A Marseille, l’heure est à la paix des braves entre le maire UMP Jean-Claude Gaudin et le président du conseil général socialiste Jean-Noël Guérini. Histoire de taire d’encombrantes affaires…
Il n’est pas de fêtes de fin d’années sans cadeaux. La trêve des confiseurs prévaut aussi dans la plus belle ville du monde, Marseille, et même dans des milieux où l’ordinaire n’est pas à la franche camaraderie. A l’instar de la politique.
Mais quelques mois avant les régionales, le bon maire de la ville Jean-Claude Gaudin a enfilé le rondouillet costume de Père Noël. Une semaine avant le réveillon, soit le 18 décembre, l’édile s’est invité à la dernière séance plénière de Marseille Provence Métropole, la communauté d’agglomération marseillaise (Cum).
Une assemblée qui présente la particularité d’être à majorité de droite, mais présidée, suite à un joli coup, par le socialiste Eugène Caselli.
Un peu empêtré dans le scandale des ordures et de l’incinérateur de Fos-sur-Mer, deux dossiers inscrits à l’ordre du jour de la séance du 18 décembre, le brave Eugène, mis en place par le boss des socialistes locaux Jean-Noël Guérini, a senti la houle venir. Lou ravi de la droite marseillaise, Renaud Muselier, a même souhaité mettre en minorité le garçon à l’occasion de ces deux votes, et reprendre la présidence de l’assemblée qui lui était promise en 2008.
Heureusement, petit Papa Gaudin est venu calmer ses troupes et les a enjointes à l’abstention. Un joli cadeau pour Caselli, un signe envers les Guérini qu’il souhaite ménager et une nouvelle baffe pour Muselier. La Pax Ordura en marche.
Au moins jusqu’au printemps, quand le budget de la Cum sera voté… "J’ai déjà pris mes places, prévient un élu rose d’impatience, ce sera encore mieux qu’à l’opéra".
D’autant que quelques chants judiciaro-politiques devraient reprendre d’ici le printemps, ses élections régionales et donc le vote du budget de la communauté urbaine.
En cours, toujours, le dossier des subventions détournées du Conseil Général et du Conseil Régional vers des associations fictives. Humant des relents de clientélisme dans les quartiers nord de la ville, le juge Franck Landou a choisi d’attendre avant de s’offrir des petits cadeaux : la convocation des politiques cités dans le dossier. Au premier rang desquels Samia Ghali et Sylvie Andrieux, les sœurs ennemies du PS local, toutes deux anciennes vice-présidentes de la région.
Autre dossier à dépaqueter, l’instruction menée par le juge Duchaine pour trafic d’influence sur plusieurs marchés publics du conseil général et de la communauté urbaine, notamment les appels d’offres liés aux ordures. Neuf mois d’écoutes à démêler et deux camions remplis par les perquisitions aux siège du conseil général, dans les locaux de la CUM, au domicile et sur le lieu de travail d’Alexandre Guérini, frère du président du conseil Général Jean-Noël dit Nono, et croque-mitaine de la politique local.
Autant de présents à déballer qui expliquent sans doute qu’aucune mise en examen n’ait encore été prononcée, ni aucune garde-à-vue menée. "Avec les gendarmes, ils enregistrent seulement des déclarations spontanées au moment des perquisitions, persifle une mauvaise langue du Palais de justice, le juge ne veut pas qu’un avocat touche au dossier".
Jean-Noël Guérini tient d’ailleurs ses baveux prêts. Nono a fait voter à son conseil général une décision l’autorisant à engager des poursuites contre la presse qui parle des affaires…et un budget pour payer ses avocats. Si tant est que le préfet lui fasse la fleur du contrôle de légalité…
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