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Comment se débarrasser de ses meilleurs fonctionnaires

UBU / samedi 29 décembre 2007 par Bertrand Rothé, Eric de Saint Léger
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Si elle était appliquée, l’indemnité de départ volontaire, mesure à l’étude pour réduire le nombre de fonctionnaires, aurait de nombreux effets pervers.

Et si, pour favoriser la mobilité dans la fonction publique, l’Etat accordait une indemnité de départ volontaire à tout fonctionnaire prêt à partir dans le privé et porteur d’un projet ? Encore à l’étude dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) publiée il y a quelques jours, cette mesure n’est pas pour autant une nouveauté. Déjà, en juin 2006, Jean Arthuis, ancien ministre des finances, en faisait l’éloge dans une interview au Parisien. Il assure même aujourd’hui sur son blog que certains fonctionnaires prêts à faire le grand saut devraient pouvoir bénéficier d’un pécule de plus d’un an de salaire ! De quoi laisser rêveur…

Ou songeur, si l’on mesure la difficulté qu’il y aura à convaincre les fonctionnaires les moins qualifiés. Les salaires dans le public sont, dans ce cas, supérieurs à ceux du privé. Si l’on ajoute à cela le risque lié au chômage des plus de 50 ans et le fait que près de 6 entreprises sur 10 font faillite au bout de 5 ans d’existence, nos quadras de la fonction publique, pourtant épuisés par la très mauvaise gestion des ressources humaines, risquent, malgré la prime, de ne pas sauter le pas.

Restent donc comme cible de cette mesure les plus diplômés et les mieux formés, ceux qui occupent déjà des postes à responsabilité dans les grands corps de l’Etat : énarques, polytechniciens… Sans oublier les commissaires de police débauchés par les grands groupes pour structurer leur pôle sécurité, ou rejoindre les sociétés privées de sécurité. Etant donné les salaires proposés dans le privé, l’indemnité de départ aura peu d’effet sur le désir de partir de ces heureux bénéficiaires. Selon les études récentes, 80 % des bénéficiaires d’une prime seraient, de toute façon, partis sans cette dernière.

Et les hésitants ? Certains vont pouvoir enfin réaliser leur projet professionnel : quitter l’Etat pour intégrer un cabinet privé anglo-saxons et travailler pour… l’Etat qui aura externalisé ce qu’il ne saura plus faire en interne faute de compétences. Le tout facturé à 1 500 euros, voire bien plus, la journée. Drôle d’économie !

Il ne faut pas oublier qu’au nom du principe d’équité et d’unité de la fonction publique le dispositif doit être étendu aux fonctionnaires hospitaliers. Or, dans ce domaine, il y a une pénurie d’infirmières, de médecins qui ont d’ores et déjà tendance à ne pas rester très longtemps dans le secteur public. Comme nos hauts fonctionnaires, ils profiteront de cette prime pour aller s’installer dans le secteur privé où leurs rémunérations, plus élevées, pèseront sur l’assurance maladie.

Les entreprises du privé qui se sont risquées à l’exercice s’en mordent les doigts. Alain Minc aimait à raconter, il y a quelques années que, lorsqu’il avait des responsabilités chez Saint-Gobain, il avait proposé une prime au départ ouverte à tous. Cet avantage n’avait intéressé que les plus compétents de ses cadres. Résultat, pour faire face à la fuite des compétences, le groupe avait été obligé de les réembaucher peu après avec des augmentations de salaires à la clé.

Cette mobilité vers le privé qui ne bénéficera qu’aux plus compétents risque d’amplifier l’appauvrissement de la fonction publique. Les universitaires qui travaillent, les plus compétents des fonctionnaires, ceux qui servent la collectivité, seront encore plus incités à quitter une fonction publique incapable de gérer leur carrière. Le discours dominant sur le faible investissement, la faible implication des fonctionnaires, s’en trouvera renforcé.

C’est fait. Quelques modifications.

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15 MESSAGES
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Forum

  • Comment se débarrasser de ses meilleurs fonctionnaires
    le mercredi 21 janvier 2009 à 11:11, Happyflower a dit :
    Je suis Agent de la Fontion Publique Territoriale et je demande l’application du décret du 17 avril 2008 qui fait l’objet de votre article. Or situation Ubuesque je veux partir je ne suis pas Haut Fonctionnaire mais simple Adjoint Administratif (catégorie C) donc je ne peux que faciliter le travail de ma collectivité de partir maintenant. D’ailleurs le Maire a accepter ma demande pour l’application du décret avec enthousiasme. Sauf, et il faut toujours un bémole dans nos administrations, notre autorité de tutelle : La préfecture du Cher ne donne toujours pas l’autorisation à la Mairie d’appliquer le décret. Or un décret applicable à la Fonction Publique d’Etat est applicable aux autres (hospitalière, territoriale…)sauf que les prefectures aiment bien rappeller aux Mairies qu’elles sont leur autorité de tutelle !!! En tous les cas je devais partir fin décembre et je suis toujours en fonction dans un poste qui n’existait pas (histoire d’attendre les formalités administratives comme on dit)Alors que faut il faire ? Même par transposition la Mairie ne veut pas se prendre un coup de bambou (ce qui ne les a pas trop géné à multiples occasion). Notre Maire est un grand amie de MAM va-t-il lui demandé de secouer le cocotier de notre Préfette ? Et moi dans tout ça comment pensez vous vivre l’évenement psychologiquement ?La suite au prochain numéro… si je ne suis pas morte.
  • Comment se débarrasser de ses meilleurs fonctionnaires
    le vendredi 3 octobre 2008 à 17:50

    Si un service ou une activité est externalisable, c’est qu’il ne fait pas directement partie des fonctions régaliennes de l’état.

    On peut prendre en exemple un service informatique de l’administration dont le chef a fait sciences po et de la criminologie… c’est bien, il a une tête bien remplie, mais bon… si il ne sait pas faire la différence entre un serveur et un climatiseur, ça avance à quoi ?

  • Comment se débarrasser de ses meilleurs fonctionnaires
    le dimanche 3 février 2008 à 00:54, triste maroc a dit :
    au maroc comme c’est le supérieur hiérarchique qui signe l’accord de départ volontaire et comme c’est la corruption qui règne dans l’administration au maroc, le demandeur de départ volontaire contracte un crédit perso pour corrompre son boss qui lui signera son départ. ça se passe comment chez vous au juste ce genre de choses ?
  • Comment se débarrasser de ses meilleurs fonctionnaires
    le samedi 12 janvier 2008 à 03:39
    Il y aurait même d’autres solutions, au cas où le métier exercé n’existe pour ainsi dire pas dans le secteur privé (dans mon cas, bibliothécaire) : profiter de ce petit pécule pour s’installer à l’étranger. Le Québec recherche activement des jeunes francophones ces temps-ci…
  • Comment se débarrasser de ses meilleurs fonctionnaires
    le jeudi 3 janvier 2008 à 22:27, Zenobie a dit :
    Désolée pour Ubu mais où est la faute d’orthographe incriminée ?? Pour revenir aux hôpitaux, pas besoin de prime : déjà, les médecins spécialistes commencent à faire défaut, du moins au regard du nombre de structures hospitalières publiques et privées qui recrutent et la tension se fait sentir. En tant que médecin hospitalier, je viens d’être contactée à 2 reprises dans les 2 dernières semaines, par un cabinet de chasseurs de tête et ce, au titre de mes 2 spécialités !! Déjà, les anesthésistes et d’autres ont l’embarras du choix à la fin de leur formation et la plupart se laissent séduire par les rémunérations promises dans le privé (15 000 Euros par mois contre 3 000 au mieux pour un hospitalier débutant) : pour eux, il n’y a pas photo et les hôpitaux vont très vite devoir se poser les bonnes questions. Ou bien fermer certains services ou bien embaucher massivement des praticiens originaires de l’étranger (beaucoup en provenance des pays de l’est à l’heure actuelle) avec une formation parfois un peu légère au regard des exigences universitaires françaises (2 ans de formation de spécialiste au lieu de 4 ou 5 en France…). Alors, si prime il y a, la réponse est assurée dans quelques années. Il fallait restructurer le tissu hospitalier public français, cela aurait pu (et dû) être fait de façon intelligente et cela se fera sans doute par le biais de l’appât du gain qui n’a pas forcément à voir avec la bonne organisation des soins pour répondre aux besoins de santé de la population… Dommage…
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