Quick, arrêtez d’en parler, faites le

Ces derniers temps si vous allez au cinéma, vous verrez peut-être une publicité de Quick. C’est vrai que les fast-food n’ont pas la cote ces dernier temps.

Parmi les multiples attaques auxquelles doit faire face la restauration rapide, le rapport de l’Inspection Générale des Finances et de l’Inspection Générale des Affaires Sociales fait date. En 66 pages, il fait une synthèse sérieuse des études sur « la mal bouffe ». Publié en juillet, il conclut que face à l’augmentation de l’obésité, dans certaines conditions, il est possible de modifier les comportements des consommateurs par un système de malus.

De plus en plus cher et très mauvais pour la santé

Les fast-food sont mis en cause, tout au long du rapport. Soit indirectement, par la synthèse des études qui conclut systématiquement sur trop d’alcool, mais aussi trop de gras et de gras saturé, trop de sucré, trop de salé. De quoi couper l’envie, les soirs de solitude, de fréquenter les néons de Mac Do, Quick et consort, avec leur menu ; salé, gras, sucré à 6 euros. Mais aussi et surtout de résister à la pression des enfants. « L’obésité survient plus tôt dans la vie ».

Ce n’est pas tout. Un chapitre est consacré à la restauration rapide. C’est la seule fois que le rapport nomme précisément un acteur de l’agro-alimentaire. Ce privilège est du à « l’accent mis par les experts de l’OMS sur le caractère probable des liens entre l’obésité et les points de vente de " fast-food " ».

« La mission s’est (donc) attachée à recueillir des données récentes sur… la restauration rapide en France ».

Et là on en apprend de belles. Le constat est alarmant. «  Les données des enquêtes annuelles d’entreprises de l’INSEE font apparaître l’évolution contrastée du chiffre d’affaires de la restauration rapide par rapport à la restauration commerciale dans son ensemble au cours de la période récente : entre 1998 et 2006, la progression des prix de la restauration rapide a été de +27,6%, soit bien plus élevée que l’inflation générale (+14,2%) et cette hausse s’est cumulée avec une évolution en volume très forte (+25,8%) ». En deux mots, les Français consomment de plus en plus d’hamburgers malgré des prix qui ne cessent d’augmenter.

Face à ces déclarations citoyennes de nos deux hauts fonctionnaires, et leur proposition de taxer la « mal bouffe », les marques devaient réagir. C’est la fonction de la pub que d’occuper le terrain.

Quick en parle

Le film de Quick est bucolique. Loin des aires d’autoroutes et des drive-in, on suit un papillon. Pourquoi pas après tout ? C’est agréable. Au ras des herbes, l’insecte survole un champs vert normand. La caméra évite les pâquerettes pour rejoindre un couple de retraités au pied d’un arbre. À ce moment, l’enseigne de fast-food nous annonce tout de go qu’elle préserve l’environnement « depuis longtemps ». C’est parti.

Papi arrête de lire son journal. La démonstration est claire, Quick s’adresse aussi aux hommes cultivés. Le retraité pioche du bout des doigts quelques frites dans la barquette de son épouse. Souriante et sûrement consciente de la présence de la caméra, elle ne lui fait aucune remarque sur son cholestérol. La voix-off fait remarquer que « Quick propose des frites sans sel ».

Le papillon poursuit son voyage, il monte dans l’arbre. Là, il croise un premier couple puis un second. Ce sont des cadres. La femme est une belle métisse souriante, assise sur sa branche, elle travaille à la réussite de son entreprise un ordinateur sur ses genoux. L’homme en face d’elle (un blanc) est au téléphone. On sent une grande complicité entre eux. La même voix suave et masculine nous annonce que « Quick offre des carrières à ses collaborateurs ». Comprenez que le restaurateur ne contentera pas de vous payer au smic dans ses restaurants. Certains chanceux travailleront au siège. Etc… Le tout pour terminer sur un arbre généalogique durable.

Génial. Voilà donc une marque citoyenne qui « préserve », « donne du travail », « propose des frites sans sel », bref qui agit. Sauf que…

Sauf, qu’elle ne fait que parler d’équilibre alimentaire. « Parler » seulement ? Oui « Parler d’équilibre alimentaire », c’est tout. Noyé dans tous ces verbes d’action l’auditeur ne fait attention.

Quick ne fait que « parler d’équilibre alimentaire ». Son sandwich Long Chicken procure 103 % de la ration journalière en sel d’un enfant de 8/12 ans.