du livre (ou ne traitera pas) de son co-fondateur et ancien directeur général. La réponse sans doute le vendredi 1er mai.
C.G.
D’emblée, Ali Amar dresse un portrait carabiné du roi Mohammed VI et de son penchant pour la fête avec les people.
« Samedi 2 novembre 2002 à Marrakech. C’est le pic de saison pour La Mecque du tourisme marocain après les longs mois d’accalmie qui ont suivi le 11-septembre, mais les hôteliers et les restaurateurs font grise mine. Sur ordre des autorités, comme à l’accoutumée, tous les débits de boisson baissent leur rideau aux musulmans : dans quelques jours c’est ramadan. Un tunnel d’un mois qui grève leur chiffre d’affaires, surtout lorsque le calendrier de l’Hégire le fixe en automne.
Vers 21 h 30, pourtant, à un jet de pierre du célèbre palace La Mamounia, dans la rue qui abrite Le Comptoir, un lounge-bar à la mode, l’ambiance n’est pas à la piété. De rutilantes limousines escortées de motards, tous gyrophares tournoyants, déversent dans un ballet incessant près de 300 convives aux portes de ce haut lieu de la vie nocturne marrakchie.
Ce soir, la jet-set internationale est invitée par P. Diddy, la star du rap américain, qui a choisi le Maroc pour souffler ses 33 bougies. Sont arrivés à bord de deux avions spécialement affrétés de New York et de Paris par la Royal Air Maroc : Naomi Campbell, Ivana Trump, Tommy Lee Jones, Joey Starr ou encore Gérard Depardieu. De nombreux artistes de la scène musicale new-yorkaise dont les chanteurs Usher ou Billy Crawford ont également fait le déplacement pour trois jours et trois nuits de libations à l’orientale. Coût de l’anniversaire : un million de dollars, selon la très people « Page Six » du New York Post et le tabloïd anglais The Sun, qui affirmeront que la somme pour régler la note salée provenait de la cassette personnelle de Mohammed VI.
L’information est relayée par toutes les gazettes mondaines de la planète et devient vite incommodante pour le jeune roi que l’on voit à la veille du mois sacré distribuer lui-même, à grand renfort de propagande, la soupe populaire aux nécessiteux du royaume. L’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, ordonnateur de ces soirées dignes des Mille et une nuits, est appelé à la rescousse.
Il dira benoîtement qu’il a organisé lui-même ces festivités à travers Kissman Events, la société d’événementiel qu’il a créée au Maroc à cette occasion. Plus cocasse encore, son agent Jean-Pierre Domboy affirmera qu’en réalité l’opération n’a été possible que « grâce à une conjonction de partenaires comme l’office marocain du tourisme, la compagnie Royal Air Maroc, de grands palaces de Marrakech, ainsi que la chaîne de supermarchés Marjane ». Une bien fortuite conjonction de grandes entreprises publiques et de l’enseigne de grande distribution qui appartient à un holding royal.
Toujours est-il qu’officiellement, le roi Mohammed VI n’a en aucun cas offert quoi que ce soit sinon, toujours selon l’agent de Jamel Debbouze, « l’utilisation d’une quinzaine de voitures avec chauffeurs, attachés au Palais ». L’intention de Jamel, « qui s’implique de plus en plus dans la promotion de l’image de son pays d’origine, était de faire découvrir à P. Diddy et à ses amis américains la beauté du Maroc, le sens de l’hospitalité et de la fête de ses habitants et surtout de leur montrer qu’un pays musulman pouvait être tout à fait fréquentable ».
En réalité, le rétropédalage de Debbouze cache mal la gêne du Palais qui s’efforce depuis l’accession de Mohammed VI au trône en 1999, de façonner au souverain une image de « roi des pauvres » en rupture avec la magnificence médiévale de Hassan II. Des photos de paparazzi parues dans la presse, qui le montraient, alors prince héritier en jean et baskets, un paquet de Marlboro à la main, faisant ses emplettes dans les beaux quartiers de Paris, avaient déjà valu à sa garde rapprochée de sévères remontrances. Les débuts de son règne semblaient pourtant confirmer cette volonté du jeune roi de vivre au diapason de son peuple : plus modestement. »
(…)
« le train de vie de sultan des temps modernes mené par Mohammed VI ne peut plus être tenu secret. Chaque année, le budget de l’État alloué à la monarchie s’élève à près de 300 millions d’euros. On y décompte les « listes civiles » qui comprennent notamment le salaire du chef de l’État (environ 36 000 euros par mois) ainsi que les indemnités que perçoit sa famille proche dont le détail reste confidentiel, atteignant 2,5 millions d’euros par an.
Cependant, l’essentiel des dépenses du monarque provient d’à-côtés budgétaires pharaoniques destinés à entretenir sa cour et ses proches collaborateurs (un millier de salariés qui n’engloutit pas moins de 160 millions d’euros chaque année). Des rallonges qui sont prestement votées par consentement tacite des élus de la Nation au pouvoir bien limité.
Le budget de fonctionnement de la maison royale – réparti en frais de personnel, frais de bouche, frais de déplacement, de téléphone, d’entretien des palais et de subventions diverses – représente plus de 2 % des dépenses totales de l’État. Il a augmenté de plus de 40 % depuis 2000. Il dépasse l’enveloppe allouée à la Justice, par exemple, et représente plus de vingt-cinq fois celle du Premier ministre et de son cabinet, réduit à la portion congrue et de facto à la figuration.
Les dépenses somptuaires du Palais, décuplées par le grand apparat de son protocole, atteignent des sommets pour chacune des coquetteries voulues par le roi. Mohammed VI dilapide par exemple 40 millions d’euros par an en frais de voyages, 1 million pour la nourriture des animaux du Palais, 6 millions pour le renouvellement de son parc automobile, près de 2 millions en dépenses vestimentaires chez les grands couturiers comme Gianfranco Ferre ou des stylistes en vogue comme Holland and Sherry, qui a annoncé en 2008 sur le site stv.tv que le roi faisait partie des 18 personnalités à lui avoir commandé l’habit le plus cher au monde : un costume en laine de lama des Andes pour la coquette somme de 35 000 livres sterling. La marque qui habille les grandes stars comme George Clooney et Tom Cruise précisait que le vêtement de Mohammed VI nécessitait un travail de dix-huit mois pour sa confection.
Des chiffres qui donnent évidemment le vertige dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros. »
Au menu de ce chapitre, la description des relations entre deux personnalités proches de Mohammed VI : les sieurs Fouad Ali el Himma et Mounir Majidi. Les deux hommes se livrent un combat de titans pour le pouvoir et l’oreille du souverain.
« Depuis que Mohammed VI est roi, les parcours fulgurants des deux hommes résument à eux seuls la « nouvelle ère ». Deux personnalités, devenues en dix ans les plus influentes du Maroc, qui n’ont presque aucun point en commun, sinon celui de vouloir être au plus près de Sa Majesté. Ils personnalisent deux archétypes de cette « Génération M6 », mais surtout deux versants d’un même pouvoir, dont le roi a lui-même tracé les contours : El Himma à la politique et à la sécurité en tant que ministre délégué de l’Intérieur, Majidi au business et à la gestion de la fortune royale en tant que chef du secrétariat particulier du roi.
Depuis qu’ils se sont hissés au pinacle du pouvoir, ces deux confidents de Mohammed VI font mine de respecter ce jeu de rôle, mais, à chaque faiblesse de l’un ou de l’autre, leur guerre d’usure laisse jaillir des étincelles. En coulisses, leur combat n’a pas repris : il ne s’est jamais interrompu. « Arrêter de surveiller l’autre serait déjà une erreur, cesser de s’en méfier, une faute », commente un habitué du sérail.
Les quelques patrons invités à la cène d’Elalamy qui abordent ce sujet en discrets conciliabules ont des raisons de s’inquiéter : ils font partie du clan Majidi, formaté autour des holdings royaux et du patronat. Et Majidi est de nouveau au centre de plusieurs polémiques qui pourraient favoriser ceux d’en face, affidés à l’aile sécuritaire du Palais.
Déjà en 2004, lorsque se préparait la relève au sein du patronat, El Himma avait saisi l’occasion d’avancer ses pions dans le pré carré des hommes d’affaires, soutenu en cela par le tour de vis sécuritaire donné au pays au lendemain des attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, la capitale économique du royaume.
El Himma avait profité de l’événement pour accuser publiquement les grands patrons de la ville de ne pas suffisamment investir afin de stimuler l’économie marocaine, de réduire le chômage et ce faisant d’éradiquer la misère des banlieues, terreau fertile de l’islamisme radical. Il empiète alors sur le domaine réservé de Majidi, qui lui aussi veut contrôler à sa manière le patronat en y plaçant ses fidèles alliés. Parce qu’il s’agit de menace terroriste, parce que la sécurité nationale est en jeu, l’incursion d’El Himma sera tolérée par Mohammed VI.
Un geste qui sera très médiatisé et qui rappelle une vérité toute simple : dans la hiérarchie du pouvoir marocain, il n’y a pas de place pour deux vice-rois en période de crise. « Comment, dans ces conditions, parler d’attelage efficace destiné à secouer l’immobilisme du gouvernement ? », s’interroge la presse, qui critique cette polarisation du pouvoir autour du roi et qui ne crée que tensions et scandales à répétition.
Cette fois, le fer est croisé au cœur du business de Mohammed VI. Une violente controverse vient d’éclater autour du débarquement précipité de Khalid Oudghiri, un ancien cadre de la BNP promu au poste de P-DG d’Attijariwafa Bank, la banque contrôlée par les holdings du roi. Yassine Mansouri, le patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), le service de contre-espionnage marocain, est destinataire en décembre 2006 d’une missive confidentielle de ses homologues français. La France, première partenaire économique du royaume, s’inquiète de voir malmenés ses intérêts au Maroc.
Mohammed VI est immédiatement informé. On ne saurait obscurcir le ciel dégagé des relations privilégiées avec Paris, alors que le soutien de l’Élysée et du Quai d’Orsay est si crucial sur le dossier du Sahara occidental. El Himma y voit une opportunité de porter l’estocade à son rival.
Une réunion extraordinaire est organisée au ministère de l’Intérieur en janvier 2007, à laquelle sont convoqués Majidi et ses lieutenants : Hassan Bouhemou, le patron de Siger (anagramme de Regis, « roi » en latin), holding du souverain qui contrôle l’Omnium Nord-Africain (ONA) et Attijariwafa Bank, Saâd Bendidi, à l’époque P-DG de l’ONA, et Khalid Oudghiri, le P-DG d’Attijariwafa Bank.
En face d’eux, El Himma aligne Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur, par ailleurs un ancien de l’ONA, et Yassine Mansouri, le chef des services secrets. La réunion est houleuse, mais au sein du clan Majidi, Oudghiri laisse entrevoir des positions opposées sur la stratégie de la banque vis-à-vis de l’ONA et de ses partenaires français, notamment AXA et Auchan avec qui la guerre est ouverte.
Oudghiri sera invité à s’exprimer plus librement à huis clos lors d’une deuxième rencontre avec les « sécuritaires ». À cette occasion, il s’opposera à l’idée de mettre la banque qu’il dirige au seul service des intérêts du roi. L’hostilité à l’égard des intérêts économiques de la France est pour lui une hérésie.
El Himma boit du petit-lait et s’empresse de s’en ouvrir à Mohammed VI qui attend des explications. Mais l’omerta qui règne au Palais veut que rien ne filtre, l’affaire devra rester secrète. Elle sera tranchée par le limogeage d’Oudghiri sans autre forme d’explication, Majidi préférant sacrifier un pion sur l’échiquier pour que les querelles sur les affaires royales ne soient pas rendues publiques, surtout lorsqu’elles se télescopent avec des enjeux diplomatiques.
Pire, alors que Oudghiri quitte le Maroc des mois plus tard pour prendre la direction d’une banque saoudienne, il sera accusé de malversations et de mauvaise gestion d’Attijariwafa Bank, au point qu’il fera appel pour sa défense à Me Vergès, le ténor du barreau parisien, pour se prémunir de la vengeance du clan Majidi qui ne lui a pas pardonné sa traîtrise. »
Tout au long de son livre, Ali Amar égrène plusieurs révélations sur l’histoire du Journal Hebdomadaire comme cet épisode concernant l’ancien Premier ministre Driss Jettou.
« Dans sa villa du Val d’Anfa à Casablanca, Driss Jettou me reçoit avec le sourire, ce 25 juillet 2008. Je n’avais pas vu l’ancien Premier ministre depuis des années. Le sujet pour lequel je souhaitais le rencontrer devient presque secondaire lorsqu’il se met à égrener des souvenirs communs. « Tu ne sais pas à quel point je vous ai défendu lorsque j’étais aux affaires. Tout le monde voulait votre peau, des gens au Palais bien sûr, mais plus encore chez les socialistes. Parfois, le Conseil du gouvernement faisait de votre cas une obsession. Ça n’a pas été de tout repos, crois-moi. » Je veux bien le croire en effet.
2 décembre 2000, Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre socialiste à l’époque, entérine la mort du Journal. Je suis attablé avec Aboubakr Jamaï, Fadel Iraki et l’un des enfants de Mehdi Ben Barka à la terrasse d’un café du XVIe arrondissement à Paris lorsque nous apprenons la nouvelle. Nous décidons de rester en France encore quelques jours pour organiser notre contre-attaque, car cette fois-ci la bataille sera encore plus rude et nous savons que notre meilleure défense est notre exposition à l’opinion internationale.
L’interdiction de l’hebdomadaire coïncide avec la tenue au Maroc du premier congrès de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un pays non démocratique. Dans son communiqué de protestation, la FIDH fait remarquer à Youssoufi les contradictions de sa décision. Il prétend la prendre dans « sa conviction de renforcer les espaces de liberté », alors même qu’il a utilisé le fameux article 77 du code de la presse qui a servi pendant des décennies à censurer son propre parti lorsque celui-ci était dans l’opposition. Le satisfecit que voulait donner cette puissante organisation au royaume en organisant son congrès à Casablanca pour la transition vers un État de droit dans laquelle il semblait s’être engagé va tourner à la catastrophe médiatique.
Driss El Yazami, l’ancien opposant du régime et cheville ouvrière de la FIDH, se sent floué par cette décision liberticide. À notre retour de Paris, il invite Aboubakr Jamaï à la tribune du Congrès. Face aux caméras du monde entier, après un discours percutant, le jeune patron du Journal annonce sa décision d’entamer sur-le-champ une grève de la faim illimitée afin d’obtenir l’autorisation de ressusciter sa publication.
Les débats prévus sur les avancées en matière de droits de l’homme sous Mohammed VI paraissent dès lors désuets. Youssoufi, qui avait quitté la salle avant l’intervention de Jamaï, est décrédibilisé. Ce scénario inattendu au Palais va le contraindre à reconsidérer sa position, surtout qu’une campagne de presse à l’internationale se fait de plus en plus l’écho de la fin du « printemps marocain ».
Fouad Ali El Himma, en retrait depuis le début de la crise, reprend langue avec Fadel Iraki, l’actionnaire principal du Journal. Le rendez-vous aura lieu à Marrakech, alors que Jamaï, cloîtré depuis presque une semaine dans son bureau où il a installé un lit de camp, reçoit sans interruption les médias et enchaîne les conférences de presse jusqu’à épuisement.
La mobilisation est à son comble, alors que l’État et sa justice se confondent dans des explications juridiques surréalistes pour justifier leur refus d’autoriser Jamaï à lancer un nouveau titre. Le parquet de Casablanca, censé donner ce sésame sur simple présentation d’un dossier, conformément au code de la presse, joue la montre en arguant que des pièces administratives n’ont pas été produites, sans pour autant préciser lesquelles.
Alors en route pour Marrakech, Fadel Iraki reçoit un coup de téléphone de son ami Abderrahim Lahjouji, le patron de la CGEM, l’équivalent marocain du MEDEF, avec qui il s’était entretenu durant la journée. Il lui demande de faire demi-tour d’urgence et de le retrouver à son bureau privé de la rue d’Alger.
Là, la surprise est de taille : Driss Jettou, alors conseiller du roi, l’y attend. Iraki m’appelle pour assister à la rencontre. L’échange est cordial, mais quelque peu tendu. Lahjouji y met beaucoup du sien, explique au conseiller les retombées néfastes de l’affaire et étale sous ses yeux les articles du Monde, du Figaro et de Libération qui parlent d’un retour aux années sombres. Jettou se tourne vers moi et me dit : « Écoute, je sais que tu es un garçon raisonnable. Le pays est lynché, demande à ton ami d’arrêter au moins sa grève de la faim et je te promets de solutionner le problème dans l’heure qui suit. Si vous faites ça, je vous invite tous les trois à dîner ce soir autour d’un tajine de poulet au citron. »
Ce à quoi je réponds que, si Jamaï reçoit son autorisation avant la fin de la journée, nous serions honorés d’être invités à sa table. Au même moment, nous apprenons qu’ordre a été donné au procureur du tribunal de première instance de Casablanca de remettre en mains propres à un Jamaï triomphal son sésame.
Jettou appelle alors El Himma de son portable et lui annonce avec satisfaction : « On a gagné ! » Nous dînerons alors le soir même autour du tajine promis au domicile de Lahjouji. Au dessert, Jettou aura cette phrase terrible : « Vous devez savoir qu’au Palais, on ne lit pas tous vos articles dans le détail. On s’arrête souvent sur un titre qui dérange, une formule, mais le sens général n’est pas souvent compris. Vous n’avez pas affaire à des intellectuels. »
Pour garder la face, le procureur du roi sera dépêché sur le plateau de télévision de la chaîne 2M pour annoncer que Le Journal a finalement produit les pièces manquantes imaginaires. Le publicitaire Nourredine Ayouch, un proche du Palais, était passé opportunément à l’administration du Journal pour demander une copie du dossier initial, remis un mois plus tôt au procureur. Il ira le déposer au greffe du Tribunal, offrant ainsi à l’État le prétexte officiel pour céder à la pression médiatique. »
Mohammed VI, Le grand malentendu. Dix ans de règne dans l’ombre de Hassan II. Par Ali Amar. Ed. Calmann-Lévy.
Lire ou relire dans Bakchich :
livre nul, par respect Mr Amar change le titre de ton livre c’est Le ROI MOHAMMED VI premierement , il a fait que critique notre roi….sans lui tu sera dans un pays de guerre !!! Pas de points possitifs sur le maroc…change de nationealite alors…et puisque tu adresse ton livre a certains gens , il y avait pas la peine de le publier , il existe un autre moyen de leur envoyer ton book, email ou post ??…
les grands ecrivains font lire et relire leur livres au gens, au moins, cite dans son livre avant le publie…shame on you a si ali..
VIVRE le ROI, VIVRE LE MAROC et LES MAROCAINS
hada khaso yamchi yakol el bissara, wala raha aussi bezaf 3lih….
La dernière phrase de ce lamentable commentaire dite dans la darija, illustre à la fois le niveau intellectuel tout autant que le mode de pensée primaire et fasciste de son auteur qui n’insinue ni plus ni moins que Ali Amar mériterait de croupir en prison où l’on a l’habitude de servir, entre autre, aux détenus la « Bissara » soupe aux pois cassés.
Quand on sait que ce plat, au demeurant succulent, est l’un des plats les plus consommés par une majorité du petit peuple marocain pour des raisons économiques, on appréhende à sa juste valeur, l’énormité proférée par le commentateur occasionnel et son mépris pour les défavorisés de ses compatriotes.
C’est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied.
Mais on savait déjà que les supporters inconditionnels du roi des cancres ressemblait étrangement à leur maître.
Chacun son avis , si cette personne croit que Amar devrait étre en prison c’est son droit . Il y a bien des français qui voudrait voir Chirac en prison (…) . Ne passe pas ton temps à critiquer l’avis des autres et si on devine que tu es un républicain , ce n’est pas l’avis de la majorité des marocains , cela se saurait ( révolution ) . Apprends dabord a respecter l’avis des autres ; c’est la démocratie . Amar n’est pas en prison et n’a méme pas été inculpé d’aprés ce que je sais , c’est donc un bon point pour le régime marocain .La bissara est le plat populaire du rif et le reste du Maroc le mange rarement . Les marocains préférent la "harira" , soupe du peuple . Pour finir , je peux te dire a 100 pour 100 que la formation qu’a reçue M6 est bien supérieure à celles de beaucoup de chefs d’états du monde . La monarchie marocaine a au moins le mérite de bien former ses princes et princesses et quand on a connut un HASSAN II et son niveau intellectuel on est vite convaincu …
Beaucoup de marocains révent de ressembler à M6 au moins par sa discrétion ; sa gentillesse et son caractére éffacé .
Stupéfiante leçon de démocratie que tu me donnes en me reprochant de critiquer l’avis des autres, alors que tu te livres au même exercice à mon encontre.
Stupide raccourci que celui qui consiste à citer le cas de Chirac dont tout le monde se fiche éperdument.
En véritable démocrate tu ne vois, à ton tour, d’autre alternative pour Ali Amar que la prison ou l’inculpation et cet avantage serait à mettre sur le compte du régime. En fait, dans une réelle démocratie, ce serait plutôt la règle que chacun prenne la liberté de s’exprimer et d’écrire ce que bon lui semble sur tous les sujets y compris le roi, sa famille, ses amis ou encore le degré de salinité de l’eau de mer ou la cuisine marocaine sans crainte de représailles ou de censure.
Tu avances que l’on ne mange pas la bissara au sud du Maroc. Sans doute n’as-tu jamais souffert de privations, car tu saurais que le ventre n’est pas sectaire quand il a faim et que des centaines de milliers de marocains à travers tout le pays consomment, à l’instar de leurs compagnons de misère du nord, cette soupe parmi d’autres plats bon marché pour survivre.
Tout le monde connait la paresse légendaire des alaouites et M6 ne déroge pas à la règle. Comparer son niveau à celui de l’un ou l’autre des dictateurs minables qui gouvernent le monde arabo-africain ne nous fera pas avancer d’un iota sur chemin de la démocratie. Quant aux princesses, c’est effectivement un exploit que le niveau extrême qu’elles aient pu atteindre, soit dans le meilleur des cas, le bac, compte tenu de la quantité d’alcool, de hachich, de maajoun ou autres drogues qu’elles se sont administrées dès les premières années de leur adolescence.
Enfin tu cites le niveau intellectuel de Hassan II. Au royaume des aveugles le borgne est roi. Je préfère, quant à moi avoir une pensée compatissante pour tous ces jeunes marocains véritablement brillants et bardés de diplômes qui ont du s’exiler pour exercer leur talent parce qu’une bande de malfrats a fait main basse sur notre pays confisquant à leur profit et à celui de leurs suppôts toutes ses ressources.
Enfin, pour terminer, toi qui fais le panégyrique de notre roi des cancres, essaies seulement de lui apporter la contradiction et tu t’apercevras très vite que sa gentillesse et son effacement ne sont que pure simulation. Mais je te rassure, puisque tu sembles faire partie de l’entourage, l’hôpital est pris en charge, rubis sur l’ongle avec, à la clé des vacances aux frais de nous autres ………………… les consommateurs de bissara ou de harira si tu préfères.
Plus personne ne parle du livre de A. Amar . Etait ce seulement une campagne de " pub 3 bien orchestrée pour faire vendre le livre ?
Mohamed 6 est en France en ce moment . Pourquoi Bakchich n’irait t’elle pas l’interviewer ?
Le prince Moulay hicham n’as besoin ni de Amar ni d’autres petis cons pour étre crédible . Le prince a choisi volontairement de s’éxiler aux Etats-unies . C’est un homme d’affaires et il est trés lié à l’université de Princeton avec qui il collabore . Il est toujours resté trés digne et sage malgré que M6 l’est " débarqué " comme il dit souvent …
Le prince aime le maroc et sa famille royale et cela ne fait aucun doute . Le prince reste trés aimé et trés populaire au maroc vu que c’est le fils de Feu moulay Abdallah , l’oncle de M6 .
Un commentaire qui pue les méthodes des voyous du palais, et la façon d’assimiler tout contradicteur à quantité négligeable.
J’en ai autant à votre service, au nom de mes compatriotes épris de liberté.
On sait tous d’où le fils de Monsieur 51% tient sa fortune qui lui permet de se draper aujourd`hui derrière une façade d’honorabilité et de passer pour un homme d’affaires intégres.
Quant à aimer le roi et la famille royale, he he he !! pas folle la guêpe IZNOGOUD ! Après avoir voulu être roi à la place du roi, voilà qu’on se ménage une chance de retour et que l’on revendique une part du gros gros gâteau à se partager, avec des prétextes aussi bidon qu’une ville écologique. Comme si les Alaouites avaient déjà fait cadeau à qui que ce soit de quoi que ce soit qui vienne de leurs poches, elles-mêmes pleines de recel de décennies de rapines.
Le prince Moulay Hicham el Alaoui n’a jamais voulu étre à la place de son cousin M6 . My Hicham a seulement souhaité que le Maroc soit plus démocratique , plus ouvert , que le roi gouverne moins , que la constitution soit changée pour permettre au premier ministre d’étre plus indépendant et responsable devant le peuple et le parlement … ETC .
My Hicham est un progressiste et ses idées sont connues de tous . Il a méme été un peu bousculé par le makhzen ( laanigri , Ali Hima …) ce qui l’a conduit à s’éxiler quelques temps eux états unies . My Hicham revient réguliérement au Maroc pour voir sa famille . Le prince rouge a choisi sa voix et il est libre de le faire . Il fait du bon travail à l’université de Princeton et il a méme fait parti de staff de Jimmy Carter dans les balkans , il y a quelques temps .
Respect au prince rouge !
Ben voyons !!!
IZNOGOUD adooooooooooooooooore la famille royale et surtout le roi, s’il voulait bien partager avec lui un fragment de soupçon de ses pouvoirs et surtout le laisser s’enrichier et participer à la curée à laquelle se livrent tous les cousins, les cousines, les copins et les copines, après la mort de Hassan II.